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NOTHING BUT NOISE: Existence Oscillation (possible) Future (2018) (FR)

  • Writer: Sylvain Lupari
    Sylvain Lupari
  • Apr 27, 2018
  • 5 min read

Updated: Aug 29, 2019

“Audacieux et mélodieux, hypnotique et séduisant, ce dernier opus de Nothing But Noise figure déjà en tête de ma liste du plus bel album de 2018”

1 NO wave Suite 19:31 2 745 Sekunden 12:25 3 Gott Der Götter 25:37 4 Der Himmel über ... 14:02 NBN Music (CD/DDL 71:35) (Dark Psybient & Berlin School)

Faut admettre que le nom peut intimider les oreilles les plus aventureuses! Nothing But Noise!

Ce projet musical rassemble 2 compagnons de Front 242, un groupe de musique industrielle Belge qui a connu ses moments de gloire dans le courant de New Wave des années 80 et 90 et qui a cessé ses activités à l'aube des années 2000. Daniel Bressanutti et Dirk Bergen, qui avait quitté le navire peu après la parution du premier album Geography en 1982, forment NBN en 2012 avec un premier album qui surprend le milieu artistique avec une forme de musique ambiante dont la souche de musique industrielle flotte avec ses milliers de prismes bruiteux. Tout le contraire de la musique énergique de Front 242! EXISTENCE OSCILLATION (possible) FUTURE est le 3ième album d'une possible trilogie amorcée en 2016 avec eXistence Oscilla+ion. Le titre donne d'ailleurs le ton à la figure de style où de multiples lignes oscillatrices forgent un panorama sonore qui permet d'accueillir ainsi une musique d'ambiances tant méditatives que fougueuse où les oreilles sont constamment sur le qui-vive. NBN dit puiser ses influences aussi loin que dans les textures de l'ex bassiste de Can, Holger Czukay, un des pionniers de la technique d'échantillonnages, et Jean-Michel Jarre, tout en étant très collé sur les banques de sons de la BBC (la Library Music) et les atmosphères iodées de Klaus Schulze. Ce sont principalement ces influences qui s'étendent sur un album qui est de plus en plus séduisant et de plus en plus percutant au fil de sa découverte.

NO wave Suite nous amène tout de go dans l'univers particulier de NBN avec des battements sourds dont les vibrations organiques et les effets d'échos structurent le rythme clanique d'une tribu isolée dans un univers de psychédélisme. Les percussions ajoutent à la lourdeur alors que des lignes réverbérantes rugissent comme des éléphants qui courent dans les plaines de ce même univers. Appuyée par des signaux pulsatifs d'une lourde basse, le rythme teste à merveille votre caisson des graves tout en inondant votre salle d'écoute de filaments réverbérants sombres et fascinants. C'est ainsi que se passe les premiers moments d'EXISTENCE OSCILLATION (possible) FUTURE. NBN presse le citron en extirpant une avalanche de sons où se cachent des nappes de voix anesthésiantes et des arpèges bien juteux qui grelottent devant la puissance des percussions et des effets réverbérants. Visiblement épuisée, l'introduction atténue son éruption sonique en empruntant un passage ambiant où les bruits blancs et autres effets électroniques émiettent leurs tonalités dans des effets de lassos réverbérants qui sifflent comme si un géant cherche à capturer le néant. Gorgé de bruits et de voltage psychédélique, la 3ième partie du titre émerge autour de la 11ième minute avec une ligne de basses pulsations moins vigoureuse que l'introduction et des ondes de synthés qui flottent avec des mouvements alternatifs. Les influences de Jean-Michel Jarre se font entendre ici avec ces ondes oscillatrices qui valsent de façon contiguë en symbiose avec les battements de basse et qui attachent aussi le premier mouvement mélodique de cet album. NBN se sert de toutes les secondes au cadran afin de bien exploiter les limites des 4 longs titres qui meublent sa capacité de stockage.

L'introduction de 745 Sekunden est comme ces reflets scintillants d'une eau limpide qui brillent au soleil. Le courant amène ces prismes sonores, qui miroitent avec une nette vélocité, vers une ligne de basses séquences dont les arcs oscillatoires sautillent fébrilement sous des chants spectraux et des bancs de bruines. L'approche est quasiment harmonique. Différentes lignes et nappes de différentes couleurs se greffent à cette valse de fluides oscillations aussi rythmées que mélodieuses. Ces 7 minutes d'intensités et de bouillonnements se jettent dans une phase d'ambiances où vivent des pulsations recluses et des battements épars. L'écho de ces battements joue d'ailleurs des tours à notre ouïe. La première fois, je pensais qu'il y avait vraiment quelqu'un qui marchait dans la maison…Des cerceaux sonores se forment au travers ces éléments percussifs, amenant Sekunden vers une finale encore plus tonitruante que les moments les plus féroces de cet album. Mis à part les plus fous de Der Himmel über ...

Daniel Bressanutti et Dirk Bergen admettent aussi Kraftwerk et Tangerine Dream comme moteurs d'inspirations et cela s'entend dans le monumental Gott Der Götter. Construites ni plus ni moins sur le même principe que le célèbre Autobhan de Kraftwerk, les 25 minutes de ce titre emprunte un virage minimaliste avec un débit rythmique qui roule et oscille en boucles motoriques, permettant au duo d'ajouter de superbes nappes flottantes très Jarre, un flot d'effets électroniques qui font très Pink Floyd et Klaus Schulze, des bruits qui sont en harmonie avec la forme de quiétude de la musique et des riffs de synthé qui sculptent des bribes d'une mélodie de la Düsseldorf School. Les riffs de synthé qui coulent comme de l'eau à travers des dizaines de roches et les subtilités dans le débit des séquences, roulant comme des billes folles sur un convoyeur face à ce rythme étalé sur de filiformes boucles oscillatrices, donnent de la sublimité à ce long titre minimaliste qui en aucun moment ne frôle un état d'hypnose. Splendide et grandiose! Jouant sur le même principe de dynamiste motorique rythmique, Der Himmel über ... flirte dangereusement entre le supportable et son contraire. Armé de séquences grasses qui résonnent en rebondissant, le titre avance avec le même entêtement que Gott Der Götter, mais dans une autre forme. Lorsque les riffs tombent et qu'une dévorante passion sonore suit une avalanche de percussions par une injection massive d'effets saccadés, la musique devient moins subtile et plus agressive. Un peu comme une musique de film d'horreur qui maquille des scènes disgracieuses, la musique suit ses passions et ses folies, donnant un timbre plus caustique à cette accentuation émotive qui mange carrément une musique qui surfe sur deux eaux jusqu'à sa finale assez chthonienne. J'ai trouvé ça très intense mais tout de même assez acceptable. Mais une chose demeure certaine; mes oreilles ont fait la découverte d'un superbe album qui démontre hors de tous doutes que la MÉ rayonne de mille feux au royaume de Syndromeda.

Solide dans tous ses aspects, et il y en a beaucoup, EXISTENCE OSCILLATION (possible) FUTURE est un coup de cœur et sans nul doute le plus bel album à allier les fondements de la vieille MÉ et le mouvement du rock progressif Allemand des années 60-70. Audacieux et mélodieux, hypnotique et séduisant, ce dernier opus de Nothing But Noise est déjà en tête de liste pour le plus bel album de 2018! Allez-y et régalez vos oreilles! Sylvain Lupari (27/04/18) *****

Disponible au Nothing But Noise Bandcamp

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