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Writer's pictureSylvain Lupari

OLIVIER BRIAND: Random Control (2013) (FR)

Random Control est un album brillant avec des rythmes et des harmonies qui tissent un fascinant univers de MÉ

1 Andernos Dreams 9:35

2 Random Control Part I 9:51

3 Random Control Part II 7:58

4 Random Control Part III 7:53

5 Modular Xpérience Part I 5 :01

6 Modular Xpérience Part II 6:26

7 Modular Xpérience Part III 8:51

8 Modular Xpérience Part IV 9:49

(DDL/CD-r 65:24) (V.F.)

(Experimental EM)

Des bruits. Des sons. Beaucoup de bruits et beaucoup de sons. Des gazouillis électroniques, des torsades et râlements ronflants, des courbes iridescentes et palette de tonalités aussi éclectiques qu'allégoriques. Derrière le bruit et la cacophonie des machines, il y a la musique. Suffit juste de pousser l'audace de l'écoute un peu plus loin que chez les autres pour découvrir les joyaux de Olivier Briand qui se terrent comme des perles dans les plus farouches des huîtres. Prenons exemple sur Andernos Dreams. Après une intro où les synthés régurgitent un trop plein de tonalités alambiquées, une belle ligne de séquences émerge pour faire osciller ses ions sauteurs en un rythme vacillant. Un rythme zigzagant avec deux lignes entrecroisées qui se frottent et se dépassent sous l'égide d'un synthé aux solos aussi harmoniques qu'un certain Tangerine Dream de la période The Keep. D'ailleurs l'analogie avec le Dream chatouille nos oreilles derrière cette panoplie d'approches expérimentales. L'ambiance est suffocante avec ses synthés qui tantôt chantent, tantôt grognent sous une approche rythmique noyée par un torrent de gerbes synthétisés. Sauf que l'exemple de la musicalité versus la cacophonie paraît bien pâle lorsque l'on croise la saga de Modular Xpérience.

Les râles d'un vocodeur percent la dense nuée de tonalités bigarrées qui étouffent l'intro de Random Control Part I. Les synthés crachent des ondes menaçantes sur un langage informatique avec de lourdes nappes résonnantes dont la brillance sonore irradie les approches cosmiques de Jean-Michel Jarre. Une ligne de séquence harponne le délire cosmique de Olivier Briand, tissant l'embryon d'un rythme usé qui palpite dans une foire électronique où le bruit indispose les manèges. Et ainsi se transpose la douce cacophonie de Random Control Part I qui déverse son hyperactivité statique jusque dans les premières minutes de Random Control Part II qui offre un très beau, et surprenant, mouvement de séquences entrecroisées qui zigzaguent en un doux rythme hypnotique. Le rythme est soyeux, à la limite poétique. Comme des petits cailloux tombant avec une étonnante précision, le rythme de Random Control Part II poinçonne l'ambiance de ses délicates touches qui dansent et dansent dans des nappes de synthé brumeuses, rappelant le lyrique univers orgasmicosmique de JMJarre. C’est très bon. Et alors que l'on se cale dans le fauteuil pour embrasser ces nappes, les lignes de séquences forgent un rythme harmonique que l'on avait oublié sur les banquises des brumes cosmiques. Ce sont de superbe minutes d'un ballet électronique qu'Olivier Briand dessine pour nos oreilles alors que tranquillement Random Control Part II se fond au superbe Random Control Part III et sa belle petite mélodie sibylline qu'un synthé sifflote en moulant un agréable ver d'oreille. C’est très français, je pense à Thierry Fervant, tout en ayant une petite touche diabolique qui siérait bien à un film du genre Halloween.

Modular Xpérience est la pierre angulaire de cette œuvre qui enchevêtre à merveille l'ambiant, l'expérimental, les rythmes et les harmonies. Modular Xpérience Part I offre une intro cosmique, électronique et très ambiosphérique. Une ligne de séquence fait naître Modular Xpérience Part II d'un rythme furtif qui va et vient, monte, descend et dérape sur une autoroute électronique truffée de percussions égarées, éclairée de tonalités irisées et engoncée de voitures fantômes. Le rythme et l'ambiance sont très Teutoniques et très près de l'école de Düsseldorf. Le bijou éclate dans Modular Xpérience Part III et son souffle de Mellotron qui tisse une flûte enchantée perdue dans l'abstrait. Une flûte au goût de brume qui refait surface, chassant les démons de l'insoumis pour faire siffler un synthé charmeur d'une mélodie spectrale qui rôde comme une âme de TD à travers la turbulence des séquences et gargouillis électro-cosmiques. Alors que tranquillement Modular Xpérience dérape vers l'inconnu, cette mélodie charme les sens. Étouffé dans une mélasse de tonalités statique, on l'entend renaître dans une forme translucide pour se perdre dans les remous des bruits iconoclastes d'une finale arrache-cœur qui débauche l'intense cacophonie ambiosphérique de Modular Xpérience Part IV. Là où même le chef d'orchestre a perdu le contrôle de sa musique qui se défile à la dérobade sous les tic-tacs d'une horloge qui a volé le temps.

Plus exploratoire que Transparences, RANDOM CONTROL est un album brillant avec des rythmes et des harmonies qui trépassent et renaissent de l'abstrait afin de tisser un envoûtant univers où les parallèles ne peuvent coexister sans leurs discordances. Les oreilles nous grincent comme ils en redemandent. Les séquences et leurs cheminements rythmiques sont tout simplement des agaceurs d'oreilles alors que les synthés aux arômes Jarriennes et Dreamiennes tissent des ambiances et des mélodies qui nous réconcilient avec la cacophonie des astres et les chants des désastres.

Sylvain Lupari (16/07/13) ***½**

Disponible au PWM Distrib

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