top of page
  • Writer's pictureSylvain Lupari

Parallel Worlds Plector (2022) (FR)

La musique ici couvre un large éventail des genres, peu importe les réponses de ses ambiances

1 Plector 5:26

2 Shapes 5:54 3 Angles 6:34 4 Atmoform 5:09 5 Dysfunction 5:49 6 Dark Machinery 5:24 7 Intensity 5:44 8 Harmonic Pathways 4:08

(CD/DDL 44:21)

(Organic Dark EM)

Même si assez souvent la musique de Parallel Worlds est un défi en soit, je suis devenu un fan avec les années. Et quoi de mieux qu'un album réalisé chez DiN et masterisé par Ian Boddy, qui semble être le seul à capter l'essence de la musique que Bakis Siros compose sur la frontière des ténèbres, pour débuter votre découverte de cet univers sonore des plus particuliers? PLECTOR est le 3ième album solo que le musicien Grec réalise sur le label Anglais. Et c'est sans doute un de ses plus accessibles avec ce mélange de rythmes résonnants à la Arc, qui bordent les frontières de l'Électronica, et de structures pas nécessairement trop ambiantes, dont le superbe Harmonic Pathways, dans des phases bruitistes qui sont les sources des multiples possibilités des synthés modulaires. C'est littéralement 45 minutes de pure plaisir tonal qui accapare nos oreilles dès que la pièce-titre inonde nos écouteurs ou arpente les murs, le plafond et le plancher de notre salle d'écoute.

Les premières brises de PLECTOR sonnent comme des souffles poussés à l'intérieur d'un tube de métal. Ces souffles bourdonnent dans un ciel sonore obscurcit par un nuage vrombissant, d'où émerge une fascinante structure de rythme amphibien. L'écart entre les pas des basses pulsations caoutchouteuses de Plector est rempli de matières tant organiques qu'ectoplasmiques visqueuses, créant l'effet d'une structure continue qui ondule comme un gros lombric sonore venant de manger deux fois son poids en nourriture sonique. Des pschitt-pschitt percussifs et autres bruits de synthé modulaire ornent ce downtempo vampirique qui continu de ramper sous les obsédantes harmonies d'un synthé sous le signe de sirène quasi apocalyptique. Une ligne de réverbérations serpente l'ouverture de Shapes qui, dès la 30ième seconde, laisse partir une structure de rythme qui ondule comme un hip-hop au pays de gnomes écarlates. Le mouvement est à la limite d'une malaisante sensualité et se balance dans une ambiance où l'écho du soufre fait répercuter les effets percussifs. Le synthé lance un fabuleux chant berbère après la 4ième minute qui épouse à merveille les courbes du rythme. Angles propose un rythme pulsatoire résonnant. Le mouvement est lent, quasiment coulant, avec l'ombre d'une ligne de basse ondulante qui est ténébreuse et élastique. Elle fait vibrionner un nuage de bruits-blancs à chaque coup que le rythme encaisse. La structure est alanguie et regorge de tous ces petits trésors de tonalités organiques inné à l'utilisation des synthés modulaires. Le synthé sculpte une étrange mélodie envahissante qui vacille comme une flamme sonore sur une faune de fils grouillant comme des invertébrés soniques. Atmoform est une lugubre symphonie de bourdonnements aux teintes autant célestes que diaboliques. Nous sommes dans l'antre d'une musique d'ambiances ténébreuses qui cisaille les tympans.

Après ce court intermède atmosphérique chtonien, l'ouverture de Dysfunction fait entendre des respirations remplies de matières réverbérantes qui vibrionnent dans l'écho du vide. Il n'y a pas 30 secondes au compteur que déjà le rythme se met à onduler dans une structure qui s'apparente à celle de Shapes, mais avec plus de lourdeur et de fluidité. Le rythme est cerné par les bruits créatifs de Bakis Sirros qui sculpte aussi ici une mélodie berbère fondue dans une tonalité qui flirte avec celle d'un vieil orgue Hammond. Ça fait très psychédélique des années 70, sauf que la faune sonore des années nous ramène au psybient moderne. Un excellent titre avec une vision mélodieuse qui obsède les sens! Mi-ambiant et semi-rythmique, Dark Machinery s'amène en faisant résonner le poids de sa lente procession, et de son air d'enterrement, au-dessus des lourds fracas métalliques restitués par de violentes collisions percussives. L'ouverture atmosphérique de Intensity nous sort littéralement du contexte noir industriel de PLECTOR avec une vision quasiment paradisiaque. On y entend même des oiseaux fredonner dans les bruines d'une chute de bourdonnements mécaniques. Cette illusion se dissipe au bout de 30 secondes pour faire place aux balbutiements d'une ossature rythmique spasmodique. Divers éléments de percussions structurent un lit grouillant d'un rythme statique, alors que la principale ligne de mélodie défile par saccades intermittentes, créant ce parfait désaccord harmonique entre le rythme bouillonnant et sa mélodie bégayante. Je vais juste citer la guide de presse de DiN afin de décrire le paysage Enoesque de Harmonic Pathways. Un véritable bijou de musique d'ambiances méditatives où les ténèbres de PLECTOR flirtent avec les cieux de Brian Eno.

La musique dans PLECTOR couvre un large éventail des genres, peu importe les réponses de ses ambiances. Au fil des ans, Parallel Worlds a stylisé son propre esthétisme musical avec une pléthore d'effets sonores qui donnent cette savoureuse texture organique comme ectoplasmique à une musique composée à cheval sur les limites des enfers. PLECTOR n'est pas plus différent, si ce n'est que Bakis s'amuse à jouer sur les frontières d'une Électronica noire et d'une England School aux lentes structures toutes aussi sombres. Son plus accessible à date!

Sylvain Lupari (10/12/22) ****½*

Disponible au DiN Bandcamp

(NB : Les mots en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

320 views0 comments

Recent Posts

See All
bottom of page