“La musique de O'Hearn est unique et ses mélodies sont simplement magnétisantes”
1 At First Light 5:40 2 Beauty in Darkness 4:37 3 Unusual Climate 4:35 4 Life along the River Vaal 4:50 5 Ancient Dreams 6:07 6 Malevolent Landscape 4:53 7 Last Performance 1:54
Private Music – 1201
(CD 32:27)
(Synth-Wave, Down-Tempo, Ambient)
Ancien bassiste de Frank Zappa et claviériste de Missing Persons, Patrick O'Hearn a atterri dans les sphères de la MÉ avec un surprenant premier album. ANCIENT DREAMS avait déjà une notoriété, et ce dès sa sortie, puisqu'il provenait de la nouvelle écurie de Peter Baumann, ancien membre de Tangerine Dream, Private Music. La presse américain, en manque de connaissance artistique sur le territoire de la MÉ, cataloguait alors l'univers de Patrick O’Hearn comme étant du New Age. Je n'ai jamais été en accord! En fait, on n'a jamais trouvé la bonne étiquette pour qualifier l'originalité du bassiste de Los Angeles. Je dirais que sa musique est aux antipodes du free-jazz et d'une musique tribale avec un fort penchant pour une vision cinématographique avec des structures ténébreuses et dramatiques. Une musique aussi unique que sa tonalité et son romantisme noir. Un romantisme à peine décelé sur ce premier album mais que l'on découvrira un peu plus avec Eldorado et Indigo.
Des percussions suspendues dans la nuit rencontrent de fins accords de clavier et At First Light initie cette étonnante faune sonore qui supporte les rythmes polymorphiques d'ANCIENT DREAMS. Sans rythmes et sans tracés mélodieux précis, At First Light évolue dans des sphères musicales imbibées de paradoxes et de fragments harmonieux tintant et résonnant parmi une panoplie d’éléments percussionnistes et de soudains spasmes musicaux qui éclatent sous des notes de basses ondulantes et des tic-tacs un brin hypnotiques. Plus précis, Beauty in Darkness est la première mélodie à émerger de l'univers de Patrick O'Hearn. Et encore là le rythme est aussi ambigu avec ses percussions de style tablas qui tracent un envoûtant rythme tribal. Une approche rythmique qui deviendra la signature d'O’Hearn. Le jeu des synthés est tout en nuance. De souffles flûtés à des tonalités de voix célestes, ce synthé structure une approche harmonieuse qui sillonne des éclats rythmiques spontané mais tout de même assez harmoniques, poussant Beauty in Darkness vers une finale un brin dramatique. Unusual Climate épouse un rythme difficilement cernable. Légèrement saccadé et à peine explosif, il frétille dans une étonnante faune de percussions. Des percussions riches en frappes et tonalités éclectiques qui pétillent et encadrent un synthé lié à un doux filet lyrique et harmonique. C'est un titre au rythme particulier, tout comme Malevolent Landscape et son gros Be-Bop arqué sur des percussions aux riches tonalités de verres et son rythme qui avance à pas de loups.
Un peu dans la même veine que la pièce introductive, Life Along The River Vaal est tout simplement superbe avec son étrange approche rythmique où de brusques fracas symphoniques et dramatiques ainsi que la légèreté des harmonies, crées par des synthés suaves et des accords de guitare, fusionnent en un étonnant paradoxe mélodieux. La pièce-titre est le premier titre du répertoire de Patrick O'Hearn à m'avoir séduit. Et pour cause! De graves accords de piano sautillent et entraînent un étonnant synthé aux souffles célestes. Des voix d'anges soufflent une très belle mélodie intemporelle que des percussions déchirent à grands coups de roulements. Tout le contraire du synthé et de sa présence symphonique apaisante. Construit avec une vision de crescendo, Ancient Dreams évolue avec une intensité dramatique et multiplie les frissons et les soupirs de l'âme. Simplement beau! Sombre et mélodieux, Last Performance est une courte ballade qui conclût ce premier rendez-vous, assez court je dois dire, avec l'univers hétéroclite de Patrick O'Hearn.
Avec ses rythmes ambigus et ses mélodies éparpillées dans une riche faune de percussions, ANCIENT DREAMS peut sembler difficile à apprivoiser. Mais la découverte vaut le coup. Sa musique est unique et ses mélodies sont tout simplement envoûtantes. Comme moi, vous allez craquer pour la pièce titre, ensuite pour Beauty in Darkness et le reste suivra. C'est comme découvrir un univers féérique derrière une forêt aux mille mystères sonores.
Sylvain Lupari (08/11/11) ***½**
Comments