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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Paul Ellis Five Bliss Machines on the Infinite Stage (2022) (FR)

Personnellement,je ne me souviens pas d'avoir entendu une œuvre aussi intense de Paul

1 A Universe is a Cell which is a Universe 18:46

2 Little did he Know 11:34

3 Five Bliss Machines on the Infinite Stage 18:33

4 Stars end Canon 15:47

5 Ebb and Flow 13:21

(CD/DDL 78:01)

(Berlin School Ambient Music)

Voici le 4ième album que Paul Ellis a apposé son nom en 2022. Unbroken Spirit, avec Jared White, partait le bal en février. Puis vinrent Pulse Width et Panoramas CD III en mai. Dernièrement, l'excellent, et une des très belles surprises en 2022, Clouds and Terrain avec Pabellón Sintético venait chatouiller nos oreilles. Et voici que FIVE BLISS MACHINES ON THE INFINITE STAGE, 3ième album de Ellis produit par Groove nl en 2022, termine cette année productive du musicien américain sur une note aussi fascinante que séduisante. Ce que le musicien propose ici est rien de moins qu'un très bon Berlin School enveloppé des uniques atmosphères de cet artiste qui parvient à mettre en musique ses imprenables panoramas du nord-ouest Pacifique des États-Unis, tout près du Mont Saint Helens, endroit où il habite et où il abreuve son inspiration. D'ailleurs, le titre est inspiré par les 5 sommets de la chaîne de montagnes des Cascades, qu'on peut admirer sur la photo de la pochette arrière du CD. D'entrée de jeu, Paul me redirige vers la chronique que j'ai rédigé à propos de Clouds and Terrain où j'écrivais que Pabellón Sintético avait eu l'ascendant sur lui par rapport aux structures de rythmes. Le natif de l'état de Washington me corrige et me fait plutôt remarqué que d'avoir travaillé avec Jared White et Pablo Bilbao lui a inspiré ce goût de rythmes qu'on retrouve dans ces albums et, contrairement à ce que je croyais, que c'était plutôt lui qui a structuré la majorité des rythmes sur ces albums. Plus particulièrement sur Clouds and Terrain. Et c'est bien senti sur ce FIVE BLISS MACHINES ON THE INFINITE STAGE où nous sommes dans le royaume du nouveau psychédélisme électronique ainsi que de la musique électronique (MÉ) raffinée, hypnotique et apaisante. De l'art pour les oreilles sur 5 longs titres avec des séquences de rythme aussi fascinantes qu'improbables qui sont finement élaborées sur de belles et longues structures magnétisantes, même si les paradoxes se rencontrent à chaque nouvelle identité. Personnellement, je ne me souviens pas d'avoir entendu une œuvre aussi intense de Paul Ellis.

A Universe is a Cell which is a Universe est typique du répertoire Ellis avec une faune sonore et une tension musicale qui visse nos oreilles à nos écouteurs. Nos sens sont en alerte et sont littéralement séduit par cette structure de rythme ambiant qui fusionne à merveille les musique progressive et électronique des années 70 dans une tonalité plus contemporaine. Des brises de brume un peu difformes, des lignes de synthé qui ondoient avec de faibles ululements de hiboux et des ondes qui s'étirent en arabesque musicale sont parmi les éléments méditatifs qui ouvrent son lent et envoûtant débit. Le rythme émerge vers la 3ième minute. La basse libère quatre notes dont les vibrations ascendantes se heurtent à des accords percussifs dont la résonnance métallique et gazeuse rappelle indéniablement celles de Tangerine Dream dans les années White Eagle et Hyperborea. Le décor est onctueux avec l'immense palette de tonalités, certaines ont une essence cosmique, innée au style du musicien lorsqu'il délie son inspiration dans ses phases atmosphériques qui flirtent souvent avec une texture et une vision sibylline. Il y a une tempête de sons et d'effets sonores qui rage silencieusement dans ce décor dominé par cette basse qui fait murmurer son manche en symbiose avec ces éclats percussifs, alors que la guitare éparpille des accords rêveurs dans une ambiance abondamment enrobé d'une brume dont l'essence s'apparente à celle qui cerne les 5 monts. Le titre passe ses 18 minutes au crible dans une évolution du rythme et des ambiances dont la guitare et le clavier tissent un lien irrémédiable entre du vieux Pink Floyd et du Dream dans une enveloppe musicale plus actuelle. Il y a une légère trame de drame dans cet album par la présence de ces nappes de vent bourdonnant et cette ombre de basse qui tissent des panoramas sentant leurs érosions. C'est ainsi que débute Little did he Know. Les brises hurlent dans les effets miroitant d'une ruche kaléidoscopique qui les filtrent en mugissements vrombissants. Des ondes réverbérantes étirent leurs torsades sur le reflet de quelques accords qui cherchent à grimper vers des cimes où des roulements percussifs, comme des effets sonores psychotroniques, nimbent un firmament s'oxydant graduellement. Le synthé y lance des airs absents alors que le clavier laisse briller des accords perlés dans une longue phase atmosphérique qui est soutenu par 5 accords cadencés. Des arpèges, folâtrant comme des lucioles innocentes, virevoltent autour de cette ossature de rythme ambiant, et de son ombre restituée par une ligne de basse dont les va-et-vient sont en symbiose avec ces accords percussifs qui s'émiettent comme si on cassait un miroir de rythme cherchant toujours à se former.

Les lamentations du synthé, sur un fond musical sombre, ajoutent une intonation dramatique à l’ouverture de la pièce-titre. Déjà, un rythme ambient pétille comme les claquements feutrés de petites élytres métalliques d'une faune de papillons numériques sous des jérémiades qui dessinent les arabesques des complaintes de baleines astrales. Le décor étend une ombre sombre avec un synthé devenu plus sibyllin et dont les harmonies flottantes donnent cette sensation d'entendre un trompettiste endeuillé. Une flûte et ses chants subdivisés inonde notre ouïe avec de tendres élans oniriques, glissant sur ces brumes orchestrales qui flottent sur le mouvement virevoltant de ce rythme ambiant butineur. Des pépiements d’oiseaux matinaux irradient le panorama de Five Bliss Machines on the Infinite Stage où l'air et l'eau feulent timidement à travers les arbres et leurs branches ainsi que les sinuosités du paysage. Les percussions tombent d'une façon désordonnée autour de la 8ième minute, emportant dans leurs résonnances les lourds murmures amphibiens d'une basse vrombissante. De ambiant passif, le rythme déroule son ossature devenue finement saccadée avec un séquenceur qui déroule un cortège d'arpèges moirés. Ses motifs épousent soit un mouvement ascensionnel ou encore une volute stationnaire dont les cabrioles la transforme en une fine mélodie aérienne. L'ouverture de Stars end Canon brille de ces airs de synthé qui tissent les liens nostalgiques de l'album avec ceux qui sonnaient comme les trompettes de TD dans la tournée nord-américaine de 77. Nous avons une belle ouverture atmosphérique riche en sons et en petits bouts de mélodies qui font leur chemin jusqu'à la rivière de nos émotions, comme cette lumineuse ritournelle qui tourne et tourne sous les longs effets zigzagants des ondes et des lignes de synthé ondoyantes. Un mouvement de rythme fait entendre son pas autour de la 4ième minute, accompagnant à merveille cette berceuse qui coule en deux teintes et deux axes. Lyrique! Stars end Canon dénoue son manteau de poésie atmosphérique jusqu'à ce qu'un coup de la basse en fasse trembler son fondement autour de la 6ième minute. La structure devient subitement auréolée d'une texture dramatique qui est soutenue par ces notes de basse vibrantes, alors que des séquences se mettent à tourbillonner comme des flocons cadencés. On entend plusieurs éléments sonores briller autour de cette dualité entre les bribes d'harmonies et de rythmes qui virevoltent dans cette intense mosaïque où la séquence de rythme prend son ascendant dans le dernier tiers. Ebb and Flow annonce ses couleurs rythmiques dès son ouverture avec un très beau mouvement, très Berlin School, du séquenceur. La basse laisse partir ses ombres de réverbérations qui vrombissent sur ce mouvement ascendant, ajoutant cette texture de musique dramatique qui étend son aura à la grandeur de FIVE BLISS MACHINES ON THE INFINITE STAGE. Ce rythme épouse un mouvement de spirale inversé qui semble absorber, comme une tornade, une pléthore de particules sonores qui tintent en harmonie avec sa cadence. La seconde minute nous amène un superbe mouvement ascendant d'une ligne de basse séquences pulsatrices, donnant encore plus de relief Berliner au rythme. C'est lourd, lent et ça tourbillonne comme les meilleurs moments de Redshift et/ou Arc sur du Moog pesant. Une fascinante mélodie se colle à cette structure, ajoutant un zest chtonien à ce titre visiblement inspiré par Tangerine Dream des années vintage. Ebb and Flow arrive à son passage atmosphérique une 20taine de secondes après le dernier coup de basse. Soit vers la 6ième minute. Le synthé y déploie d'oblongues ailes atmosphériques où deux tonalités contrastantes injectent couleur et éléments sibyllins à un passage de plus ou moins 3 minutes, avant que le rythme ne rejaillisse sous une autre forme, plus spasmodique, où rayonnent de très beaux chants de synthé et vrombissent des textures de guitare. C'est toute une façon de conclure un album puissant et intense, autant en rythme qu'en éléments atmosphériques, par un Paul Ellis qui est à son zénith sur FIVE BLISS MACHINES ON THE INFINITE STAGE.

Sylvain Lupari (28/11/22) ****½*

Disponible chez Groove nl

(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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