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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Paul Ellis Moth in Flames (2015) (FR)

Un bel album de Paul Ellis où les ambiances cosmiques taquinent adéquatement des rythmes lents et magnétisants

1 In Flagrante Delicto 8:05 2 Moth in Flames 7:18 3 Birds Migrating over the Prison 8:47 4 Oh Well, Dear Silence 5:08 5 She Walks in Beauty 6:07 6 Lights of a Departing Train 7:41 7 Coeur De Lion 3:53 8 Waves for Durga 6:17 9 The Stained Glass Observatory 5:09 10 Between the Trees; Mount Hood 14:47 Spotted Peccary | SPM-2901

(CD/DDL 73:17) (Berlin School)

On aborde pas une œuvre de Paul Ellis comme on regarde un objet qui tape à l'œil! Si ses pochettes sont toujours superbes à l'œil, sa musique l'est tout autant pour les oreilles. Il suffit juste de prendre le temps de l'entendre. D'écouter ses subtilités, ses finesses et ses arguments soniques qui se mesurent à une esthétisme artistique, comme dirait mon complice Robert Hamel, hors du commun. Comme une toile brodée dans la complexité de l'imaginaire, sa musique est nourrie par une texture sonore qui dépasse l'imagination. Et MOTH IN FLAMES n'échappe pas à cette signature du maître des peintures soniques abstraites américain. Brodé autour de 10 titres aux lentes évolutions, mise à part les fougueux Waves for Durga et The Stained Glass Observatory, ce dernier album de Paul Ellis est tout un voyage sonore au cœur de structures minimalistes qui se développent dans des textures cosmiques et ambiantes, parfois même avec un zest de Berlin School, idéales pour exposer les milles couleurs d'une palette sonique que Paul Ellis ne cesse de renouveler.

In Flagrante Delicto me fait beaucoup penser à du Vangelis avec sa structure éthérée où flânent des accords perdus dans des lignes de synthé très mélancoliques. Des lignes de synthé qui dessinent des arches de rêveries et dont les filaments flottants résistent à ces délicates explosions de basse qui déterrent ceux du célèbre musicien Grec dans Blade Runner. D'ailleurs, la texture traverse délicieusement ces zones futuristes, ainsi que celles de jeux vidéo, avec une armada de pépiements et d'effets électroniques. Une ossature de rythme cogite bien longtemps avant de prendre forme avec une série d'accords délicatement saccadés qui roulent en boucle avant de statuer pour une structure plus soutenue. Certains entendront des effets à la Tangerine Dream. Ils n'ont pas tort, car peu importe où se dirige la musique de cet album, on ne peut ignorer ces éléments qui donnent une fascinante profondeur à des structures en perpétuelles évolutions. La pièce-titre offre une délicate approche de rythme ambiant avec des accords de claviers qui dansent comme dans un très lent cha-cha cosmique où des pulsations de basse étirent leur délice comme dans les rythmes mous de Patrick O'Hearn (à ce niveau, j'ai dégusté avec plaisir le court Coeur De Lion). Et doucement Moth in Flames réoriente son mouvement, comme ces chenilles qui sortent de leur cocon afin de danser avec les caresses des vents. C'est très poétique, tout comme Birds Migrating over the Prison qui poursuit sur ces structures de rythmes ambiants où les accords, et leurs spectres un brin grésillant, restent finement saccadés. Le rythme est légèrement sautillant et boitille dans des ambiances richement éthérées grâce à la voluptuosité des arrangements orchestraux. Des effets dramatiques soufflent une deuxième partie où les tons revêtent un caractère organique qui va de pair avec ces charmants chants d'oiseaux qui émerveillent les oreilles depuis l'ouverture de Birds Migrating over the Prison. Oh Well, Dear Silence reste campé sur ces rythmes étrangement imprécis de MOTH IN FLAMES avec des accords qui avancent et reculent dans de bons effets électroniques, dont ces coups de gaz éthéré qui s'échappent de chaque choc des pulsations. Un mince filet de séquences tournoit délicatement dans de riches textures ornées de graffitis soniques et de discrets solos toujours très aériens de Paul Ellis. Après le très ambiosphérique She Walks in Beauty, la référence avec les premières œuvres de Tangerine Dream ne peut être ignoré ici, Lights of a Departing Train offre la première structure de rythme électronique de cet album, à tout le moins pour l'introduction. Par la suite, le titre évapore les lourdeurs de ses premières minutes afin d'offrir ces accords qui dansent sur place avec les reflets perdus de son introduction. Ça fait très Paul Ellis avec un zest de Jazz déconstruit par Philip Glass. Waves for Durga va tout de suite séduire ceux qui vénèrent encore et toujours ce bon vieux Tangerine Dream avec un rythme qui ondule délicatement dans des parfums de flûte et d'effets électroniques hallucinogènes. Mettons que notre ouïe est tout de suite aiguisée par ce titre. The Stained Glass Observatory est un titre noir avec des ondes vampiriques qui ondulent sur une nuée de petits pas perdus dans un labyrinthe de marbre. Ces pas dansent comme dans une claquette pour aliénés dans un décor sonique digne des grands films d'épouvante. Avec des rythmes mous, ambiants même, qui serpentent comme des squelettes à la recherche d'os dans des ambiances ornées de graffitis sonores et d'effets électroniques hallucinogènes, Between the Trees; Mount Hood conclut cette dernière ode de Paul Ellis avec le même mysticisme que sa signature musicale qui continue de charmer et d'étonner depuis The Sacred Ordinary. Un bel album avec un bel esthétisme sonique à découvrir, tout comme l'univers de Paul Ellis si ce n'est déjà fait!

Sylvain Lupari (10/10/15) *****

Disponible chez Spotted Peccary

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