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Writer's pictureSylvain Lupari

Paul Ellis Panoramas CD III (2022) (FR)

Updated: Nov 29, 2022

Il suit les chemins des 2 premiers tomes avec une vision plus chtonienne et des drones plus aigus

1 Opal Creek in Autumn Brush Strokes 28:44

2 Cape Perpetua and the Chinook Wind 31:15

(CD/DDL 59:59)

(Soundscapes, Art for Ears, Ambient)

Voici finalement le dernier volet de cette trilogie de Paul Ellis amorcée en juillet dernier. Il n'y a pas de surprises! PANORAMAS CDIII est une œuvre tout autant atmosphérique où l'essence de la nature qui a influencé ces 3 opus se noie dans des masses de drones bourdonnants qui parfois permutent en brises ululant de chants métalliques acuités. Offert en CD manufacturé dans une édition à 200 copies, ce dernier volet propose une vision atmosphérique nettement plus intense qui balaie nos oreilles d'une palette de sons où les éléments de la nature flirtent avec une vision légèrement plus cosmique.

Et lorsque j'écris que la musique de ce PANORAMAS CDIII est intense, je n'invente rien! Il faut entendre l'ouverture de Opal Creek in Autumn Brush Strokes pour en saisir tout le sens. Les premiers vents timides font bruisser les feuilles derrière une onde papale gorgée de voix séraphiques. Parallèlement, Paul distille de son synthé des drones réverbérants qui se contorsionnent devant cette palette de vents et de voix célestes qui procurent un confortable duvet atmosphérique à une introduction tissée à mêmes les origines chtoniennes de la musique électronique (MÉ) dite ténébreuse, le Dark Ambient. L'étape des 5 minutes franchies, Opal Creek in Autumn Brush Strokes se terre dans une vastitude de wiisshh et d'éléments terrestres organiques où les ondes ondoient de leurs couleurs ambrées. Tout ce temps, le panorama du titre regorge d'une intense profondeur sonore qui lui donne une texture émotive à remplir nos oreilles de plaisir. Les bourdonnements renaissent, laissant passer ces particules organiques qui peu à peu deviennent une sorte de danse de clapotis ondulant dans un séduisant tissu d'orchestrations. Ces clapotis sonnent comme des pas égarés courant en tout sens, simulant un rythme ambiophonique semblable à des points lumineux qui s'allument et s'éteignent un peu partout dans cette 3ième phase de Opal Creek in Autumn Brush Strokes. Nous approchons la 15ième minute et les vents timides des ambiances se transforment en bourdonnements qui ondulent paresseusement en symbiose avec ces brises intermittentes. La texture rythmique en forme de clapotis renaît de ses particules pour un bref moment, signifiant que la 20ième minute nous entraîne dans une phase plus cosmique du titre avec une forte turbulence éolienne qui aspire les effets miroitants des gazouillis de colibris perdus dans cette densité forestière sonore. Les derniers moments du titre sont semblables à sa longue structure évolutive, soit une phase méditative remplie de brises sombres et d'éléments organiques qui scintillent de façon à exciter le dernier bourdonnement, toujours assez mélodieux et quasiment papal, de Opal Creek in Autumn Brush Strokes.

Construit sur le même moule, Cape Perpetua and the Chinook Wind propose néanmoins une texture musicale moins sombre. À tout le moins, dans sa première partie! Les bourdonnements qui remplissent ses presque 7 premières minutes ont cette tonalité cuivrée dans leurs contorsions qui simulent une lente chorégraphie de valse ambiante. Sombre ou stridente, la palette de sons dérivent vers une première phase d'éléments percussifs organiques une minute plus loin. De fines stries synthétisées ornent la panorama de courtes lézardes qui y flottent, comme des lamentations spectrales perdues au milieu d'une faune tonale toujours en extension. Nous sommes dans une phase aussi ambiante qu'intense qui s'étend jusqu'à l'orée des 12 minutes. Empruntant ses premiers éléments, le décor modifie graduellement son apparence avec des lamentations de baleines valsant dans notre imagination. Ce titre qui dépasse les 30 minutes franchit sa première demie avec ces chants chimériques qui se frottent maintenant à une ligne de basses pulsations dont les coups aléatoires se fondent à des éléments percussifs qui papillonnent en suivant la courbe de ces gémissements devenus des strates de synthé ayant une forte ascendance métallique dans le goût de leurs tonalités. Le rythme reste la proie de notre imagination alors que la texture acuité des strates de synthé se fond à une nouvelle nappe de bourdonnements, aussi sombres et intenses que dans Opal Creek in Autumn Brush Strokes, afin de franchir la 20ième minute du titre dans une vision plus méditative. Un peu comme dans le premier titre de PANORAMAS CDIII, nous sentons une emprise cosmique sur les derniers moments deCape Perpetua and the Chinook Wind qui propose une finale plus intense avec une grosse nappe de souffles bourdonnants et réverbérants.

Je dirais moins mélodieux et plus turbulent que Panoramas CD-II, PANORAMAS CDIII rejoint un peu plus les textures plus difficiles à apprivoiser Panoramas CD-1. En contrepartie, sa charge émotive et son niveau d'intensité font bourdonner autant nos murs que nos oreilles d'une forte essence atmosphérique qui donne une profondeur inouïe à ce dernier volet de la trilogie de Paul Ellis encore une fois masterisé de main de maître par Ron Boots pour son label Groove nl.

Sylvain Lupari (12/06/22) ***½**

Disponible chez Groove nl

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