top of page
  • Writer's pictureSylvain Lupari

Paul Ellis Rainforest And Pavement (2020) (FR)

Updated: Nov 29, 2022

Il faut une 3ième oreille pour écouter les 11 versets et les 78 minutes de cet album de Paul Ellis dominé par le désir de créer

1 Rainforest and Pavement 5:13

2 Northwest Cedar Coliseum 5:51

3 Eyes in the Dark 9:49

4 Liquid Sorcery 7:11

5 Rose Gold, Bronze and Copper 8:25

6 Snow Flurry in Lamp Post Glow 6:16

7 Drifting Through an Astral Doorway 8:30

8 Spectre of the Ancient City of Ur 7:26

9 Conversations for Neon Cello and Haunted Orchestra 5:53

10 The Way that Autumn Came to the Trees 4:28

11 Misty Light of a Forest at Dawn 9:29

Groove-GR-290

(CD/DDL 78:36)

(Art for Ears)

Une basse pulsation semble jouer avec l'effet de sa faible écho en ouverture de Rainforest and Pavement. Des tintements, comme des gouttes d'eau en forme de cristal, scintillent et leurs chutes s'évaporent dans des accords d'une guitare finement liée aux nappes de brume qui ornent le paysage introductif de RAINFOREST AND PAVEMENT. Songeur et rêveur, Paul Ellis l'est sur son dernier album qui vient juste de sortir sur le label Hollandais Groove nl. C'est dans un contexte de constant tiraillements entre le confort, l'énergie des villes et les randonnées pédestres dans les forêts tropicales que Paul Ellis a tissé les grandes lignes de son album. On y retrouve donc une étrange ambiance où sa vision intimiste se perd dans les vastitudes de ces forêts sises sur la Côte Nord-Ouest des États-Unis, lieu de résidence du musicien de l'état de Washington. Album textural où les sons sont des graines qui deviennent des murailles de tranquillité ou des toiles d'une vision névrotique, RAINFOREST AND PAVEMENT saute d'un extrême à l'autre dans un album conçu pour être dompter au fil de quelques, sinon plusieurs, écoutes. Les textures ambiantes dominent autant que ce besoin de se ressourcer loin des villes, alors que ce démon des villes surprennent avec des torrents de sons et de rythmes statiques qu'il faudrait une troisième oreille pour écouter les 11 versets et les 78 minutes d'un album dominé par l'envie de créer.

Northwest Cedar Coliseum est un bon Berlin School qui nous met en confiance après la douce et sereine pièce-titre. Sous un tapis de brume s'élève un mouvement dandinant qui voltige dans une forme ascensionnelle. Une autre série d'arpèges s'active derrière la structure de rythme principale, poussant ce rythme vers une phase tapageuse où se greffent momentanément des effets percussifs chevrotant. Monte et descends, rythme et repos, Northwest Cedar Coliseum est plus dans le genre Pacific School, je pense entre autres à Alpha Wave Movement ici, avec sa structure enjolivée par des effets de pyrotechniques soniques. Un très bon titre! Les rythmes ambiants ici sont principalement mus par une ligne de basse et ses arcs élastiques qui rayonnent comme la bonne basse de Patrick O'Hearn. Son déplacement est plus souvent sournois, comme un loup jouant avec sa proie. Elle est aussi au cœur de Eyes in the Dark où l'acoustique domine l'électronique avec une belle guitare qui recouvre une présence assez psychédélique des synthés, hormis pour cette fascinante mélodie flûtée. Les riffs acoustiques déversent un fiel qui donnent une étrange texture aux ambiances assez biscornues de Eyes in the Dark. Résolument plus en mode de musique d'ambiances qu'animée par séquenceur, l'aventure au pays de Paul Ellis se poursuit avec sa longue toile de réverbérations et de tonalités de synthétiseur des années vintages en Liquid Sorcery. Ce plus long titre de RAINFOREST AND PAVEMENT est comme de l'art sonore abstraite avec des griffonnages synthétisés qui se tordent comme des nouveau-nés de matières réverbérantes. Ici aussi on entend ces nappes de brume des années Baumann tentées de créer un moule pour recueillir ces longilignes formes torsadées qui flottent dans un liquide de sorcellerie. Chaque album de Paul Ellis amène un titre qui nous sort de nos oreilles! Rose Gold, Bronze and Copper est ce titre et offre tout un gros rock électronique progressif et psychédélique. Sur une structure rythmique totalement sauvage, on dirait des dizaines de pas qui courent dans toutes les directions, forgée autour de boucles oscillatrices de toutes les couleurs et dimensions, coulent des riffs âpres et courent des flûteurs-joggeurs. Il y a un tissu de percussions programmées ici qui ajoutent à cette folie passagère d'un titre qui a eu un petit en Spectre of the Ancient City of Ur. Les synthés hurlent et tout tourne en boucles inépuisables dans ce titre qui aurait pu naître d'une fusion entre Gryphon et Synergy.

Après ce titre dur pour les oreilles et inexplicable pour l'imagination,