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Writer's pictureSylvain Lupari

PERGE: Out, The Way We Came In (2020) (FR)

Rien n'est facile dans cet album qui est tissé dans la complexité avec des bouillons statiques qui finissent par créer des moments très intense

1 Exodus 13:34

2 Dolphin Dunce 12:14

3 The Song of the Quail (From Breakfast, Until About Teatime) 24:57

4 Economics of Honesty 5:24

5 The Voyer 18:38

(CD/DDL67:33)

(Electronic Prog-Rock)

Il y avait des rumeurs comme quoi c'était fini. Perge n'était plus! Et puis il y avait toujours des indications qui prouvaient le contraire…jusqu'à ce que OUT, THE WAY WE CAME IN arrive sur le site Bandcamp du groupe vers la fin Mars dernier. Rien n'est facile dans cet album qui est littéralement tissé dans la complexité avec des bouillons statiques qui finissent par faire éclore des moments de musique très intense. Je pense à la finale de The Song of the Quail entre autres. Perge exploite plus sa personnalité ici que dans les albums précédents, hormis le bouillant Dolphin Dunce. Il y a du gros rock électronique anglais, comme de superbes élans de séquenceur, où les visions Matthew Stringer et Graham Getty flirtent un peu plus ici avec celles de Chris Franke.

Exodus ne perd pas de temps! Après des vents glacés et des effets sonores d'un igloo géant en train de s'effondrer, le rythme naît d'une ligne de séquenceur à laquelle on insère un autre mouvement. Plus court, il ajuste cette impression d'une ligne de billes qui sautillent en file indienne sur un convoyeur que l'on dérègle périodiquement. Ça donne une approche rythmique très Chris Franke dans Klemania. Et ça tourne! Ça tourne de plus en plus vite avec d'autres séduisants effets percussifs imitant la queue d'un crotale que l'on tournoie au-dessus de nos têtes. Cette fébrilité rythmique et ses textures sonores des années Exit amènent la surexcitation d'Exodus vers un secteur d'ambiances que la surenchère des pads et des riffs de clavier redirige vers un mouvement ascensionnel où la gravité semble inexistante. De rythmique à semi-ambient, Exodus semble réfléchir à son avenir lorsque des percussions l'arrachent de sa réflexion afin de l'entraîner dans sa troisième mutation où des essences rythmiques s'affrontent avant de nous balancer dans une finale qui fait encore très Purple Waves de Chris Franke. Cette philosophie de changements de peaux, autant dans les rythmes que les ambiances, sont à l'origine de la complexité de OUT, THE WAY WE CAME IN. Dolphin Dunce est une version nettement supérieure à tous celles que l'on a entendu à date. La structure de rythme est similaire alors que les solos de synthé sont tout simplement fumant! Déjà 26 minutes de passé et elles ont passées vite!

The Song of the Quail (From Breakfast, Until About Teatime) ajuste son ouverture plutôt philarmonique jusqu'à un agressif claquement de porte à la troisième minute. Un petit parfum de Pink Floyd, période Meddle se joint aux accords fragilisé d'un clavier avec un trémolo dans sa tonalité. Par la suite, il y a une éclosion d'une phase d'ambiances tapageuses, on dirait du métal que l'on torture, qui est quasiment venu à bout de ma patience avant que le séquenceur libère une ligne qui sautille promptement dans les réverbérations de filaments entortillés d'une masse sonore compacte et drue où s'organise une contre-attaque d'un rythme sculpté dans la complexité. Disons que The Song of the Quail (From Breakfast, Until About Teatime) n'est pas ce genre de titre que l'on aime à la première écoute, et ni à sa deuxième tentative. Economics of Honesty est un bon hymne de rock cosmique du genre Exit, il y a quelques parfums qui y traînent, dans une vision propre à Perge. On se demande si c'est du Tangerine Dream tout en sachant que ce n'est pas le cas. Il y a un solo de guitare ici qui est tout simplement renversant. The Voyer nous propose un panorama ambiant avec des nappes de synthé qui ondoient dans une ouverture empreinte d'une vision mélancolique, parfois même sibylline. Des beaux effets percussifs, genre Hype Park dans l'album Le Parc, éclatent ou mettent une pression rythmique fantôme ici et là, de même que des voix feutrées (what's your name) par une vision de paranoïa. Cette introduction fait dériver ses éléments dans une approche qui me souffle; nous ne sommes pas loin de Blade Runner, jusqu'à dépasser la frontière des 6 minutes. Là où Perge s'active à créer une structure de rythme qui ondule vivement dans ce décor futuriste. Le séquenceur tisse cette structure qui monte et descends, sans créer de vertiges, alors que des accords de clavier ressuscitent cette ambiance attachée à Le Parc et que d'autres accords plus aigus étirent le seuil d'une douleur intense, comme une guitare dans son âme de Blues. Toujours paisible, The Voyer emmagasine le superflu de son décor pour exploser dans un gros rock qui restera toujours sur le seuil de sa rage.

OUT, THE WAY WE CAME IN est un solide album de Perge qui réussit le pari de l'audace en y greffant de très bons rocks électronique, comme des phases ambiantes nettement plus progressives. Et je pense ici à The Song of the Quail! Certes, il existe toujours ces parfums de Tangerine Dream, c'est la raison d'être de Perge, sauf que cette fois-ci le duo Matthew Stringer et Graham Getty colle une ADN qui lui est propre avec un zest de créativité jusqu'alors à demi sondé par le duo depuis sa création. Audacieux et musical, je crois qu’il s'agit du meilleur de Perge!

Sylvain Lupari (11/04/20) ****¾*

SynthSequences.com

Disponible au Perge Bandcamp

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