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  • Writer's pictureSylvain Lupari

PHROZENLIGHT: Black Week (2015) (FR)

Black Week est pour ceux d'entre nous qui étions fan de la première heure de la MÉ et où tout a été fait par instinct

1 Dropout Time 22:29

2 Just an Sequence 30:43

3 Trying to let my Mind Explode into Oblivion 22:18

4 Changing Addresses 16:32

5 Dark Week Passed 24:32

(DDL116:37)

(Vintage psychedelic Berlin School)

Bert Hulshoff est l'un de ces exemples de musicien-penseur qui met sur musique tous les fruits de ses émotions. Ainsi, le plus que très prolifique artiste Hollandais a réalisé près d'une centaine d'albums, pour la plupart en format téléchargeable, depuis que The Beginning a atterit dans les bacs en 2000. Composé, joué et enregistré seulement quelque jours après la mort de feu Edgar Froese, BLACK WEEK est déjà son 5ième album. Et nous sommes seulement qu'en Janvier! Suivant les principes de la prolificité, il nous présente 5 longs fleuves soniques d'une durée moyenne de 23 minutes qui sont tous mijotés sur le principe de l'improvisation, présentant une MÉ très imbibée des ambiances d'un Klaus Schulze, de Tangerine Dream et Edgar Froese alors au sommet de leurs années expérimentales.

Les lentes nappes aux contours soniques rayonnant de tonalités électrostatiques éclaircissent à peine les sombres corridors ambiants qui étouffent l'introduction de Dropout Time. Alors qu'un filament translucide s'échappe des ces nappes angoissantes, un rythme pulsant comme une ventouse interstellaire fait palpiter ses ions dans un furieux pattern ondulatoire minimaliste. C'est du gros rock cosmique des années vintages. Et c'est pas mal beaucoup ce qui attendent les oreilles qui partent à la découverte de cet album hommage en hommage à Edgar Froese de Phrozenlight. Monte et descend, comme un train fou qui n'a aucune peur du déraillement, le rythme incendiaire de Dropout Time maintient sa cadence infernale, en s'alliant au passage de sporadiques cliquetis, en ondulant frénétiquement dans de délicieuses nappes de synthé aux arômes de vieux orgue, dont les ombres secouent des gazouillis électroniques, et dans ces délicieux gaz d'éther avec ces fragrances psychédéliques qui meublaient nos enceintes acoustiques dans les années Picture Music de Klaus Schulze. Just an Sequence s'accroche à nos oreilles tout de go avec un rythme, toujours pulsatoire, nettement plus vif. Les oscillations dansent furieusement en parallèle des échos de percussions gazées à l'iode et dont les tintements virevoltent dans une structure qui par moments rappellent un Stratosfear vitaminé par des stéroïdes électroniques. Les folles pulsations qui y dansent échappent des ombres qui tentent de s'accrocher à une rythmique qui fini par gargouiller comme un gros ventre affamé de pulsations. Essoufflée, la structure finie par papillonner sur place. Offrant ainsi des variantes qui allient une phase de rythme stationnaire à des ambiances patibulaires d'où naissent de vives oscillations d'arpèges résonnants.

Avec sa structure de rythme arquée sur un maillage de séquences en formes de pépiements, de pulsations et de gargouillis organiques ainsi que des cymbales électroniques, Trying to let my Mind Explode into Oblivion n'est pas vraiment pour toutes les oreilles. C'est un long fleuve minimaliste qui égare les incessant jacassements de ses pulsations où les synthés expérimentent un langage électronique très expérimentale sur un mouvement qui présente des variantes ambiosphériques aussi séduisant, sa finale, que tintamarresque, son passage dans le néant. Faut être dans la tête de Phrozenlight pour comprendre. Et par moments, nous sommes très proche. Changing Addresses fait référence à la fameuse citation d'Edgar Froese; «On ne meurt pas, on ne fait que changer d'adresse cosmique». L'intro est très planante avec des lignes de synthé qui valsent avec une approche sédative et aussi très ésotérique avec des prismes qui scintillent dans une ambiance somme toute assez sombre. Le rythme sort de sa matrice ambiante vers la 5ième minute, exploitant les mêmes fureurs minimalistes que l'on retrouve dans BLACK WEEK, notamment sur Dropout Time, mais avec plus de nuance dans sa vélocité qui reste tout de même relativement sereine. Une sérénité qui se sent encore plus sur Dark Week Passed, même si la finale ressuscite ces violentes tempêtes de pulsations organiques et leurs mouvements stationnaires qui secoueront les temples de vos haut-parleurs et feront bondir le marteau de vos tympans.

BLACK WEEK vise les fans de la première heure de la MÉ où tout était fait par instinct, en fonction des découvertes et des possibilités des synthétiseurs et de leurs boucles oscillatrices qui pouvaient forger des rythmes qu'aucune batterie ne pouvait suivre. De cette époque où les frénétiques rythmes pulsatoires se nourrissaient de ces ambiances que seuls les équipements analogues pouvaient dissiper. Sauf qu'écouter les 2 heures de BLACK WEEK en continu s'avère être un exercice qui prouve que la tolérance peut avoir ses limites. Si les 5 structures offrent de bons moments, elles offrent aussi de bonnes longueurs. La découverte est plus séduisante si on déguste l'album pièce par pièce, au fil d'une semaine. C'est ce que j'ai fait. Et j'ai été étonné de vouloir entendre la suivante. Sauf que là, le pattern de la redondance efface le charme. Donc, une à la fois! Ainsi on appréciera cet hommage à Edgar Froese. À ses premiers regards sur un art qui fleurira grâce à sa curiosité, sa persévérance et surtout son immense talent à mettre en musique sa vision Daliesque de l'art.

Sylvain Lupari (26/02/15) ***½**

Disponible au Phrozenlight Bandcamp

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