“C'est un album ambiant calme et agréable avec des parfums de Eno/Fripp qui en mérite un deuxième”
1 The Fermi Paradox 8:26
2 Firmament 19:15
3 The Ooda Loop 9:56
4 Frame 313 7:11
5 The Ooda Loop (Reprise) 4:18
6 Point of View 11:50
(feat Steve Roach)
(CD/DDL 61:02)
(Tribal Ambient soundscapes)
Un gros pas résonant, ou une grosse pulsation éclatante, annonce la climat sonore de ce nouvel opus sorti sur Timeroom, le label de Steve Roach. Son nom est d'ailleurs inscrit en bonne visibilité sur la pochette, mais il faut savoir qu'il apparaît sur le dernier titre de POV; Point of View. Donc, la résonance rayonne sur deux minutes où des multi couches de synthé sont éjectées comme l'effet du gaz par un vaporisateur. Les premiers jets tournent autour des ombres sombres d'un synthé avant qu'un filament de guitare jette un peu de translucidité à The Fermi Paradox. Dès cet instant, nos oreilles deviennent submergées par ce duel des sons entre la guitare de Miles Richmond et les multiples effets des synthés de Peter Grenader. Fantomatique, les ombres dansent avec un côté sombre et rayonnent de l'autre côté sous les accords translucides de la six-cordes. C'est comme un Robert Fripp soumis à la dense texture ambiante de Brian Eno. Et cette sensation, pour ceux qui connaissent la musique de ce duo éclectique, est l'essence majeure, avec un peu de Michael Rother, qui respire dans quelques 50 minutes de POV. La musique est d'ambiances méditatives, même si les teintes sont parfois violentes, avec des textures qui vont de la couleur ambrée à du bleu azur tout en flirtant avec une vision plus sombre des couleurs primaires. C'est tranquille, ça s'écoute bien. Mais ça reste quasiment un album ambient comme les autres. Quasiment, à cause de la présence de Steve Roach qui change pour quelques minutes la dynamique de POV.
Firmament est comme un fleuve tranquille ou comme un ciel où les brises se frottent à des rouleaux de billes. C'est un long titre d'ambiances méditatives avec un léger côté orientale. Des accords de guitare roulant en série instaurent une base harmonique avec un parfum tonal qui se rapproche d'un lit de sitar. Des nappes de synthés, riches de leurs tons de voix comme des vents sans ingrédients, s'entrelacent dans un firmament sonore où les sourdes impulsions ajoutent une touche de Dark Ambient qui change constamment d'humeur pour une vision plus séraphique. Pour moi, c'est un très beau voyage dans le temps où j'ai assisté à un concert de Robert Fripp autour de 1977. The Ooda Loop est un duel pacifique entre une guitare dans ses habits de Robert Fripp et des couches de synthé qui roulent sur elles même dans une structure qui me fait penser tant aux collaborations Eno-Fripp que des œuvres de Michael Rother, son côté ambiant. Parlant Michael Rother, Frame 313 possède aussi certains attributs, de même que les célèbres Frippertronics des années 70 de vous savez qui. Ce n'est pas fait pour dormir, on peut à peine y méditer, tant certaines strates, ou plutôt salves, de guitares sont violentes. Parlant violent anesthésiant, l'ouverture de The Ooda Loop (Reprise) l'est plutôt. C'est un court titre instrumental où la guitare et le synthé passe par un multi timbre qui est en mode; flirter avec l'au-delà. La présence de Steve Roach réveille les ambiances dans la pièce-titre. Il tisse un rythme ambiant tribal avec des séquences nerveuses qui roulent comme des percussions claniques. Après une courte introduction qui nous réveille, le rythme hâtif de Point of View dépasse de justesse les 3 minutes avant que des ambiances plus méditatives retournent le rythme en excursion sonore pensive. Des accords qui sonnent comme des percussions, et vice-versa, errent dans un paysage sonore aussi dense qu'un gros orage avare de sa pluie flotte paresseusement avec des brises opalescentes qui ornent sa majestuosité. Peu à peu, séquences percussives et guitare acoustique tisse à nouveau ce rythme tribal qui ajoute énormément de couleur à un premier album qui en mérite un deuxième.
Sylvain Lupari (17/08/19) **¾***
Disponible au POV Bandcamp
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