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  • Writer's pictureSylvain Lupari

REBLOOMING: Echo Earth (2019) (FR)

Reblooming réalise une œuvre titanesque dans une vision musicale qui relie sa musique à ses souvenirs et à nos oreilles de manière à faire vibrer les fils de nos émotions

1 Ophelia's Song 8:02

2 Earth Voice 7:26

3 Foreboding 8:23

4 1988 7:23

5 Aftershocks 7:38

6 Ruins 7:58

7 Searching 5:22

8 Survivors 6:32

9 Echo Memories 6:24

(DDL 65:09) (V.F.)

(Psybient)

Un nuage de sons et des tirs d'effets percussifs en bois, qui m'ont rappelé le somptueux univers de Matthias Thurow dans Cornucopia, le titre Chronological Order entre autres, sont à l'origine de Ophelia's Song. Des pas en bois résonnent sur un tarmac de désolation d'où surgit cette masse de sons radioactifs alors que des tintements répétés structurent un semi-rythme qui s'évapore dans cette masse flottante entourant l'évolution de ce premier titre d'ECHO EARTH. Cent-vingt secondes d'ambiances séparent nos oreilles d'un premier vers d'oreille qui seront les gardiens des ambiances de ce premier album de Reblooming. Ophelia's Song est le premier titre d'un album incroyablement saisissant que l'artiste Russe Artem Mkrtchyan, aussi connu sous Strana 03, offre sur Exosphere, une division du label américain Synphaera. L'écho des sons ainsi qu'une impressionnante palette de couleurs tonales nous projette dans un univers de psybient dont la corrélation avec Blade Runner de Vangelis et Petrified Forest de WellenVorm, ainsi que des œuvres de Solar Fields et Aes Dana du label Ultimae Records n'est qu'à un jet de crayon. Tout demeure en suspension dans cette œuvre cataclysmique inspirée du gros tremblement de terre en Arménie. Dans une mosaïque musicale avec une nette vision cinématographique de 65 minutes, le compositeur Russe explore ses souvenirs de ce séisme qui a dévasté la région de Spitak, en Arménie, le 7 décembre 1988. Et cette vision de cauchemar dans les yeux d'un enfant est facilement palpable au travers les 9 titres cet album avec des masses de sons radioactifs qui flottent à tout jamais et qui entourent ces mélodies fantômes qui déposent ses larves de ver-d'oreille au fond de nos tympans. Mélodies fractionnées qui vont et partent, reviennent et repartent, chantent et fondent sans créer de longs anacondas mélodieux mais qui restent toujours gravées dans notre cortex.

Les ambiances sont sinistres avec cette vision de métal tordu et de poussières de béton qui obscurcissaient un ciel de matinée automnale. On y entend des crissements continus lorsque Earth Voice peine à structurer son ossature. Des cliquetis industriels et une lourdeur abyssal forment son lit où campent des voix perdus dans les ensevelissements de béton et de carcasses de maison s'entendent sous les bruits de marteau-piqueur. Une nappe morose infiltre ces ambiances, permettant à un piano de pondre une de ces mélodies avec des notes forgeuses de billes d'eau sous nos paupières. Et si nous entendons des chants d'oiseaux agrémentés nos oreilles, comme dans Foreboding, les ambiances restent tamisées par cette vision dantesque d'une catastrophe planétaire. Ce titre d'ambiances prémonitoires flottent dans cette collection avec des sons d'une guitare tzigane qui fait duel avec les oiseaux. Un de mes titres préférés est 1988 et son piano en panne de souffle est tout simplement criant de vérité. Ce lent down-tempo est poussé par une vision ténébreuse. Un tic-tac et des horloges sans direction ornent un paysage lourd qui se fond à la vision apocalyptique de Aftershocks. Ce psybient tout simplement noir est hanté par des voix flous et des bribes de mélodies empoisonnées par des odeurs de soufre. Ici, comme partout dans ECHO EARTH, nos oreilles peinent à identifier les éléments de cette masse de sons corrosive qui avance au même diapason qu'un rythme velléitaire. Et toujours crissent ces lames de sons et expulsent les derniers souffles de centaines d'âmes en direction d'une nouvelle vie.

Les grosses cloches tintent au firmament de Ruins. Ici, point de rythmes. Des ambiances! Des ambiances lourdes avec des éléments sonores qui émanent de partout, enveloppant des murmures et des spasmes de sanglots. Les nappes de synthé échappent des lames écarlates et des accords qui tombent comme des larmes de verres sur une terre déraillée et embroussaillée des fantômes de ses structures qui ne sont plus qu'un souvenir collectif. Un titre que j'ai aussi trouvé triste est Searching. Pas pour sa mélodie, mais pour ces ambiances qui sont d'un réalisme à tout épreuve avec ses palpitations cardiaques et ses yeux fouilleurs habilement construit en sons par l'imagination de Reblooming. Murmures, appels à l'aide, c'est comme si nous y étions! Survivors est le titre le plus poignant de cet album avec une vision dramatique qui n'est pas sans rappeler Vangelis dans Antartica lorsque l'équipe retrouve ses chiens. Les exaltations de joie sont superbement transposées par des souffles de synthé qui détonnent avec une vision plus lumineuse. C'est la seule phase rythmique d'ECHO EARTH avec des percussions qui forgent cependant une cadence statique. Echo Memories boucle la boucle de cet étonnant album avec une autre structure en suspension qui rassemble les éléments secondaires de l'album dans ce qui semble être un exorcisme shamaniques des évènements du 7 décembre 1988.

J'ai eu peu de mots pour décrire les ambiances de cet album tout simplement stupéfiant de Reblooming. Artem Mkrtchyan a réalisé un travail titanesque dans une vision musicale qui connecte sa musique à ses souvenirs et à nos oreilles d'une justesse à faire trembler les fils de notre émotivité. Une autre belle trouvaille du label Synphaera qui est une véritable révélation et une pépinière de musiciens créateurs et innovateurs.

Sylvain Lupari (05/01/20) ****¼*

Disponible sur Exosphere Bandcamp

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