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  • Writer's pictureSylvain Lupari

REDSHIFT: Redshift (1996) (FR)

Updated: Mar 11, 2020

“Ce que nous avons ici est un classique de la Berlin School analogue avec un merveilleux zest de contemporain”

1 Redshift 18:43 2 Spin 8:26 3 Shine 4:02 4 Blueshift 33:05 Redshift (DDL 64:16) (Berlin School, Dark Ambient)

Pour ceux qui l'ont manqué, la musique de Redshift se retrouve sur Bandcamp. Redshift est une étonnante extension de l'univers de Mark Shreeve dont le dernier album solo est l'excellente captation de son concert (l'album Collide) donné le 12 Mars 1994 au Derby Assembly Rooms; véritable temple de la MÉ pour une nouvelle génération de musiciens anglais. Moins harmonieuse, nettement plus lourde et surtout plus noire que ses œuvres en solo, cette nouvelle aventure musicale du célèbre et taciturne musicien anglais tourne autour d'une utilisation accrue du gros Moog qui semble n'avoir aucun secret pour le doigté et surtout l'imagination de Mark Shreeve qui assume toute l'écriture musicale de Redshift. Flanqué des musiciens qui apparaissaient sur Collide (James Goddard et Julian Shreeve) Mark Shreeve s'entoure aussi du guitariste Rob Jenkins dont les lourds riffs et solos ajoutent une dimension plus progressive à la musique de Mark Shreeve. L'entité Redshift est ainsi née. Il ne manque que l'identité! Et c'est à travers une atmosphère lourde et ténébreuse ainsi que des rythmes qui vrombissent tellement qu'ils en tremblent que le sceau Redshift marque nos oreilles. Et le premier album est tout simplement étonnant. C'est à travers une atmosphère lourde et ténébreuse que le quatuor Anglais nous projette une MÉ qui transcende les limites de l'imagination des rythmes séquencés et des ambiances chtoniennes. Tout tourne autour du gros monstre Moog. Cette grosse muraille de fils, pitons et commutateurs qui a fait les délices des amateurs de Chris Franke et Klaus Schulze se retrouve dans le laboratoire musical de Mark Shreeve dont il est l'un des rares à en connaître les secrets et habiletés. Le séquenceur est nerveux, tempétueux et Mark Shreeve est très créatif. Il est secondé par des synthés aux ombres noires et aux chœurs chthoniens ainsi que de ce mellotron qui est à la grandeur des œuvres colossales de Tangerine Dream, style Rubycon et Phaedra. C'est tout un voyage musical que Redshift propose. Un voyage qui franchi les barrières temps tout en gardant la fraîcheur des années 2000. Ici le rythme n'a pas de mesure. Il est déroutant, voire abstrait, et tout passe par le Moog…

Des bruits de machines ouvrent les valves tintamarresques de la pièce éponyme. Dès lors, on comprend de quoi l'univers de Redshift sera fait. De longues complaintes de sirènes de guerre balaient un horizon noir où croupissent des âmes aux lamentations difformes. Une vague de chœurs armés de trompettes célestes s'élève pour sortir un peu de noir de Redshift qui, malgré tout, reste toujours imbibé des cendres des enfers. On se croirait en tant de guerre. Une guerre entre les abysses et la lumière. Il y a des râles, des respirations ardues et des lignes de synthé aux couleurs sibyllines qui flottent comme des esprits à la recherche d'un corps. C'est alors qu'un noir mouvement de séquences, style Rubycon, émerge et fait danser ses riffs qui peu à peu se détachent pour prendre une forme de rythme plus défini. Un rythme lourd, ondulatoire, qui court sur une marée de chœurs absents pour épauler une superbe flûte aux chants méditatifs. Un Mellotron fait rouler ses vagues orchestrales sur une structure de rythme qui baigne dans une folie aliénante. On entend des flashes des œuvres en solo de Shreeve sur une structure qui gambade librement de ses séquences indomptables et où traînent une belle flûte de Mellotron, des nappes de synthé noires et flottantes, des orchestrations irréelles, des ondes de réverbérations, des riffs de guitare vaporeuse et des chorales assorties pour messes de zombies sur des rythmes modulatoires. Des éléments qui forgent un effet d'enfer. Cette entrée en matière est fortement réussie. On croirait entendre une évolution de Tangerine Dream de l'ère Peter Baumann. Comparé à ça, Spin revêt une approche plus poétique. Toujours vêtu de noir, le titre tournoie délicatement sur une structure de séquences dont les fins ions stroboscopiques hoquètent dans des ambiances sibyllines. Et comme rien n'est fait de facilité dans l'univers Redshift, Spin offre sa délicate ossature rythmique aux tempêtes des synthés dont les vents criants perturbent un peu l'ordre des choses.

Shine offre une structure plus lente et plus noire avec des pulsations ténébreuses qui accélèrent un rythme métronomique qui tombe sous les charmes d'une flûte dont les brises enchanteresses détonnent dans cet univers chthonien. Le mouvement des séquences est hallucinant. On croirait entendre Chris Franke faire débouler et trébucher ses billes de rythme sur un convoyeur déréglé. Les ambiances sont à couper le souffle avec des synthés qui dessinent des bribes d'harmonies lucifériennes à la Shreeve parmi des râles et des souffles perdus dans les regards de Méphistophélès. Un quatre minutes intense et trop court! Pour plusieurs fans de Redshift, Blueshift est la pièce maîtresse de Redshift. Et pour cause. Par contre, c'est le genre de titre qui s'écoute confortablement assis afin de ne rien manquer et de saisir toutes les nuances. Après une intro ambiante, saupoudrée d'une légère flûte mellotronnée, des bruits métalliques prennent forment et se transforment en une ligne séquentielle mordante. Bien que noir, le mouvement est serein et accompagné de riffs moqueurs qui sortent carrément de l'univers de Legion. Toujours maquillé de magnificence, la flûte mellotronnée étend des nuages de mystères sur un rythme qui peu à peu se détache de sa structure hypnotique pour ramper comme une menace cérébrale. Tranquillement, les ions s'effacent et laissent tomber Blueshift dans un univers sonique bariolé de milles bruits hétéroclites aux teintes et formes aussi variées qu'un magma en train de figer. S'ensuit un long passage ambiant très saisissant où tous les éléments forment une symphonie sombre trempée d'une chorale chtonienne qui va vous faire rouler les poils du dos, conduisant Blueshift dans une suite de battements cardiaques (là je tente de comprendre la signification) qui durera plus de 10 minutes. Concluant ainsi, d'une façon assez énigmatique je dois admettre, un superbe album remplit de promesses qui comblera tous les amateurs de MÉ de style Berlin School des années 70.

Si vous aimez Tangerine Dream, de la période Baumann, vous adorerez ce premier volet de Redshift, ainsi que tous les autres. C'est garanti!

Sylvain Lupari (06/09/06) *****

Disponible au Redshift Bandcamp

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