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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Remy i-Dentity (2011) (FR)

Updated: Nov 11, 2023

Mystérieuse et envoûtante, la musique de Remy plonge parfois dans la complexité, sinon la perplexité, et I-Dentity n'échappe pas à cette règle

1 Destination: Berlin - Part I 11:22

2 Destination: Berlin - Part II 20:34

3 Destination: Berlin - Part III 19:08

4 I-Dentity 24:15

5 Vulnerable (Only in DDL) 17:25

(CD/DDL 75:26)

(Minimalist Berlin School)

Ouf! Ce 11ième festival du Ricochet Gathering tenu à Berlin entre les 15 et 18 Octobre 2010 aura fait tout un tapage. Après le superbe Let it Out! de Bernd Kistenmacher, voilà que Remy nous offre sa portion de concert donné à ce festival. Ça faisait un bail qu'on n’avait pas entendu quelque chose de nouveau venant de Remy. En fait il faut reculer en 2008 avec This Is Not the End. Et l'attente en valait la peine. I-DENTITY est un album de changement pour Remy. Lui qui aimait tamiser ses œuvres d'un voile empreint de mystères il offre ici un album aux rythmes progressifs qui respecte à merveille l'idée de base de ce festival où le style Berlin School, popularisé par Tangerine Dream et Klaus Schulze, était à l'honneur. Mais dans l'évolution des 4 titres, 5 si on prend l'album sous forme téléchargeable de MusicZeit, on sent le mysticisme des œuvres de Remy refaire surface, tant et si bien que des effluves de Exhibition of Dreams apparaissent ici et là, faisant de I-DENTITY un percutant album truffé d'un superbe mélange des genres.

C'est un fin carrousel d'arpèges en verres qui initie l'album. Destination: Berlin - Part I ouvre avec un défilé d'arpèges un brin timides et incertains qui scintillent avec la clarté et la netteté d’un xylophone de verre. Les accords tournoient avec un léger décalage dans l'harmonie et une délicate variation dans les intonations, sous les souffles d'un synthé dont les sonorités hybrides rappellent les douces mélancolies d'un saxophone solitaire. Cette tendre mélodie de verre minimalisme perd ses arpèges sautillants dans les chaleureux souffles d'un synthé enveloppant et réconfortant pour nous plonger dans l'incertitude musicale qui enveloppe Destination: Berlin - Part II. L'ouverture offre des ondes spectrales qui errent et ondulent au-dessus d'un rythme qui se fragmente. Un rythme ondulant en cascade qui va, disparaît et revient sous un ciel musical envahit de lourdes brumes et de fines oscillations fantomatiques. En fait c'est le schéma rythmique de Destination: Berlin - Part II qui apparait par bribes et qui s'expose en entier vers la 7ième minute avec une guitare mordante, un chaleureux synthé lyrique et des percussions de genre technoïdes. Alors que les solos d'un synthé spectral percent l'ambiguïté rythmique, les solos de guitare de Bill Fox tournent en boucles sur des percussions déchaînées. Nous assistons à un duel synthé/guitare sur un tempo lourd et hypnotique qui tranquillement dévie sur des nappes de synthés orchestrales. Des nappes qui flottent et oscillent tel le monde hallucinatoire de Exhibition of Dreams (Lunascapes), évoluant avec une belle approche dramatique et de menaçant accords qui pilonnent un beat hypnotique sous les cris d'une guitare assoiffée de juteux solos et des percussions endiablées. De belles couches de synthé s'enroulent autour de fins arpèges nasillards. L'intro de Destination: Berlin - Part III est teintée d'un romanesque qui n'a d'égal que l'obscure mélancolie qui entoure les œuvres de Remy. De fines pulsations émergent de ce lent maelström synthétisé où de belles et stridentes couches de synthé ululent dans leurs solitudes pour s'abandonner à un tempo nerveux frétillant dans son mélange de pulsations et de percussions aux résonnances métalliques. Hypnotique, le rythme reste stationnaire et est rejoint par des accords nasillards qui frappent tels les cancanements d'un canard enrhumé alors que des pulsations de tous genres alimentent ce rythme vertical où fins et suaves solos de synthé s'y accrochent avec une certaine lascivité. Le rythme devient plus mordant vers la 11ième minute avec des frappes plus nettes et incisives. Les solos de synthé continuent de percer ce rythme un peu chaotique dont les réminiscences d'un certain musicien Allemand abondent avec une exactitude inouïe dans la structure musicale.

Dans les faits, Destination: Berlin - Part III est un titre remarquable qui adopte autant l'approche contemporaine de Remy que ses racines et influences de Klaus Schulze et son unique style de Berlin School. C'est un titre que les amateurs de KS vont apprécier au plus au point, alors que Destination: Berlin - Part II plaira plus aux amateurs de TD. La pièce-titre a été conçue par la technologie de l'Internet avec la collaboration de Francis Rimbert, Gert Emmens et Synth.nl aux synthés et séquences, ainsi que Erik Wollo aux guitares. Cela donne beaucoup de rythmes et de solos de synthés sur une approche qui démarre assez lentement avec une ligne minimaliste dont les accords de basse avancent à pas-de-loups sur une fine onde vocalisée. Une autre ligne émerge et ses accords plus limpides gambadent autour de la ligne maîtresse alors que la multiplicité des lignes de synthé aux sonorités variables se poursuit. Mystérieux, I-Dentity ondule sur ses arpèges de verres cernés de lentes vagues enveloppantes lorsque la batterie tombe et accroche un rythme plus franc qu'une ligne de basse mord de ses chaleureuses notes. Le rythme casse en mi-parcours. Les arpèges cristallins, sonnant comme des accords de xylophones, sont isolés et seule la batterie complète cette danse de verre alors qu'un doux synthé donne un second souffle à I-Dentity qui devient subtilement plus langoureux. Le titre bifurque vers une tangente de jeu d'arcade avec une nuée de sonorités hétéroclites électroniques qui envahissent un rythme devenu plus mordant et agile sous une infusion de solos de synthés percutants. Des solos substitués par la guitare de Erik Wollo qui fait un superbe duo avec un synthé aux accords limpides tandis que I-Dentity verse vers une tangente un peu technoïde, complétant ainsi le cercle des éléments identitaires à l'évolution de la Berlin School.

Disponible qu'en format téléchargeable sur le site de MusicZeit, Vulnerable est égal aux titres bonis que Remy offre à chaque nouveauté. Composé pour son spectacle au festival de E-Day 2011, c'est un long et beau titre qui s'amorce avec un piano rêveur et mélancolique. Délicates, les notes sont autant sobres que stridentes et sont enveloppées d'une fine brume synthétisée alors que la constante progression de Vulnerable l'amène vers des chemins lourds et tortueux. Un style si familier à Remy, surtout avec ses superbes strates aux sonorités d'orgues ténébreuses qui rappellent un rêve exhibé il y a quelques années.

Une œuvre de Remy ne s'apprivoise pas sur un comptoir lunch. Mystérieuse et envoûtante, sa musique plonge parfois dans la complexité, sinon dans la perplexité, et I-DENTITY n'échappe pas à cette règle. Tout mélodieux soit-il, Remy reste un être complexe dont la personnalité se transpose sur ses compositions, faisant ainsi le charme d'une musique que l'on découvre écoute après écoute. I-DENTITY est à la hauteur de ses meilleurs œuvres. Un album qui embrasse différentes phases de la Berlin School rétro tout en gardant cette touche d'influence pour les œuvres digitales de KS et ce brin de folie si caractéristique à Exhibition of Dreams. Avec un tel cocktail, il est évident que c'est est un album à se procurer car il dépeint à merveille l'identité de son auteur et celle plus évolutive de la Berlin School.

Sylvain Lupari (26/05/11) *****

Disponible au Desert Island Music

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