“Un beau premier album tissé de multiples mouvements séquencés qui s'entremêlent avec affinité sur des orchestrations fluides et mélodieuses”
1 Prosa Part 1 6:12
2 Prosa Part 2 13:28
3 Prosa Part 3 22:23
4 Prosa Part 4 9:33
5 Prosa Part 5 15:47
(DDL 67:28)
(Analog cosmic rock)
PRO SEQUENTIA, ou Prosa en latin, signifie des hymnes séquentiels chantés par des moines et des musiciens dans les années 1100. Cette forme d'art abstraite et répétitive serait le berceau de la musique séquencée de nos jours. C'est aussi le titre de la première œuvre de René Van Der Wouden, un musicien-synthésiste néerlandais inspiré par la French School et la Berlin School avec un penchant pour les synthés analogues. J'ai eu la chance d'entendre certains de ses morceaux sur diverses compilations et j'ai trouvé ça assez bon pour que je m'intéresse à ce premier album. C'est donc avec une curiosité bien nourrie que mes oreilles se sont frottées à PRO SEQUENTIA. Et autant vous le dire d'entrée jeu, j'ai passé de bons moments. Prosa Part I démarre avec un souffle astral, rempli de particules et d'effets analogues, qui suit la marche d'un mouvement orchestral ascendant. Doux, ce mouvement flotte avec tendresse. Et alors qu'une série de notes ondulantes trace une séquence nerveuse, une magnifique flûte apparaît et fige une mélodie mélancolique à faire fondre les larmes refoulées depuis belle lurette. Le rythme s'anime autour d'une autre séquence plus dynamique et un bon jeu de percussions. Un synthé divinement mélodieux propulse Prosa I avec des segments d'harmonies sereines qui se lovent à une structure de rythme tissée dans le Berlin School. J'ai trouvé que ça a passé trop vite. Plus atmosphérique Prosa II propose une longue intro à effets sonores hétéroclites. Sur un vent cosmique, des notes croisent et décroisent une triste mélodie qui nourrira la séquence à venir. Le ton est grave et des cloches funestes ouvrent la voie à une séquence qui oscille dans les vapes de strates synthétiques suaves et intenses qui balancent un mouvement orchestral valsant. Les percussions explosent un rythme plus mélodieux entraîné par une ligne de basses séquences et couronné par un beau synthé-mellotron qui ajoute une texture musicale plus riche et plus profonde au rythme avec de très bons solos teintés par les brises de flûtes enchantées. Un très bon moment qui s'embellit avec l'ajout d’un piano et qui se termine dans les vapeurs de son ouverture. Prosa III poursuit cette quête atmosphérique. L'intro flotte sur de bons coussins de synthé qui étirent leurs résonances dans un sillon complaisant de thèmes harmonieux. Des passages du synthétiseur jumelés à des souffles de tendresses d'une flûte séraphique bercent ces ambiances mélancoliques qui peuplent cette introduction. Symphoniques et majestueux, les synthés progressent jusqu'à ce que le rythme s'anime. Percussions frappées sèchement et une lourde basse séquence bourdonnante s'emparent de ces ambiances autour de la huitième minute. La séquence voltige avec résonance sur un rythme lent mais stylisé dans genre Enigma ou Jean-Michel Jarre. La mélodie qui s'était éteinte dans des vapeurs cosmiques retrouve la route du rythme et s'y accroche avec des solos de synthé percutants.
Une gentille petite sérénade berce l'obscurité mélancolique de Prosa IV. Des notes limpides, sonnant comme un clavecin cristallin, ondulent dans une ambiance statique. Frénétiques, elles sautillent vivement comme des spasmes rythmiques sur un mouvement séquencé qui pilonne un rythme saccadé et hypnotique. De lourdes strates dramatisent l'atmosphère alors que les percussions martèlent un rythme plus affamé sur un mouvement linéaire du clavecin virtuel qui va en décroissant sur des séquences pilonnées avec intensité. Prosa V clôture cet album autant mélodieux que rythmique avec une touche symphonique développée en un mouvement classique contemporain. Ça me fait penser à du bon Synergy! Une très belle mélodie valse sur ces nappes de mellotron remplies de violons astraux, de flûtes et autres instruments à vent classiques. Un synthé symphonique prend la commande et souffle des hymnes majestueux sur un séquenceur qui fait virevolter ses lignes pour assumer une solide section rythmique. Du grand art contemporain qui joue sur différents styles et séquences, embrassant rythmes lourds et mélodies somptueusement vêtues des plus beaux atouts orchestraux. Toute une finale!
Ce premier René Van Der Wouden dépasse mes attentes. PRO SEQUENTIA est un très bel opus avec des arrangements hautement stylisés. Le musicien-synthésiste Hollandais utilise et développe ses séquences de façon étonnante. Sa musique est tissée de multiples mouvements séquencés qui s'entrecroisent avec affinité sur des arrangements orchestraux fluides et mélodieux. J'aime les arrangements orchestraux et j'ai eu la chair de poule à plus d'une occasion sur cet album, démontrant ainsi tout le potentiel de ce nouvel artiste qui semble bien prometteur.
Sylvain Lupari (01/01/07) ***¾**
Disponible au REWO Bandcamp
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