Sylvain Lupari
ROBERT SCHROEDER: Brainchips (2005) (FR)
“Vivant et entraînant, Brainchips offre plus de trucs intéressants qu'inintéressants”

1 Doo Doo 5:43
2 Wafer 3:43
3 Electron 6:16
4 Heaven 5:17
5 Space-Track 6:01
6 Froggy 4:36
7 Serenade 10:27
8 Login 4:39
9 Hotspot Zone 4:17
10 So Check Me 6:23
11 Passing Streams 6:25
12 Shallala 10:08

(CD 74:00)
(EM, EDM, Electronica)
C'est donc des aboiements de chiens mécaniques qu'on croit entendre dans les ondulations de nappes de synthé cuivrées. L'ouverture de Doo Doo est planante jusqu'à ce que des percussions lui donnent une vie rythmique lente et langoureuse sous ces nappes de synthé aux arômes industriels. Nos oreilles perçoivent des effets de remous dans cette masse sonore dominée par de beaux arrangements d'orchestrations lunaires qui remplissent aussi la majorité des 74 minutes de cet album-retour du magicien de Aachen. Ces nappes lunaires se mettent à défiler comme ces nuages en accélération. Ce mouvement est en symbiose avec les percussions qui eux suivent la nouvelle cadence imposée par les palpitations de la ligne de basse et ces accords de clavier piaillant qui sautillent gauchement avec leur structure de zézaiement organique. Ah que cet univers des sons de Robert Schroeder me manquait! Tout s'emboîte alors que Doo Doo, même une voix susurre ces deux mots, restructure son élan pour un genre de Funk cosmique à l'aide de ces arpèges chantant comme couinant dans une savoureuse texture organique. C'est précisément en 1994 avec Everdreams, un album en concert, que le brillant synthésiste Allemand et élève de Klaus Schulze tirait sa révérence pour se réfugier dans un profond silence créatif. Prolifique ingénieur de sons, il a travaillé sur le développement d'instruments de musique en suivant la courbe de l'évolution des nouvelles technologies et de techniques d'enregistrements. Et il en est tombé des notes depuis, il y en a eu des modifications de styles dans le merveilleux univers de musique électronique (MÉ) entre son dernier album studio, Mindwalk en 1993, et ce BRAINCHIPS qui arrive comme une grande surprise. Personne ne s'y attendait et personne n'attendait aussi un album de cette envergure. Douze ans séparent ces 2 albums et Schroeder fait comme tel en présentant un gros 74 minutes d'une MÉ qui se colle à la réalité et aux techniques d'aujourd’hui. Déjà avant-gardiste sur le traitement des sonorités électroniques, souvenons-nous de l'excellent Brain Voyager, il a confectionné une impressionnante banque d'échantillonnages sonores où nos oreilles peinent encore plus à différencier les sources, remplissant encore plus des oreilles déjà remplies à bord. En fait, il poursuit une évolution musicale déjà entreprise avec Pegasus en flirtant avec des rythmes plus près des actuelles saveurs de l'Électronica, alors que le jeu et les tonalités de la basse insuffle du réel à de savoureux Funk et Groove cosmiques. Et si vous êtes à la recherche des vieilles saveurs de ses premières années, vous allez devoir vous contenter des D.MO Vol.1, comme le D.MO Vol.2 qui suivra SphereWare. Et pourquoi Sylvain a attendu aussi longtemps avant d'écrire sur ce BRAINCHIPS? Une fausse perception (j'avais entendu la version chantée au début des années 2000) et un oubli qui s'est perpétré sur près de 20 ans. Mais c'est correct, puisque j'ai pu savoureux ce délicieux (oui, oui) album sans presse et avec deux oreilles plus détachées. Les 12 structures de cet album reposent sur des multilignes de rythmes, d'harmonies et de textures atmosphériques. Il n'est pas rare d’entendre différentes approches de EDM construites sur 2 et même 3 structures de rythmes dans le même titre, amenant cette profondeur au niveau des rythmes qui déstabilise parfois mais séduit tout autant. Ça dépend des genres exploités.
Le décor tonal, la masse sonore et le rythme de Doo Doo est très représentatif de cet album qui se poursuit avec Wafer et ce stimulant effet percussif simulant les dents d'un peigne que l'on frotte sur du carton dur. Wafer entre dans nos oreilles avec un bon ryt