Sylvain Lupari
ROBERT SCHROEDER: C'est Magique (2020) (FR)
“C'est Magique agréablement bien balancé afin de nous faire vivre un superbe 60 minutes d'extase musical qui nous vient d'une autre planète”

1 C'est Magique 12:05
2 Magnetic Streams 9:04
3 Spiritual Spice 8:11
4 Misterious Science 4:38
5 Black Magic 5:09
6 Mystic Dawn 7:13
7 Glowing Energy 5:55
8 Secret Elements 7:38
(CD 60:00)
(EDM & Berlin School)
Ah ce Robert Schroeder! Ce magnifique caméléon au royaume de la MÉ qui fête ses 40 ans de carrière a vu le titre du meilleur album de MÉ l'année dernière lui filer entre les doigts au profit de Iconic par Danger In Dream. Il revient encore plus en force avec une très forte option pour l'album de 2020. Dans un nouvel environnement sonore qui suit les idées et les traces de Fata Morgana, C'EST MAGIQUE offre une autre palette de sons d'une richesse incroyable dans un assortiment de rythmes EDM où les ambiances de la Berlin School sont nourries de grains tonals addictifs et de rythmes de danses de planètes les plus évoluées. La structure des percussions électroniques sur cet album éclate de vivacité dans une telle ressemblance avec la batterie acoustique, surtout au niveau des percussions manuelles, que j'ai accroché à des hymnes de danse sans hésiter. Hormis ces percussions, la faune sonore est incroyablement riche qu'il est impossible de la décrire sans oublier 90% de son impact. Un peu plus évoluée que dans Fata Morgana, elle captive des rythmes qui atteignent parfois même le nirvana de la frénésie. Robert nous plonge dans des sphères de danses qui flirtent avec de la danse flottante, comme des hymnes tribaux sans oublier le rock et quelques rares intrusion dans l'univers de rythmes séquencés et surtout dans des danses du futur. Les solos de synthé sont époustouflants et tissent ce lien qui unit la Berlin School à ce côté EDM largement exploité ici. Autant Fata Morgana a été puissant, autant cet album est une coche plus haute avec ce panorama musical enchanteur qui est cousu dans la complexité et où tout se découd dans une fascinante musicalité. Et gardant toujours ce lien affectif qui uni la contemporanéité de ses œuvres avec la Berlin School, Robert Schroeder livre en C'EST MAGIQUE un splendide album qui infiltre ce Top 5 de ses meilleurs albums depuis sa renaissance en 2005.
C'est dans les limbes qu'une lame de synthé froide naît. Comme un commutateur que l'on met à ON, elle irradie la salle d'écoute, autant physique que virtuelle, avec un langoureux souffle d'un saxophone où s'ajoute une voix de femme plutôt suggestive qui chuchote C'est Magique. Un voile musical se tisse devant nos oreilles avec une ligne de synthé qui prend l'ascendant sur ces ambiances en multipliant les plaintes d'une tonalité d'acier tranchant qui errent sans but dans une brume orchestrale que l'on connait déjà pour l'avoir entendu tellement souvent dans ces moments d'ambiances de Robert Schroeder. On entend C'est Magique une seconde fois et ce saxophoniste à l'âme de blues revient hanter notre nostalgie avec de beaux solos moelleux flottant dans cette brume envahissante devenue un banc de mélodieuses orchestrations qui roulent comme ces vagues astrales dans la grandeur du cosmos. On entend des cognements feutrés alors que des percussions moins discrètes n'ont pas peur de sculpter un beau down-tempo. Les effets percussifs et de guitares donnent une dimension très mélancolique à ce titre qui perd constamment ses orientations rythmiques. Nous arrivons dans une courte phase d'égarement, autour des 7:30 minutes, où le synthé pleurniche avec ces lents mouvements tortueux d'un violoncelle. Par la suite, C'est Magique avance avec une nouvelle vision, une nouvelle peau musicale. Les percussions battent dans des nappes d'orchestrations trop lentes pour elles pour ce rythme vivant mais statique et qui accepte cette nouvelle flopées d'accords de clavier et de piano alors que tout doucement nous débordons vers l'ouverture de Magnetic Streams. Le flux de ses ondes sonores est comme un cercle de réverbérations dont les larges rayons animent une flore tonale remplie de bruissements organiques, de brises et des airs de synthés que l'on peut aisément confondre avec un dialogue entre extra-terrestres. On perd pas vraiment notre temps à tergiverser sur cette probabilité que déjà le rythme s'arrime avec des claquettes dont le débit articulé fait éclore de vrais percussions qui dansent la claquette dans une figure de rythme animée. La structure peu faire surgir des souvenirs de Tangerine Dream dans la dernière phase du titre Poland, de l'album éponyme. C'est un bon rock électronique qui tressaille dans une dense structure ambiante qui donne littéralement toute la place aux percussions et aux séquences qui spasment en symbiose dans un superbe moment qui nous procure un splendide 21 minutes de MÉ remplies du pur génie de Robert Schroeder. Les solos de synthé ont toujours ces airs de saxophoniste un peu saoul qui chantent sur des textures musicales d'un univers enchanteur alors que séquences et percussions accélèrent le débit, conformément à une vison rock électronique contemporaine de ce fameux Poland. Les percussions sont tout simplement excellentes ici.
Dans une introduction nourrie des textures poignantes de Solar Fields, Spiritual Spice évolue dans un bel univers de psybient avec des lames de synthés, de même que des bonnes percussions et effets percussifs, qui nous donnent des frissons dans l'âme. Originalement ambiante, la texture musicale voyage au cœur des frissons et des émotions dans un beau slow-tempo qui lorgne plus l'intensité des arrangements que de son rythme. La finale est happée par des brises sombres et dérivent vers Misterious Science