“Dans Arcana le noir et le silence respirent des couleurs et des tons qui sont au diapason de notre imagination”
1 Liminal Worlds5:25
2 Imagination is Memory3:10
3 Night Has a Thousand Eyes9:40
4 Arcana11:43
5 Unwoven8:59
6 Epoché8:29
7 Last Hours of Ancient Sunlight8:13
8 In Situ7:40
9 Waning in the Glow of Unknowns5:54
10 Zero Point Field29:32
11 Our Shadow Sense2:42
12 Porcelain Sky12:16
(2 CD/DDL 113:47)
(Ambient electroacoustic music)
Robert Scott Thompson est un musicien californien qui affectionne le style ambiant progressif et la musique électroacoustique. Comme plusieurs de ses confrères qui fécondaient la côte ouest américaine d'une musique ésotérique, Robert Scott Thompson est un artiste très prolifique avec une 40taine de CD, albums et cassettes depuis les premiers balbutiements de ce mouvement au tournant des années 90. Et depuis ce tout premier album en 1991, Deeper In the Dreamtime, Robert Scott Thompson a amassé une légion de fans sans cesse croissante. Et son dernier album, ARCANA, a tout ce qu'il faut pour maintenir ces fans dans son sillage avec une musique intensément méditative où les pénombres sont silencieusement séduites par des harmonies célestes. Chronique d'un fascinant album aux émotions insoupçonnées.
Et ça débute avec Liminal Worlds et son long souffle noir qui soulève des sombres accords acoustiques très méditatifs. Ce souffle multiplie une lignée dont les tonalités sibyllines flottent dans un ciel sonique où les pénombres sont sous les charmes d'une douce voix éthérée qui fait ondoyer ses harmonies méditatives dans un concert de carillons et de drones spirituels. Les ambiances sont teintées de noires, même si des brèches de nitescence tracent des raies translucides où la sérénité croise l'énigmatique. On passe du noir au blanc avec le court Imagination is Memory qui garde en background l'approche très céleste de Liminal Worlds. Night Has a Thousand Eyes est nettement plus sombre. Les vents noirs bousculent des carillons acoustiques dont les tintements aux sonorités de bois mort résonnent comme des harmonies perdues. Cette approche électroacoustique irradie une musique méditative aux visions assez ténébreuses, quoiqu'en disent les experts du genre. En fait, toute l'ossature des ambiances ici sont au même diapason et sont surtout nourries des mêmes souffles qui soulèvent des harmonies variables. La pièce-titre est la plus mélodieuse du genre avec des notes éparses qui tintent au-dessus d'une lourde brume dont les bruines mélancoliques suintent les rosées des terres qui ont vécues les drames. Unwoven offre des brises vraiment ténébreuses avec des notes de piano éparpillées dans un abysse aux horizons perdus. Epoché reste le plus serein des titres de cet album alors que Last Hours of Ancient Sunlight fait flotter ses ombres avec des lentes oscillations hypnotiques. Si la première approche laisse dubitatif, les suivantes révèlent des trésors d'harmonies suspendues à des ambiances nourries de soie noire. Il y a un brin de folie qui se cache dans ce titre. Plus sombre et plus méditatif, In Situ épouse les ambiances passives de Epoché alors que Waning in the Glow of Unknowns est à l'image sonique assez romanesque et mélodieuse, si on peut dire, de Arcana, la pièce-titre.
ARCANA vient avec 3 titres en bonus qui sont disponibles en format numérique. Sombre et très pénétrant Zero Point Field nous envahit avec près de 30 minutes de musique ambiante où la quiétude est peinte en noir. Les ambiances ressuscitent celles très morphiques de Liminal Worlds sans ses éléments électroacoustiques et nous plongent littéralement dans l'univers très immersif de Steve Roach. Très bref, Our Shadow Sense respire les sens de son titre avec une courte incursion dans le monde des tonalités organiques dont les ambiances étranges se poursuivent sur le très fascinant Porcelain Sky qui me rappelle un peu, sauf pour sa délicate enveloppe aussi harmonieuse qu'éthérée, l'univers des songes reptiliens de Shane Morris aliéné par les noires ambiances pensives de Memory Geist.
Pour être tout à fait honnête, j'avais entendu le nom de Robert Scott Thompson dans les cercles de la musique d'ambiances et ambiante. Mais comme à chacun des noms proposés dans ce genre, mes oreilles faisaient des grimaces. Donc c'est sur le bout des tympans que j'ai abordé cet album. Et sans dire que j'ai été totalement séduit, j'ai bien aimé ce premier contact. La grande qualité de Robert Scott Thompson est cette facilité qu'il a de donner vie et de colorer des ambiances abstraites avec les nuances de ses paradoxes. C'est à tout le moins ce que j'ai ressenti à l'écoute de ARCANA. Le noir et le silence respirent de couleurs et de tonalités qui sont au diapason de notre imagination. Et c'est donc beau de voir le vide se meubler entre nos oreilles.
Sylvain Lupari (28 Juin 2014) ***½**
Disponible au Robert Scott Thompson Bandcamp
Comentarios