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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT SCOTT THOMPSON: Palimpsest (2015) (FR)

Vous recherchez des sons!? Beaucoup de sons changeant de forme? Palimpsest est l'endroit idéal pour tremper vos oreilles

1 Rock Garden 6:29

2 Resonant Drift 2:20

3 Embellished Serenade 3:10

4 Palimpsest 12:12

5 Ritual Space 2:26

6 Enamelled in Bell Gold 2:19

7 Moodus Noises 11:58

8 Chanson 6:22

9 Epilog Linea 10:34

(CD/DDL 57:53)

(Experimental and ambient)

Je m'en souviens comme si c'était hier. Mon vieil ami Bernard tentait, vainement à cette époque, de m'amener dans son étrange royaume de la MÉ. Il venait de recevoir un album d'un blanc transparent où la dissonance des sons était, pour ses oreilles, synonyme de symphonie des bruits. L'album en question était Cords de Synergy. Il n'y a aucun parallèle à faire entre ce classique et ce dernier album de Robert Scott Thompson, si ce n'est que mon ami de toujours voyait en la cacophonie des sons et la turbulence des ambiances une aubade abstraite dont le seul but était de satisfaire la curiosité des oreilles. Et me voici, quelque 40 ans plus tard à vous parler d'un album où ces mêmes bruits et ces mêmes turbulences des ambiances sont porteurs d'un fascinant charme qui trouve effectivement refuge dans l'avidité des oreilles toujours à la recherche d'un art qui repousse constamment les limites de la probabilité. On dit de Robert Scott Thompson qu'il est un alchimiste des sons. Et PALIMPSEST ne fait rien pour contredire cette étiquette un brin prétentieuse mais qui effectivement lui va très bien.

Avec sa poignée de roches qui roulent, déboulent et revolent en se métamorphosant en gouttes d'eau, Rock Garden attise autant la curiosité des oreilles que la suspicion de notre intérêt vis-à-vis une œuvre de sons et d'ambiances. Des voix errantes émanent dont ne sais où, alors que des hissements, des clapotis et des vents gutturaux nous amènent au cœur d'une grotte où tintent toujours, mais de façon éparse, ces cailloux et leurs étranges métamorphoses. Resonant Drift suit avec son petit concert de carillons et de ses ondes qui finissent pour dévoiler les charmes d'une étrange musicalité méditative. Embellished Serenade se sauve avec les échos et les ambiances de Resonant Drift afin de nous offrir une fascinante mélodie spectrale qui semble sortir des gémissements d'âmes torturées. Voilà bien deux titres qui n'ont l'air de rien et qui au final épousent un intéressant moment d'atmosphères de films d'horreur. La pièce-titre assiège nos oreilles avec un concerto de carillons. Encore là, les ombres qui en sortent forment d'étranges gouttelettes dont l'écoulement forge une mélodie fracturée et dissipée à travers un dialogue d'oiseaux-moqueurs. Dans des ambiances pastorales à des envolées de bruits étranges, Palimpsest vogue entre deux univers dont les contrastes restent intimement liés. Les courtes pièces, comme Ritual Space et Enamelled in Bell Gold sont soudées en un titre avec des ambiances et des sons aussi disparates que fascinants. Devenant même des objets de charade pour les oreilles. Moodus Noises est un long titre ambiant nourri de drones et de réverbérations de cloches silencieuse. C'est le morceau le plus musical, et le plus méditatif, de cet album. Il nous conduit au très spectral Chanson où nous avons l'impression d'envahir le monde des ténèbres et leurs hôtes ectoplasmiques. Epilog Linea est le titre que j'affectionne le plus sur ce dernier album de Robert Scott Thompson. Les ambiances y sont délicates. Et même si la turbulence des sons recouvrent nos oreilles par endroits d'un enveloppant voile d'inconfort, les larmes de synthé qui pleurent comme des âmes emprisonnées dans une grotte sans fond égayent nos oreilles avec de sinistres airs de rédemption.

Je ne vous ferai pas de cachettes, ni ne conterai de menteries, PALIMPSEST est un album qui va paraître insupportable à ceux qui sont à la recherche d'une musique dites plus musicale qu'expérimentale. Mais ceux qui cherchent un genre qui vient de nulle part, d'une symphonie de bruits dissonants et dont les ombres et résidus finissent par mouler un truc qui hante les oreilles comme qui colle à nos murs, eh bien je dirais que vous êtes tombée pile avec Robert Scott Thompson et son dernier album PALIMPSEST. C'est de la musique abstraite certes, mais non dénuée de vie!

Sylvain Lupari (21 Juin 2015)

Disponible au Robert Scott Thompson Bandcamp

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