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Writer's pictureSylvain Lupari

ROBIN BANKS & STEVE SMITH: Stealing Time (2017) (FR)

“C'est du gros E-rock fait avec les essences pures du England School qui sait comment amener constamment la musique vers d'autres niveaux”

1 Space & Time 8:48 2 Lost in 1969 10:11 3 Time Machine 7:18 4 Alternating Timeflow 12:00 5 Transmutation 11:24 6 The Morning After 8:26 7 Rock of Ages 8:59 Groove | GR-235

(CD/DDL 68:07) (England School E-Rock)

Voici un album de MÉ typiquement Anglais. STEALING TIME est le fruit artistique d'une rencontre entre deux musiciens qui étaient dans une mauvaise passe. Robin Banks est un pianiste de formation classique qui a composé de la musique pour la télé et des jingles commerciaux pour la radio en plus d'avoir joué pour divers groupes, dont un avec Steve Smith. Désillusionné par l'industrie de la musique et atteint de la maladie de Menière, il abandonne ses ambitions musicales. Steve Smith est une figure relativement connue dans le milieu. C'est la moitié du duo Volt et un membre du célèbre trio Tylas Cyndrome. Souffrant d'une profonde dépression, il estime que de travailler sur un nouveau projet pourrait l'aider à s'en sortir. Il réussit à faire changer d'idée ce vieil ami qui accepte son invitation à visiter son studio. En dépit de leurs points de vue divergents sur la façon de composer la musique, le duo signe un petit bijou où les différences se transforment en parfaites symbioses.

Un ballet d'étoiles filantes et des effets percussifs initient l'éveil de Stealing Time. Un piano étale une courte mélodie évasive au travers un voile d'effets sonores et deux minutes plus tard, Space & Time prend les guides d'un bon rock électronique. La structure de rythme est tissée dans une formule qui change de visage entre son approche vive, où la mélodie pianotée devient aussi vivante que ce chapelet de séquences dont les ions déboulent vivement en mode Poland, et une vision moins animée, où les effets dansent avec les percussions et des riffs pourtant affamés pour la suite des choses. Et le rythme reprend! La mélodie du piano est reprise par un synthé créatif et ses superbes solos qui roucoulent avec des nappes de voix. Avec sa structure de veut-veut pas, Space & Time ouvre la voie à un splendide album construit autour de très belles phases mélodiques où des rythmes naissent et meurent dans des perles harmonieuses ou encore dans de très beaux passages ambiosphériques. L'aventure musicale se développe avec des nappes ondoyantes qui ornent le décor atmosphérique de Lost in 1969, un titre d'ambiances perdues que le duo a retrouvé dans les corridors du temps. On y entend des dialogues feutrés par un effet de distance interstellaire alors que 70 secondes plus loin, un premier mouvement pulsatoire ouvre un rythme ambiant. Chaque pulsation amplifie la présence des bruits intergalactiques. Les synthés lancent des ondes de charmes avec des solos harmonieux qui chantent parmi les fredonnements murmurés par une séduisante chorale astrale. Ces chants tranquilles vivent en harmonie avec une progression rythmique qui accroît sereinement son intensité pour finir par imploser après les 7:30 minutes. Lourd, lent et agrémenté par des belles nappes de vieil orgue, ce tempo supporte toujours les chants des synthés qui sonnent comme deux philosophes rêvant des temps anciens où l'on pourrait éventuellement modifier le cours des choses. Des poussières intergalactiques accueillent une voix lointaine qui explique comment construire une machine à voyager dans le temps. Et après les tic-tac d'usage, Time Machine propose un rythme qui sautille lentement. Ce mid-tempo orné d'une flottille de séquences stationnaires est revampé par une bonne ligne de basse circulaire. Les percussions sont sobres et suivent une cadence mainte fois divisée par des phases d'ambiances mais surtout d'harmonies qui accrochent immédiatement notre attention. Des reflets de séquences dansent avec la ligne de basse alors que le synthé épouse la marche rotatoire de la basse. Les phases d'harmonies sont dévastatrices pour tout amateur de musique. Elles circulent par un beau piano et ses notes astrales ainsi qu'une guitare aux solos très David Gilmour. En plus des effets de voix, des voix narratrices étouffées par une longue distance et des tic-tac universels, des violons hachurent le mouvement par des effets de staccato. Un très bon titre qui a atterri dans mon iPod, section meilleurs titres de 2017!

On tombe dans la phase de gros hard-rock électronique de STEALING TIME et de ses rythmes endiablés qui sont entrecoupées de passage éthérée où les mélodies vivent de leurs charmes à faire vibrer les cordes de notre âme. Alternating Timeflow se développe avec une vision ambiosphérique. Des séquences, parfumées légèrement des attraits de Richard Pinhas dans sa période East/West, tournoient en arrière-plan dans une brume ondoyante où grondent des riffs de guitare. Des riffs et des solos pleurent dans un décor électronique qui s'enrichi de ses brumes plus denses, d'accords lunaires et d'orchestrations. La marmite bouillonne de ces éléments alors qu'une larme de violoncelle capture l'intensité en invitant un piano jouer une courte mélodie. S'ensuit une bonne phase de rock électronique Anglais matraquée par de bonnes percussions et où les nappes de voix sont impuissantes face à la domination des solos de guitare qui se transforme en délicieux solo de synthé. La phase de piano revient charmer nos sens. Le rythme revient aussi les secouer! Cette structure de veut-veut pas forme aussi l'approche polyphasée de Transmutation qui invite un orgue a surdimensionné cette profondeur musicale déjà très riche de cet album qui respire de ses permutations étonnement et splendidement cohérentes. Plus lent, The Morning After étale de belles lignes mélodieuses avec un échange entre un piano superbement romantique et un synthé qui aime apporter quelques modifications à la tendresse du piano. C'est comme un duel entre Richard Clayderman et Paul Nagle. Rock of Ages est un gros rock, avec des moments moins fous, où les synthés s'exclament dans la furie des percussions qui sont tapochées avec entrain. Des riffs de guitare hurlent sans fin et suivent les vives ruades de ce gros rock électronique lourd et entraînant. Le piano reste toujours dominé par cette enveloppe électronique et face à ces synthés qui ont cette possibilité d'amener les lignes mélodieuses dans un luxuriant jardins de tonalités bigarrées. Il s'agit de la structure la plus homogène d'un album qui flirte continuellement avec les univers de Pink Floyd, de Pyramaxx, d'Andy Pickford et de Wavestar. STEALING TIME!? C'est le rock électronique Anglais à son meilleur!

Sylvain Lupari (20/02/18) ****½*

Disponible chez Groove nl

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