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  • Writer's pictureSylvain Lupari

RUDOLF HEIMANN: Polychronos (2016) (FR)

L'une des plus grandes forces de Polychronos est de nous trimbaler à travers des genres musicaux que nous abordons avec une surprenante facilité

1 Polychronos I 3:58 2 Polychronos II 6:02 3 Polychronos III 7:40 4 Triangulum 7:08 5 Teratorn 9:34 6 Cursus 7:02 7 Epitaphium 9:45 8 Polychronos (Radio Mix) 4:38 SynGate Wave ‎| CD-r RH03

(CD-r 55:47)

(New Berlin School)

Un délicat piano, mi morose mi pensif, étend des notes qui défilent comme celles que l'on entend dans un film d'amour. Et lorsqu'un violoncelle amène une touche larmoyante, Polychronos I s'accroche à une ligne de basse qui fait ramper ses ondes oscillatrices et qui plonge la musique vers un genre de Jazz progressif arqué sur un sobre jeu de percussions. Le violoncelle tisse toujours des ambiances sombres alors que le piano brode une belle mélodie qui vit dans une dense musicalité où les frontières entre le Jazz rock et celui un peu plus progressif accueille un beau duel harmonique entre le piano et un synthé qui aiguise ses harmonies sous formes de solos. Les miettes ambiantes de la finale se jettent dans le long Polychronos II qui couche ses sombres et ténébreuses ambiances dans une musique qui s'apparente aux longues litanies sur les déserts de nuit de Steve Roach. On passe du Jazz à la musique d'ambiances sombres et ensuite à un superbe Berlin School avec le mouvement finement séquencé, comme un trot de cavalier, de Polychronos III. Les nappes de synthé qui ornent cette marche chevaleresque ébruitent des parfums soniques de Tangerine Dream, je dirais le mouvement sautillant des basses séquences aussi, alors qu'une flûte très éthérée tisse une mélodie évasive qui perce avec difficulté un bon jeu de percussions électroniques dont la cadence dépasse subtilement le jeu du séquenceur. Et Polychronos III boucle ses 17:40 minutes avec une finale qui reprend la portion harmonieuse de Polychronos I. Au fil de ses derniers albums Rudolf Heimann nous a habitué à nous faire voyager entre les frontières du rock électronique où la Berlin School et la musique progressive cohabitaient avec une fascinante symbiose. Et Christian Ahlers ne déroge pas de sa ligne de pensée en proposant un album encore plus tranchant qui risque, aux premiers abords, de dérouter les consommateurs de MÉ de style Berlin School. Et pourtant....

Après une introduction tissée dans la nébulosité, Triangulum revient aux sources du rock progressif avec un bon rythme, bien soutenu, et une flûte qui tisse de beaux airs plutôt harmonique. Tantôt lourd, tantôt entraînant, Triangulum reste bien ancré dans sa structure de rock progressif assez facile à consommer. La flûte est très belle et le tout me fait penser à du Mythos. On reste dans du bon rock progressif électronique avec Teratorn qui épouse un peu la structure de Triangulum mais avec plus de lenteur. La guitare est assez bien réussie et les percussions sont lourdes, voire assez suggestives. L'introduction de Cursus va rappeler à certains celles de The Bravery of Being out of Range du superbe Amused to Death de Roger Waters. La structure qui en découle est plus en mode lento avec une propension pour un blues électronique très bien réussie. Ça devient du bon rock électronique pimenté d'une touche progressive avec de bons riffs et de bons solos, autant de guitare que de synthé. L'introduction m'a accrochée tout de go et la structure n'a pas mis de temps à me charmer, même avec une finale qui manque de mastering. Epitaphium propose une introduction très ambiosphérique d'un cinq minutes avec des effets de synthé croissants et de beaux solos qui roucoulent et font des torsades avant que le rythme ne suive les règles d'un mid-tempo saccadé où erre une ligne de basse et un synthé dont les solos épousent la rumba de la basse. C'est très électronique. Polychronos (Radio Mix) termine POLYCHRONOS avec force. Ce radio mix n'a rien à voir avec la structure originale, mise à part la mélodie, et propose un rythme plus dans le genre Électronica. Plus dans le genre commercial. J'ai bien aimé! Tout comme j'ai bien aimé les 56 minutes de ce dernier opus de Rudolf Heimann, même si les premières écoutes nourrissaient une certaine réticence, dont la plus grande qualité est de nous trimballer à travers des genres musicaux que l'on aborde avec une étonnante facilité.

Sylvain Lupari (18/08/16) ***½**

Disponible au SynGate Bandcamp

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