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Writer's pictureSylvain Lupari

SAMUEL CADIMA: Outros Horizontes (2020) (FR)

On trouve de tout dans ce 40 minutes d'une musique qui fait ses clins d'œil aux grands artisans du passé sans perdre une seconde de son authenticité

1 De Partida no Teleporto 11:01

2 Refúgio 11:00

3 Montanha de Nuvens 5:35

4 Outros Horizontes 11:53

(DDL 39:30)

(Berlin School, Ambient, Prog)

Le nouveau label Argentin Cyclical Dreams a su injecter du sang-neuf à la MÉ actuelle avec une brochette d'artistes provenant principalement de l'Argentine, du Brésil et autres pays aux émotions latines. En fouillant un peu à travers ce labyrinthe qu'est devenu Bandcamp, je suis tombé sur Samuel Cadima. Et une première écoute de De Partida no Teleporto a vite conquit mes sens en alerte Berlin School, inspiration Tangerine Dream. Et avec raison! Le mouvement du séquenceur est circulaire et chaque touche tombe avec netteté et précision. Zigzagant avec délice, ce rythme très Berlin School sera le lit de ce superbe titre avec ces boucles rythmiques sans fin qui conditionneront un rythme statique légèrement stroboscopique. L'excuse est toute trouvée pour y insérer des lichettes de guitare larmoyantes ainsi que des solos dont les boucles jumelées à cette superposition de séquences tissent une mosaïque musicale finement spasmodique dont l'essence tourne principalement sur les axes de Manuel Göttsching. Un excellent titre qui démarre un album des plus particuliers, car si on sent le talent du musicien Portugais ça peut prendre quelques écoutes pour entièrement apprécier un très bel album venu de nul part. Refúgio débute avec des vents charriant la pluie, de lointains effets de synthés et des dialogues qui cultivent cette ouverture plus près des années psychédéliques. Cette essence de Krautrock s'enracine lorsqu'on brasse un paquet d'allumettes en bois et que finalement le son d'une allumette prenant feu se perd dans le silence. Un silence à suspens qui se brise lorsqu'une mélodie d'un genre Halloween, mais en plus inconfortable, assombrie le décor déjà très brouillon qui au bout de 3 minutes explose d'un furieux rythme électronique éveillant même les réminiscences de Adelbert Von Deyen sur Time Machine. Une belle furie à saveur analogue! La deuxième partie est très flottante alors que la finale de Refúgio est conçue dans du Krautrock psychédélique.

Montanha de Nuvens débute avec un air rythmé d'une la six-cordes acoustique. Une nappe d'orgue soutient cet air tout en lui donnant une apparence de rock progressif. L'orgue est très bien joué en passant et suit à merveille les différentes avenues de cette ballade qui finit par embrasser une tangente de heavy rock progressif avec un son des années 70. Surtout lorsque que Samuel Cadima sort sa guitare électrique! La production est top-notch avec un son étouffé, créant l'illusion d’un bootleg d'une session d'enregistrement. Les petits détails! Cadima sait comment les créer et s'en servir. C'est avec les arches de réverbérations se succédant dans une ambiance à semer la frayeur que la longue pièce-titre s'installe. Le reflet des réverbérations amplifient un sinistre malaise d'effroi que des effets percussifs découpent un une forme de rythme vaporeux poussé par les implosions cachées dans le gras de ces lignes réverbérantes. Certains effets sonores prismatiques sculptent des ouh-ouh de fantôme qui envahissent des nappes d'orgue aux arches réverbérantes. Des effets percussifs voltigent dans les courbes de ces réverbérations dont le débit continuel est source de différents effets sonores. Outros Horizontes devient alors une musique pour film à suspens ayant un côté ténébreux. Cette musique d'ambiances profitent des effets de réverbérations continues pour coucher différents éléments prismatiques afin de nous faire ressentir le côté intrigant d'autres horizons.

Avec cette saveur analogue incrustée par le Farfisa, instrument de prédilection de Klaus Schulze à ses tout débuts, OUTROS HORIZONTES de Samuel Cadima est un très beau voyage à l'époque où la musique électronique apprenait à se distancer du Krautrock. On trouve de tout dans ce 40 minutes d'une musique qui fait ses clins d'œil aux grands artisans du passé sans perdre une seconde de son authenticité. Et ces petits détails! Ils font une énorme différence dans cet album qui mérite amplement de sortir de l'anonymat!

Sylvain Lupari (06/03/21) *****

Disponible au Samuel Cadima Bandcamp

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