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Writer's pictureSylvain Lupari

SAYER: In Search of Alfheim (2019) (FR)

Updated: Sep 30, 2020

“Voici un très bon Sayer avec des patterns de rythmes qui vont de l’ambiant à du é-rock dans un très bon cortex de synthé aux parfums de Jean-Michel Jarre”

1 Grand Views 7:07

2 Under Cover of Night 6:43

3 Deep Waters 8:02

4 Cascades 8:34

5 Lost Woodlands 6:58

6 Of the Light 8:04

7 Mountain Peaks 8:21

8 Ancient Writings 6:46

9 Secret Caves 7:50

10 Homeward Way 7:04

Sayer Music (CD-r/DDL 75:29)

(Sequencer-based E-Rock)

On ne dit pas non à une nouvelle aventure en sons du synthésiste américain, Sayer. Son style énergique se transpose d'album en album avec une richesse sonore qui se réinvente constamment, faisant de chaque album un quelque chose à entendre. Construit sur la base d'un album concept, IN SEARCH OF ALFHEIM est une expédition musicale à la recherche de ce mythique pays des Elfes qui fut donné au dieu Freyr. C'est ainsi que le royaume musical de cet album propose de très bons patterns du séquenceur qui évoluent en symbiose avec ses multiples lignes de rythmes qui couchent un bon rock électronique audacieux. Les influences de Jean-Michel Jarre sont omniprésentes au niveau des rythmes primaires, puisque ces rythmes sont toujours en évolution, et au niveau des synthés et des quelques gadgets cosmiques. Chaque titre d'IN SEARCH OF ALFHEIM se complète sans se toucher en proposant des structures qui font de bonnes transitions entre rythmes et phases plus ambiantes avant de revenir avec plus de force. Si le séquenceur est aussi dominant que les percussions, les effets percussifs dynamisent les points d’appui de ces rythmes qui sont entourés par des synthés et leurs multi couches, autant d'ambiances que d'harmonies. Les forces parallèles s'équilibrent dans un séduisant album qui gagne encore plus de galons d'écoute en écoute.

Grand Views met nos oreilles en appétit avec une ouverture cryptée par les psaumes d'une chorale Elfique. Des pads de synthé érigent une muraille d'arrangements qui atteint un nouveau niveau d'émotivité à chaque nouvel élan. Intense et cinématographique, je vois au loin les plaines et les alpes du pays Elfique, cette introduction apaise sa vision grandiloquente autour des 2:30 pour laisser sa place à des pépiements organiques qui séduisent sur le lit des ronflements électroniques. Une pulsation installe une amorce rythmique qui se déploie avec une ligne de séquences aux bonds vifs, structurant un rythme statique dans une enveloppe de lourdeur. Une autre ligne de séquences émet un rythme plus vif qui fera danser nos doigts plus que nos pieds, alors que le synthé émet des chants harmonieux avec un léger soupçon des veilles contrées qui font les légendes de nos enfances. En 7 petites minutes, Grand Views propose bien des changements, subtils mais des changements tout de même, qui sont annonciateur d'un album en mouvement et qui tient l'écoute de l'auditeur sur le qui-vive. Des nappes pharaoniques encadrent le rythme balourd et circulaire de Under Cover of Night qui tranquillement dérive dans une poche cosmique avant de se sauver avec une structure lourde et vive d'un séquenceur en mode Arc ou Redshift. Les explosions sourdes alimentent la vision dantesque de ce titre aussi baraqué qu'un puissant headbanger. C'est le titre le moins subtil de IN SEARCH OF ALFHEIM. Deep Waters s'accroche à l'oreille avec deux lignes de rythmes entrecroisées où se greffent des dynamiques percussions électroniques. Dans un paysage sonore modeste, le rythme évolue avec deux ou trois modifications dans son schéma en dansant comme une ossature désarticulée. Le synthé ajoute des couches harmonieuses avec un léger niveau d'accentuation, laissant toute la place pour un rythme entraînant et plaisant à entendre. Cascades est un petit bijou, et il s'articule autour d'un mouvement zigzagant du séquenceur qui étire sa boucle avec de subtiles variations, faisant décaler la perfection du 8. Les percussions viennent avec un brin de tintamarre alors que le synthé étend une ligne mélodieuse et des pads flottant qui sentent le parfum sonore de Tangerine Dream. La musique plonge dans une phase de discorde ambiante autour des 3 minutes pour revenir dans une phase plus accentuée et avec des percussions attirées pour du gros rock électronique. Lost Woodlands propose un rythme flottant avec de lourds pads de synthé qui dégagent une aura de mysticisme. Les orchestrations sont aiguisées alors que le rythme tournoie dans un 8 tout aussi nébuleux. Ces éléments flottants se transforment en un autre gros rock cerné par un synthé et ses ses nappes remplies de résidus d'orchestrations et des effets d'une société de musiciens de MÉ antérieure et de bons solos harmonieux. Ça fait très Jean-Michel Jarre!

Idem pour Of the Light et sa lenteur cathédralesque débloquant sur une autre structure de rythme qui se distingue par le jeu des percussions sur une ligne de séquences bien fignolée mais pas complétée, si l'on en juge par l'ajout d'autres séquences qui bondissent dans des chemins contradictoires. Ce constant maillage et chamaillage entre les nombreuses lignes de rythme sont les tisserands des structures alambiquées de IN SEARCH OF ALFHEIM. Mountain Peaks est un bon rock électronique sans fritures, mais avec des bons arrangements un brin latinos. Des gargouillements et des effets électroniques construisent le rythme, avec une touche très rétro, de Ancient Writings. Son cercle rythmique imparfait crache des ions harmoniques et des broutilles de rythmes dont la symbiose formule une fascinante marche sphéroïdale sur des arrangements arabiques. Peu à peu, ce rythme acquiert assez de vélocité pour palpiter avec deux lignes de séquences et des percussions, alors que des arpèges, un peu décalés par rapport au rythme, assurent une portion harmonique qui se fond bien aux ambiances. Ici comme tout autour des 10 titres de cet album, la structure de rythme réinvente sa domination en atteignant cette fois-ci une finale qui respire cette créativité de Synergy dans Cords. Secret Caves propose une courte introduction nébuleuse avant d'offrir un rythme franc qui boitille farouchement sous des épines sonores que sont les effets percussifs et électroniques. Les percussions rehaussent la membrane nonchalante pour restructurer le tout en solide rock cosmique. Homeward Way termine cet album avec une vision cauchemardesque des années 80, là où le cinéma d'horreur réémergeait des ténèbres avec ses thèmes musicaux pastiche. La structure de rythme, finement attachée aux filaments de la mélodie, tournoie comme ces cercles vertigineux courus par des pieds sans corps. Le son a les couleurs de ses ambiances avec une teinte sépia verdâtre qui rôdent les pieds encore plus affolés. Bref, tout dépend de nos points de vue, mais c'est une MÉ vivante, créative et entraînante qui est à l'image de IN SEARCH OF ALFHEIM.

Sylvain Lupari (21/09/19) *****

Disponible au Sayer Bandcamp

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