“Un excellent album qui devrait plaire aux fans de TD et JM Jarre”
1 Neuroreality 8:53
2 Synaptic Flow 9:00
3 Cognitive Emotion 7:04
4 False Memories 8:18
5 Neural Highway 7:42
6 Sensory Stimuli 8:01
7 Diverging Circuits 7:13
8 Oscillations 7:17
9 High Order Thinking 5:57
10 Impulses 7:17
(DDL 76:46)
(TD's Berlin School E-Rock)
J'étais en auto avec un ami lorsqu'il me demande quel était cet album de Tangerine Dream qu'on écoute. Il reconnaissait le son, mais pas l'album. Tangerine Dream?! Mon vieux pote est à côté de ses pompes! C'est Sayer que je lui ai dit. Et pourtant il n'avait pas tort! Plus NEURO avançait et plus du TD on entendait! Et on a écouté ce NEURO en continuant la route tout en pointant tel moment et un autre dans un album qui surprenait avec tous ses changements de directions rythmiques comme mélodiques. De gros rock aux percussions claquantes à des envolées crépusculaires où les anges susurrent à nos oreilles, NEURO bougeait constamment comme une idée qu'on ne peut fixer sur papier.
C'est dans une intro parfumée aux ambiances de Hyperborea que le séquenceur sort de sa coquille afin de structurer un rythme ambiant avec des bouts de rythmes raboutés ensembles. Neuroreality fait l'étalage d'une parfaite maîtrise de Sayer sur ses structures. Une ombre de basse y accroche son mouvement de groove mélodieux qui allume sa première volonté rythmique. Des accords réverbérant étendent une aura d'inquiétude tandis que des accords de basse vrombissent dans une structure de rythme statique, papillonnant nerveusement de tous bords tous côtés. Les pads qui viennent donnent une allure très Tangerine Dream à ce titre où le synthé roucoule en symbiose avec la ligne de basse. La pointe de la 3ième minute pas franchie que déjà le séquenceur se met à faire dribbler ses ions dans des brumes métallisées mythiques au trio Allemand. C'est à ce point que le synthé tisse une mélodie alambiquée avec un solo dont les contorsions roulent avec acuité, appelant un bon rock électronique avec des percussions claquant dans la fureur du synthé et de sa mélodie envahissante dont le long solo reste toutefois dominée par les boucles routinières de la première ligne de mélodie. Et ainsi vont les 9 minutes de Neuroreality! Chaque tour demande plus de sophistication dans une structure qui cherche constamment l'ultime finale. Des lignes de rythmes fixés aux structures de la basse suffisent à Synaptic Flow pour explorer ses visions mélodieuses qui roulent en boucles sur les airs d'un synthé apocalyptique. Le débit est circulaire et la ligne de basse ascendante, créant un e-rock dérivant avec des sursauts d'énergie dans un paysage musical à demi éthéré comme chtonien à cause des saveurs métissées des nappes de voix. Genre de titre qui se passe assez vite sur le compteur de notre vie, Cognitive Emotion est une belle ballade électronique dominée par les chants du synthé qui revient faire son tour alors que le rythme dévoile peu à peu sa structure de charmes. False Memories débute comme une berceuse électronique avec un bel air du synthé qui rend les ambiances assez mélancoliques. Après 2 tours, le séquenceur se met en mode E-rock avec de belles textures claquantes des percussions, alimentant le débit du séquenceur qui maintient sa ligne mélodique non sans peine. Le synthé se met en symbiose avec cette nouvelle direction rythmique. Sa mélodie est vampirique et puissante, contraignant l'orientation du rythme à revenir à sa base, aussi non sans difficulté. Ultimement, le titre renoue avec son origine pour revenir avec un dernier sursaut rythmique pour finalement s'estomper dans le vide. La marche des arpèges gelés en ouverture de Neural Highway donne un ton répétitif à NEURO avec une sensation de deja-entendu dans la clarté du mouvement. Un titre qui flirte beaucoup avec l'univers cosmique de Software, son ascension mélodieuse et séquencée est hésitante et se fait par des boules circulaires qui se font légèrement bousculer par une ligne plus en rythme. L'affrontement se fait dans des nappes de voix chtoniennes, amenant le titre vers une phase plus animée où le côté lyrique s'appuie sur les accords gras d'un clavier. Devenu une chevauchée cosmique, le rythme de Neural Highway modifie légèrement sa cadence pour que nos oreilles puissent capter ses solos de synthé. Une dernière étape, ici comme ailleurs dans l'album, avant que le titre ne revienne à son point d'origine.
Le rythme de Sensory Stimuli sort des limbes d'une 40taine de secondes avec un mouvement hésitant d'une suite de basse-séquences qui fini par courir en zigzagant légèrement. Une autre ligne de séquences plus limpides se greffe à cette première structure en faisant dribbler ses ions dans un parcourt à peine différent, tant que les deux structures se fondent dans le même pattern rythmique. Une ombre mélodieuse recouvre ce rythme avec une nappe de synthé au léger parfum arabe. Deux minutes plus loin, Sensory Stimuli y va pour un autre tour en invitant les percussions électroniques à donner plus de dynamisme au rythme. Le mouvement du séquenceur est plus fluide en gambadant et en dribblant sous un autre passage mélodieux amorcé cette fois-ci par une suite d'accords du clavier. Les arrangements sont pharaoniques et nous amène à un autre niveau où le séquenceur dresse une ligne de rythme plus fluide que sophistiqué, demandant l'équivalent en solos du synthé qui s'acquitte plutôt de cette requête. De voix caverneuses, Diverging Circuits sautille sur des séquences à ressort afin de mieux sautiller sur un sol bondé d'ions sauteurs. Le synthé et le clavier assument une partie mélodieuse dont la teinte flutée fond avec la partie vaporeuse des chœurs au parfum du Dream, époque fin des années 80. Ce titre devient plus inspirant lorsqu'il franchit une seconde étape qui nous allume par son rythme fringant alors que la mélodie reste sur le même fil. Des pads flutés tombant en staccato habitent l'ouverture de Oscillations et de ses éléments percussifs habillés de feutre claquant en écho. On sent une texture lourde qui se confirme avec une nappe de basse pesante qui enveloppe le jeu nourri du séquenceur, attirant Oscillations dans un gros rock électronique dont l'effet de dérivation est évité par la charge des percussions. Le synthé injecte ses liens mélodiques en y attachant des solos, en conformité avec les développements des autres titres de NEURO. Et lorsque le séquenceur s'aventure seul sur la route l'amenant à le seconde partie de Oscillations, le rythme explose à nouveau dans un bon Berlin School dynamisé par des percussions claquantes à la Jean-Michel Jarre. Une autre influence plus secrète mais bien implantée dans ce nouvel album de Sayer. Comme un serpent se courant après la queue, pour finir par l'attraper, High Order Thinking propose une structure de rythme circulaire dont la trainée stroboscopique inonde nos oreilles d'une lourdeur excessive. Des effets bizarres et composites, comme des dialogues de canard gelés à la coke, circulent autour d’une vision dramatique du synthé et de son solos harmonique. Le seconde partie impose un rythme-hymne de guerre lourd et carabiné exigeant au serpent de se bouffer la queue! Le meilleur est pour la fin, Impulses. Exploitant un peu le même filon rythmique, mais en plus lourd, que High Order Thinking, il y quelque chose dans ce titre qui fait cramer nos émotions avec une variation dans le minutage de la mélodie ou dans sa nuance qui la rend si vulnérable à ce pilonnage excessif des séquences et des percussions armées de métal blindé. Et lorsque la phase repart à zéro, on sent cette fragilité dans les harmonies du synthé qui se refroidissent dans un filet harmonieux d'un JMJarre présentateur de ce zoo d'éléments percussifs de plomb qui malmènent avec une fascinante obsession un dernier titre de NEURO. Un album où nous sommes d'accord mon vieux pote et moi pour dire que c'est un crucifix de très bon album qui devrait plaire aux fans de Tangerine Dream et Jean-Michel Jarre. Quand à moi, je considère que c'est le meilleur de tous que Sayer Seely ait réalisé. Et il y en a eu de très bons!
Sylvain Lupari (18/08/21) ****¾*
Disponible chez Sayer Bandcanp
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