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  • Writer's pictureSylvain Lupari

SAYER: Oceans (2020) (FR)

Updated: Sep 30, 2020

Oceans est construit autour d'un bon lien entre le séquenceur, les e-percussions, la ligne de basse et un clavier qui sculpte les danses de ses arpèges

1 Ocean Expanse 8:04

2 Magnificent Kelp Forests 9:06

3 Jellyfish Bloom 7:13

4 Seahorse Dance 4:58

5 Cities of the Sea (coral reefs) 8:59

6 Majestic Manta Ray 8:23

7 Gentle Giants (whale sharks) 7:58

8 Tranquil Tide Pool 2:42

9 Crab Capers 6:14

10 Migrations 6:19

11 Currents 8:24

(CD/DDL 78:25) (Electronic Rock)

C'est avec des vagues houleuses qui roulent en crachant une écume musicale que Ocean Expanse débute cette nouvelle aventure musical de Sayer. Des effets sonores et vocables bigarrés étonnent par une portée tonale qui ressemble à des ressorts que l'on tord lorsque des arpèges gras et intimidant imposent un quart-de-seconde de terreur. Oui, ces accords qui viennent font très Jean-Michel Jarre! Même ceux qui réajustent la vision rythmique creusent aussi loin dans nos mémoires que ceux dans Les Chants Magnétiques. Le synthésiste Français fait parti de l'ADN de Sayer Seely, et c'est parfait ainsi puisque le synthésiste Texan l'utilise sans tomber dans l'excès ni la complaisance. Comme ici où il s'en sert pour créer un champs de courses pour séquenceur dans un rythme qui augmente sa rage avec de bonnes percussions et des accords de clavier bien gras. Les solos de synthé commencent à inonder ce carrefours rythmique après le point des 3 minutes. Ils dansent dans les airs sur un rock électronique soutenu par des séquences ascendantes et de bonnes percussions qui perdraient de leur mordant sans cette bonne ligne de basse. Nous pénétrons une sphère de tranquillité pour apprécier le chant des mouettes. Et bing! Ocean Expanse reprend les guide de son rythme endiablé pour nous amener à Magnificent Kelp Forests. Ainsi était Future City, ainsi est OCEANS! Un album qui arrive à presque 80 minutes avec 11 titres qui nous en mettent plein les oreilles, ce dernier album de Sayer suit les grandes lignes de son prédécesseur avec du bon rythme tissé dans une belle complicité entre le séquenceur, les percussions électroniques, la ligne de basse et le clavier qui sculpte les danses de ses arpèges. À ce niveau, la chorégraphie de Sayer est exceptionnelle dans ce décor sous-marin où on imagine aisément ses visions. Et les solos! Ils sont nombreux et superbes en survolant des patterns rythmiques en constante évolution, comme dans Future City.

Magnificent Kelp Forests propose une superbe conception musicale dont le champs de charmes nous amène à la source de cette forêt sous-marine. Séquences limpides et accords résonnants, le rythme exploite autant une approche circulaire que linéaire avec de bons effets percussifs, comme ceux qui nous rappellent que nous sommes sous l'eau, dans une vision de ballade électronique ou de down-tempo. Le bleu miroitant du son est appuyé par de très bons solos de synthé qui sont comme des caresses paradisiaques avec un timbre à la J-M J. Jellyfish Bloom fait partie de ces titres qui errent dans les limbes rythmiques de la MÉ. Le séquenceur dénoue une belle approche circulaire qu'un clavier adopte avec une série d'arpèges limpides tournoyant sous les innombrables solos de synthé qui sont toujours conçus avec une vision harmonique. Un peu comme dans Ocean Expanse, Sayer conçoit un terrain de courses pour rythmes et mélodies circulaires avec une approche musicale cristalline où on peut entendre les Jelly Fish s'amener en troupes. Seahorse Dance est une belle mélodie remplie de séquences et d'arpèges circulaires qui dansent dans un fascinant ballet que j'imagine être cette danse de séduction qui allume le principe de reproduction. Les arrangements, tant orchestraux qu'électroniques sont splendides dans cette chorégraphie tissée a même l'imagination. Cities of the Sea (coral reefs) est un gros titre pour les amateurs de musique pour films! Son début est quelconque avec ces séquences qui sautillent maladroitement, comme les pieds d'un Bambi pas trop tenté de s'aventurer sur un étang glacé. Cette promenade indécise est enveloppée par un majestueux synthé et ses brises orchestrales imaginées dans les influences de Vangelis. Inutile de préciser que c'est très beau! Des séquences pulsatrices s'impatientent en sautillant fortement sur place, irradiant un champs de radiations qui prend de plus en plus sa place dans le décor. Tant que ce mouvement se retrouve seul et initie un débit plus rapide d'une deuxième ligne de rythme qui est soutenue par des percussions et par l'écho de la dernière frappe. Des voix chthoniennes surchargent une décor déjà lourd avec un séquenceur qui lance une autre ligne de rythme dont le débit saccadé est repris par les respirations des orchestrations. On se croirait dans une musique de films de Vikings, tellement les ambiances sont puissantes.

La voix d'une sirène enchanteresse nous amène à des proportions plus oniriques. Toujours en imaginant une musique pour films, ces ambiances séraphiques de Majestic Manta Ray sont chassées par un séquenceur et sa ligne de rythme zigzagante. Une pluie d'arpèges cristallins se met à tomber et à danser sur une introduction méditative qui se reconvertie en un bon rock électronique nerveux. Le chant des brises de synthé s'amènent un peu avant les percussions et le titre exploite une tangente très présente dans cet album avec 3 visions rythmes qui s'affrontent dans une douceur quasiment poétique. Ici, la ligne du séquenceur adopte un débit statique avec des ions qui virevoltent de nervosité comme ces boules de loterie dans un boulier. Ce mouvement oscille par instants alors qu'une autre ligne impose un mouvement plus fluide en oscillant dans un style de rock électronique bien appuyé par des percussions et des effets percussifs dont l'explosions des teintes s'adaptent aux chants du synthé tisseur d'excellents solos lyriques. Cette complicité ressort plus dans un titre comme Majestic Manta Ray et un titre comme Gentle Giants (whale sharks) qui est un solide rock électronique un peu moins féroce que Ocean Expanse. Tranquil Tide Pool est un titre de turbulences aquatiques alors que Crab Capers propose un rythme ambiant orné d'arpèges dont les teintes irisées et les tonalités de xylophones sculptés dans les légendes virevoltent autour de son approche pulsatoire. On y entend de belles phases éthérées qui sont remplies de prismes chantant et qui se jettent dans un amas de nappes orchestrales où Crab Capers hésite entre une naissance rythmique plus vitaminée et la vision plus cosmique de son orientation. Ensuite, il faut suivre les élans de masses avec les yeux de nos oreilles pour admirer comment Sayer réussit si bien à coller des titres sur sa musique. Sur des battements sourds et linéaires, il greffe des arpèges qui s'entrechoquent dans un ballet statique lumineux. Les tonalités exaltent d'effets de prismes cristallins dans une chorégraphie tonale amovible. De l'autre côté de ce décor, il tisse des voiles en soie qui s'envolent dans une vision harmonieuse. Et c'est ainsi qu'à travers ces phases, Migrations volètent d'un point à l'autre dans une approche où vélocité et intensité vont main dans la main. Sayer ne pouvait conclure OCEANS que d’une superbe façon et c'est ce qu'il fait avec Currents! Cette superbe ballade débute avec une vision cosmique et des intonations de Frédéric Mercier dans les tendres nappes de synthé d'où émerge un carrousel d'arpèges virevoltant dans les brumes cosmiques. Basses pulsations et percussions donnent une profondeur rythmique qui sert de base à de très beaux solos de synth absolument divins et dont les airs infiltrent nos sens. Le séquenceur multiplie des lignes de rythmes dont intonations variées convergent vers une seule dimension, alourdissant constamment ce tissu rythmique que le clavier épouse afin de rendre l'aspect harmonieux encore plus riche. Les orchestrations du synthé réussissent à alléger le poids de cette masse de rythmes qui s'envolent aussi dans une vision séraphique jamais atteinte jusque là par les 10 autres titres qui font de OCEANS un autre très bel album de Sayer. Un album où le bleu et la faune de la pochette ne sont pas juste dans le pochette…

Sylvain Lupari (23/04/20) *****

Disponible au Sayer Bandcanp

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