“Véritable amoureux de Klaus Schulze, Sequentia Legenda poursuit sa quête pour reproduire son essence avec ce très beau Ethereal. Un indispensable!”
1 Stratums of Seraphic Voices 26:28 2 Around the Second Moon 22:45 3 Elevation 20:36 Sequentia Legenda Music
(DDL 69:49) (Schulze retro style Berlin School)
Une splendide nappe de synthé sculptée dans l'éther étend ses horizons vacillants et ancrent Stratums of Seraphic Voices bien solidement au fond de nos tympans. Les percussions qui suivent épousent une cadence délicieusement hypnotique. Une cadence que plusieurs reconnaîtront en celle que Klaus Schulze dévoilait en 77, avec l'album Body Love et le titre Nowhere - Now Here, mais dans une structure nettement plus lente et ainsi plus morphique. Construit autour de 3 longs titres aux lentes évolutions minimalistes, ETHEREAL est un album conçu en hommage au légendaire Moog Modular et par la bande à Klaus Schulze et ses mirages musicaux. Et puisant dans ces exquis parfums d'antan qui ont bercé et inondé nos oreilles pour une trop courte période de temps, Laurent Schieber signe ici un album plus que séduisant qui respecte cette volonté de Sequentia Legenda pour recréer les ambiances de la Berlin School rétro. Dans son enveloppe minimaliste, percée de belles nuances qui amplifient les charmes des voix éthérées, Stratums of Seraphic Voices présente une structure envahissante avec une cadence qui gagne subtilement en vélocité avec des percussions nettement plus agressives. De sa forme anesthésiante, la musique est devenue plus vivante avec un bon jeu des percussions et les effets cosmiques d'un synthé qui se fait plus discret au niveau des solos, il n'y en a aucun, mais qui est aussi plus généreux au niveau des textures de voix et des nappes aux doux parfum d'éther. Près de 30 minutes sur une thématique minimaliste morphique qui s'épuisent sans sentiment de lassitude! Il n'y avait que Klaus Schulze pour réussir pareil exploit. Laurent Schieber fait comme le maître et à la perfection.
Around the Second Moon est un superbe titre qui démontre que Sequentia Legenda ne nourrit pas son répertoire en imitant systématiquement Klaus Schulze. Toujours dans une approche minimaliste, la musique sautille légèrement dans une forme savoureusement organique et stroboscopique. Cette boucle rythmique peu coutumière est nourrie d'effets qui couinent et qui vacillent dans des mini structures circulaires et dans d'immenses nappes anesthésiantes. Le tempo est structuré sur des percussions tam-tam dont les battements, qui ne s'épuisent jamais, vont dans le sens contraire des sempiternels boucles couineuses. Les percussions injectent une ambiance de rock électronique acide autour de la 7ième minute. Ces percussions entraînent le rythme hypnotique de Around the Second Moon vers une tangente encore plus explosive après la 13ième minute. Entre ces phases, Sequentia Legenda orne sa musique de différents effets et de nappes toujours autant brumeuses. Par ailleurs, cette dernière phase très déroutante et le mouvement des séquences qui couinent me font littéralement penser à The Who dans Won't Get Fooled Again. Un délice pour ceux qui aiment quand ça brasse! Ce mouvement endiablé perd de sa vélocité vers la 17ième minute en étant absorbé et étouffé par une chorale séraphique. Et sous la dense nébulosité de ces immenses nappes de voix, le rythme endormi cherche toujours à se réanimer. J'ai trouvé ça aussi bon que beau et qu'original. Elevation nous ramène dans la période Moondawn de Klaus Schulze avec d'énormes bancs de brouillard et de voix éteintes qui enserrent une structure qui se vivifie toujours plus sous les étreintes des nappes sédatives. Il y a tempête sous ces nappes. Une tempête née des percussions dont les vifs et lourds roulements sont contraint à l'anonymat, tant la force des bancs injecte toujours un effet anesthésiant à une rythmique qui ne cesse de marteler sa sourde révolte. C'est autour de la 14ième minute que Elevation se détache des nappes de brume et de voix, voguant sur une superbe déroute rythmique digne du grand maître des rythmes et des sons analogues qui est à l'origine de la musique de Sequentia Legenda.
Je ne suis pas certain, mais je crois entendre des sifflements d'un synthé errant vers la finale. Et c'est le seul petit bémol à la superbe musique de cet album; le manque de solos de synthé. Dès que Laurent Schieber sera moins gêné et sera libre de toutes contraintes, sa musique brillera au firmament des grands noms de la MÉ. Mais ça n'enlève rien à ETHEREAL qui est un excellent voyage dans le temps de l'analogue. Offert en CD manufacturé et dans un bel emballage Digipack, ainsi qu'en format téléchargeable, c'est un must pour les fans de Klaus Schulze, périodes 76-77.
Sylvain Lupari (10/08/17) *****
Disponible au Sequentia Legenda Bandcamp
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