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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Solar Fields Formations (2022) (FR)

Un splendide album aux ambiances évolutives dans une faune sonore kaléidoscopique

1 Animals 7:35

2 Echostream 8:26

3 Omatic 7:24

4 Motion Horizon 7:30

5 A Friend 6:23

6 Star Carnival 9:22

7 Between Mirrors 5:29

8 Always 034746 9:55

9 Desolation 7:59

10 Lemonia 8:24

(CD/Vinyl/DDL 78:31)

(Synth Music, Electronica, Psybient)

Une chronique à près de 10,000 mots! Me voilà rendu à un album ou je vais manquer de vocabulaire afin de décrire toutes les multiples couches d'effets sonores, les nombreuses avenues tonales et les accentuations tant rythmiques qu'émotives qui englobent les 78 minutes de ce superbe FORMATIONS de Solar Fields. Plus de 4 ans séparent Ourdom et ce nouvel opus de SF et le ton est moins du genre psytrance en étant légèrement plus accessible. Entretemps, Magnus Birgersson s'est plutôt amusé à

rééditer et remixer son catalogue. Au niveau création originale, la palette est bien mince avec un mini album en 2019, Undiscovered Stories, et un single l'an passé, By the Void. Malgré ces années, l'univers du musicien Suédois est toujours conçu de recherches méticuleuses et de conceptions audacieuses afin de créer un esthétisme sonore et musical qui a peu d'équivalence dans le domaine. Même dans les territoires les plus psychédéliques du psybient! En fait, nous sommes dans un territoire qui transcende le genre. Dans un nouveau lexique musical où Solar Fields est l'architecte capable de mettre en sons et en musique les moindres détails d'une imagination qui flirte avec la plus dure des drogues. Un cadeau pour les esprits torturés comme pour ceux qui aiment s'abandonner aux fantaisies de ce musicien qui sait tirer les ficelles de ses nombreux instruments comme celles de nos émotions. Parce que la musique de Solar Fields suit un schéma très précis. Ça débute avec une ouverture atmosphérique, plus ou moins longue, qui est liée à ce nouveau lexique. Une structure de rythme, lourde, lente comme animée en émerge pour suivre une courbe de progression afin de générer des extases passagères jusqu'à ce que Solar Fields décide de nous faire monter au pinacle du plaisir auditif. Moments particuliers qu'il insère judicieusement dans des endroits bien précis dans FORMATIONS afin de tenir l'auditeur en otage de ses émotions. Chaque titre est indépendant l'un de l'autre dans ce nouvel opus de SF. Cela n'empêche pas qu'ils sont liés par une fascinante faune sonore kaléidoscopique où de nouveaux détails, de nouvelles nuances et de nouveaux sons sont détectables à chaque nouvelle écoute. Mais ce n'est pas cette qualité qui nous pousse à réécouter cet univers novateur. C'est plutôt cette large gamme de rythmes de toutes formes : vivants, ambiants, dansables, lents et lourds qui flirtent avec les essences de l'Électronica, de la synthpop futuriste ou du psybient qui suivent des phases transitionnelles dans des ambiances qui dominent les courts fils de mélodies. Ces mélodies fragmentées vont et viennent comme des spectres irradiant de couleurs irisées dans des ambiances ténébreuses comme lumineuses qui flirtent avec le Cosmos et, plus terre-à-terre, avec la mélancolie comme et son contraste. Bref, toute une gamme d'émotions où la chair de poule est le berceau de votre mélancolie!

Une ombre bourdonnante, et son spectre plus musical, introduit le paysage cosmique de Animals. Déjà, nous entendons les particularités et cette richesse des sons qui appartiennent au lexique SF. Les éléments percussifs, ou de bruits cadencés c'est selon votre interprétation, font aussi parties intégrantes des rythmes de la diversité rythmique de cet album. Et celui qui développe Animals possède une fascinante essence tribale d'une autre galaxie bien loin de la nôtre et pourtant intimement lié si on abuse un peu de ces substances illicites. On dépasse à peine la 3ième minute que le rythme se métamorphose en une ligne de strobes cadencés qui développe un mouvement spasmodique que des riffs de clavier enveloppent d'une essence plus musicale. Cette ligne de strobes ondule, favorisant ces contrastes entre les rythmes versus les ambiances et les bribes de mélodies. Une autre métamorphose organise un rythme plus nuancé, quasiment en mode rock électronique tribal, faisant ressortir encore plus le contraste des rythmes alors que le niveau des ambiances accentue sa courbe émotive. Echostream propose un rythme pulsatoire enrobé d'une membrane caoutchouteuse et dont la cadence est hyper entrainante. Il y a comme un effet de fronde élastique dans les basses pulsations qui cognent tout en courant dans une forme de marathon rythmique en mode ascensionnel. J'y trouve une essence tribale plus en mode IDM avec une belle ascension et de bons effets percussifs qui sautent d'une oreille à l'autre dans un conclusion toujours porté sur sa dose d'émotions. Un très solide titre, Omatic débute par un rythme lent sis sur une onde de basse vampirique dont les oblongs mouvements rampants soulèvent une empreinte tonale. Si la principale ossature est douce, lente et onirique, son environnement pétille d'effets percussifs qui tentent de donner une vitesse à ce titre idéal pour une lente danse cérébrale. Et comme tout n'est pas immuable dans FORMATIONS, sa seconde partie s'éveille à un rythme dont la lourdeur et la lenteur répondent à une ligne de basse-pulsations saccadées. La nappe de basse mange littéralement nos tympans dans ce titre, de même que cette mélodie envahissante frappée par le clavier. L'effet de ralenti qui y erre et cette poussée émotive du synthé sont parmi les nombreux éléments de séduction de ce titre qu'on veut réentendre immédiatement. Après un lent départ, Motion Horizon embrasse la structure d'un séduisant downtempo lourd, vibrant et aussi très lunaire, genre un rythme lent ambiant. La masse de sons et cette mélodie qui tinte dans l'ombre de la vorace nappe de basse ancrent nos oreilles à nos émotions. Percussions et basse-pulsations résonnent et rebondissent autant que les accords d'un clavier mélancolique, initiant une seconde moitié aussi émotive que passionnée dans un intense pinacle musical. A Friend est tiraillé par son ouverture à la fois cosmique et céleste avant que des doubles coups de percussions ajustent un rythme lent bien guidé par cette ombre de basse qui se meut comme un fantôme, poussant le rythme vers une délicate accélération. Le paroxysme latent est fourni par une autre belle poussée d'émotions autour de 4ième minute. L'ambiance est cosmique avec de superbes orchestrations à faire soupirer une roche. Ce titre respire ces moments d'extase et de frissons que j'ai entendus dans Until we Meet the Sky.

Un grondement réverbérant comme un drone crachant ses boulons est à l'origine de Star Carnival. Une nappe de synthé d'un bleu fluorescent ajuste les ambiances afin de les propulser vers du gros et lourd EDM. Ces nappes ont des ombres orchestrales criardes qui enrobent ce mouvement impétueux. Des particules cristallines s'en échappent et l'érosion se fait par sillons saccadés pour conduire la musique vers son port atmosphérique un peu avant la 4ième minute. Un bref moment avant que Star Carnival renaisse dans une structure plus lourde et plus vive avec des arrangements toujours aussi criants d'émotivité. Between Mirrors est un peu plus atmosphérique avec une texture d'effets sonores et de diverses palpitations qui sculpte un rythme stationnaire frétillant de ses milles possibilités tonales. Ce kaléidoscope de tonalités agitées évolue avec un crescendo d'émotions qui garde les nôtres sur le qui-vive, ou sur le bord de déborder de ces frissons de plaisir orgasm-sonique. L'ossature de Always 034746 s'effiloche en spirales saccadées qui virevoltent dans un élan spasmodique soutenu. On entend le martèlement mécanique des arpèges qui semblent descendre des nues. C'est comme danser une chorégraphie d'Électronica à l'envers! Le rythme se développe en une structure plus dansable en seconde partie. On flirte quasiment avec un mélange de rock et synthpop qui devient de plus en plus entraînant. Les effets de cliquetis ajoutent une touche industrielle, alors que d'autres effets sonores cherchent à faire travailler toujours un peu plus mon vocabulaire. Toujours est-il qu'une 3ième mutation rythmique s'effectue, donnant un élan inarrêtable à ce rythme qui s'harmonise avec des airs des murmures et/ou de chevrotements synthétisés et des voix astrales. Nous sommes carrément ailleurs ici! Une ombre vibrante et des percussions pesantes sont à l’origine du rythme lourd et lent de Desolation. Dans les faits, l'ouverture est en symbiose avec le titre! Cette masse de sons ténébreuse et hyper enveloppante devient malmenée par ces percussions qui sont plus lourdes et aussi plus incisives. Les ambiances sont déchirantes avec un dense velum chargée de particules sonores compressées où se greffent ces arrangements électroniques innés au style de Solar Fields. Inutile de mentionner que les frissons courent autant dans mon salon que sur les bras. Malgré une courte phase de méditation inachevée, ça reste un titre avec un rythme lourd et lent qui charrie nos émotions avec une puissance à nous virer dans nos shorts. Lemonia termine ce FORMATIONS avec un rythme lourd bien martelé par ce maillage de basse, percussions et basse-pulsations où niche une petite mélodie qui se déroule en boucles successives. Le titre passe par une phase plus méditative, toujours riche de cette foisonnante faune tonale, où des arpèges vibrionnent avec leurs effets miroitants. Cette phase bouillonnante à cet effet ascendant qui se jette dans une finale où le rock cosmique reste à deux doigts de l'Électronica dans de beaux arrangements qui surdimensionnent constamment la musique de Magnus Birgersson.

Offert en CD et vinyle via le label Sidereal, une division du label Italien Avantgarde Music, ainsi qu'en format téléchargeable HQ 24Bits sur le site Bandcamp de Solar Fields, FORMATIONS est ce genre d'album que je vais écouter pendant des semaines avant de passer à autre chose. Je sais que nous sommes loin du genre Berlin School et de ses dérivés que je chronique habituellement sur ce site, mais parfois c'est tout simplement délicieux de sortir de sa zone de confort pour entendre ce qui se fait ailleurs. Et ce nouvel album de Magnus Birgersson est un petit bijou d'un univers sonore à des dizaines de lieux de ce que nous entendons habituellement. Et c'est fait dans des rythmes évolutifs, des ambiances en mutation et des arrangements électroniques à faire pleurer notre âme. Du très grand Solar Fields!

Sylvain Lupari (25/11/22) *****

Disponible au Solar Fields Bandcamp

(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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