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  • Writer's pictureSylvain Lupari

STEFAN ERBE: Breathe (2020) (FR)

ā€œC'est un solide album dont les composantes disparates et cet essence de Berlin School dans ses hymnes de EDM sont les fils de son envoĆ»tementsā€

1 No more Limits 5:05

2 Breathe 4:14

3 Aeronautica 6:34

4 September Rain 6:02

5 Damaged not Dead 6:16

6 Life 3:54

7 Toxigen 4:39

8 Horizon is Blue 4:04

9 Exhale 3:12

10 The Hunter 4:49

11 Last Hand 5:20

12 Bright like a Silver Star 6:30

(CD/DDL 60:46)

(EDM & Berlin School)

Que de plaisir j'ai eu Ć  Ć©couter ce dernier album de Stefan Erbe. Je me suis dĆ©guisĆ© en air-drummer et en air-pianiste Ć  tenter d'imiter certains de ces rythmes lascivement extra-terrestres ou hyperviolents du cĆ©lĆØbre DJ Allemand qui n'a pas eu peur de faire tremper ses innombrables hymnes de EDM dans une sauce Berlin School qui frĆ“le le psybient et la rudesse de Jerome Froese, notamment dans la sĆ©rie Dream Mixes. Ordinairement, j'ai besoin d'une couple d'Ć©coutes avant d'embarquer dans l'univers EDM de Stefan Erbe. Ce fut cependant trĆØs diffĆ©rent dans BREATHE dont le cĆ“tĆ© harmonieux et ambiant nous font respirer des parfums de Vangelis alors que le cĆ“tĆ© rock Ć©lectronique fait un admirable lien avec le style Berlin School et ces splendides solos de synthĆ© qui s'y rattachent.

No more Limits nous met tout de suite dans le bain. Son ouverture est conƧue avec des Ć©lĆ©ments percussifs qui cernent une forte envie de dĆ©coller d'une sĆ©rie de sĆ©quences qui dĆ©campent finalement dans un trĆØs bon Berlin School Ć  la Tangerine Dream. Les arpĆØges se serrent les coudes dans une vision harmonique du genre avance-et-recule. Les solos de synthĆ©s sont trĆØs bons, mĆŖme surprenants venant d'un prince de la Dance Music. Et Ć©coulant quelques phases de rythmes sans connections, la derniĆØre phase de No more Limits sacrifie le E-Rock pour du gros EDM avec un goĆ»t de GOA. La piĆØce-titre s'inspire du dernier Ć©clat du premier titre pour coucher une belle phase Ć©thĆ©rĆ©e que des effets de voix amĆØnent vers un genre de rap-ambiant. Musique futuriste avec un effet de caoutchouc dans les gumpf des voix, la mĆ©lodie Ć©vasive de Breathe se sauve vers Aeronautica qui repropose un autre genre de Berlin School avec une structure de rythme galopant mollement entre les beaux arpĆØges miroitants et de bons solos de synthĆ©, plus sobres cette fois. Comme c'est souvent le cas avec les albums de Stefan Erbe, les 12 titres sont soudĆ©s en un longue mosaĆÆque de rythme entraĆ®nants qui sont plus prĆØs des zones de rock que de danse, bien que cet Ć©lĆ©ment reste toujours prĆ©sent dans les 60 minutes de BREATHE. September Rain coule comme une belle mĆ©lodie Ć  la Vangelis, arrangements compris, avec un lĆ©ger soupƧon organique. Surtout dans son introduction. Les orchestrations sont sublimes et nous donnent le frisson au cordon qui relie notre Ć¢me et notre imagination. Un trĆØs beau titre qui nous amĆØne Ć  Damaged not Dead. Encore une fois, l'introduction est tissĆ©e dans la crĆ©ativitĆ© avec des effets percussifs, des percussions et un dĆ©cor de paranoĆÆa oĆ¹ j'ai toujours en tĆŖte l'ouverture de The Spirit of the Czar de Dream Mixes III. Des nappes de voix chthoniennes et de moines sataniques se greffent Ć  la progression du rythme qui reste trĆØs thĆ©Ć¢tral.

Le titre suivant, Life, est son accroissement avec un rythme tournoyant qui est emmitouflĆ© dans de superbes orchestrations. Un court titre avec une vision cinĆ©matographique assez intense. Toxygen prend tout son temps et demande tout son Ć©nergie avant de dĆ©border vers un hymne de EDM. Entretemps l'introduction est conƧue dans le mystĆØre avec des chuchotements dans les corridors d'une grotte polaire et sa brume bleue qui s'Ć©vapore avec un premier contact rythmique circulaire. Ce rythme est forgĆ© de sĆ©quences qui dĆ©rivent en un arc giratoire et d'arpĆØges avec des tonalitĆ©s nerveuses qui virevoltent dans son axe. Il y a de l'intensitĆ© qui s'accumule au pouce-carrĆ© lorsque le rythme explose pour un IDM serti de sĆ©quences spasmodiques et d'effets d'un DJ qui a dĆ©jĆ  ses souliers dans un univers d'extase. Horizon is Blue est un bon mĆ©lange de Techno Dance avec des orchestrations qui ont cette tendance Disco dans les bonnes annĆ©es de Giorgio Moroder. Le titre plonge dans du pur Techno avec une belle mĆ©lodie intuitive au clavier. Exhale passe en coup de vent avec des battements Ć©parpillĆ©s entre des vagues de synthĆ© qui bousculent la sĆ©rĆ©nitĆ© des arpĆØges flottants. Le panorama musical est trĆØs riche sur ce titre ambiant qui se fait aspirer par les ondes de The Hunter et de son rythme vif. Sa structure Indie et IDM est initialement propulsĆ©e par un sĆ©quenceur et ses arpĆØges qui bondissent sur un Ć©troit convoyeur en forme de spirale. Des murmures rauques et un rythme irrĆ©gulier deviennent la poussĆ©e nĆ©cessaire Ć  ce que la musique devienne mur pour un plancher de danse en sueur. Il y a une fascinante essence tribale, au niveau de certaines percussions et des voix absentes, et mĆŖme de Tangerine Dream, Mars Polaris, dans cette texture de danse qui prend une et mĆŖme une deuxiĆØme pĆ©riode transitoire avant de reprendre autant de force mais aussi en proposant de nouveaux arguments rythmiques. Last Hand est un autre de ces titres dans BREATHE qui prennent une tangente ambiante et dont le rythme croissant s'acoquine Ć  un synthĆ© et ses nombreux solos torsadĆ©s. Lourd, lent et puissant, le titre dĆ©rive vers l'ouverture morphique de Bright like a Silver Star. Ici, des arpĆØges dansent sur des accords de clavier qui peu Ć  peu proposent une texture saccadĆ©e. Les arpĆØges tintent d'une luminositĆ© harmonieuse alors de d'ambiant, Bright like a Silver Star Ć©volue en un down-tempo secouĆ© par de courtes vagues de percussions. Des Ć©lĆ©ments qui n'arrivent pas Ć  faire sombrer la mĆ©lodie dans le vide. Si elle change de tons dans des pĆ©riodes ambiantes, elle revit dans une forme toujours aussi Ć©thĆ©rĆ©e, mĆŖme pour un rythme de danse, dans des arrangements conƧus dans ce que Vangelis Ć©tait capable de faire de ses plus belles mĆ©lodies.

Stefan Erbe a toujours pris comme habitude d'insƩrer une phase de Berlin School dans un nouvel album. BREATHE en est tapisser quasiment mur-Ơ-mur. Le sƩquenceur dans cet album est rƩglƩ en mode Chris Franke et doit composer avec un univers de percussions et d'effets percussifs aussi surprenants qu'entraƮnants. Les mƩlodies sont imbibƩes d'une vision cƩleste remplie des parfums de Vangelis. Bref, BREATHE est un solide album dont les composantes disparates et cet essence de Berlin School dans ses hymnes de EDM sont les fils de son envoƻtements.

Sylvain Lupari (08/11/20) ****Ā¼*

Disponible au Stefan Erbe Bandcamp

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