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  • Writer's pictureSylvain Lupari

STOCKMAN: Part of the Industry (2014) (FR)

Dansante mais tourbillonnant lentement dans des ambiances cosmiques, voire éthérées, cet album montre un éventail des styles de MÉ avec cette unique approche Stockman

1 Monto's Production Line 8:44

2 Part of the Industry 6:28

3 Industrial Hauntings 8:28

4 Brains in Overdrive 9:19

5 In Time Delivery 7:10

6 The Factory Never Sleeps 8:41

7 No Supplies Left 7:23

8 No Supplies Left (Deep Mix) 4:41

(CD-r 60:28) (V.F.)

(Industrial Dance Music)

De lents battements d'ailes métalliques font crisser les vents qui flottent paresseusement dans un nid de réverbérations aux rayonnements parasitaires. Les chants sont caramélisés de métal hurlant. Les percussions qui tombent délicatement éveillent d'autres chants. Celui des synthés. Ils sont torsadés et roucoulent avec passion. En fait, on dirait qu'ils pleurent. Tranquillement Monto's Production Line s'extirpe de sa membrane morphique avec un mouvement de séquences qui se rapproche en faisant gigoter ses ions. Les solos sont toujours séraphiques. Mélodieux, on croirait entendre du Tangerine Dream. Ils flottent et rêvassent sur un une structure de rythme qui palpite nerveusement mais sans toutefois délaisser sa membrane ambiante. Car si nos pieds tambourinent sur place, nos bras ailés suivent les courbes des solos qui alimentent le rythme toujours assez ambiant de Monto's Production Line. Et ce, même si des percussions et des séquences en secouent les ambiances. Vous me direz que vous entendez un genre de Jean-Michel Jarre, que je répondais que vous n'êtes pas vraiment très loin! Des rythmes statiques qui palpitent dans des structures de dub-techno ou de dub house assez morphiques et qui nous tire vers un plancher de danse où l'on volette sur place comme un oiseau trappé dans une bourrasque de vents circulaires, la musique de Stockman fait un large éventail des sous-genres d'une MÉ qui a troquée ses habits d'ambiances pour ceux un peu plus musclés de danse cérébrale. Et cela n'aura jamais été aussi tangible qu'avec PART OF THE INDUSTRY, un album qui nous amène aux portes d'une musique de danse sombre et créative.

Avec ses boucles qui virevoltent dans les lourdeurs d'une ligne pulsation résonnante, d'une ligne de basse ondulante et des percussions toutes gênées d'harponner le rythme, la pièce-titre offre une structure de rythme flottante. Des bribes d'harmonies et des vents caverneux se greffent à une tension musicale dont la perpétuelle retenue nous plonge dans une structure de rythme qui nourrit son ambigüité dans un pattern de MÉ ambiante. Il y a des éléments de tension, mais rien n'explose. Tout reste relativement ambiant. C'est comme une tempête où des particules hétéroclites se bousculent dans un long tube étroit. Les murs finissent par trembler avec Industrial Hauntings. Après une brève intro ambiosonique; séquences pulsatives et percussions martelantes dressent les lignes d'un lourd rythme assez entraînant. Des castagnettes électroniques aromatisent ce rythme linéaire de parures psychédéliques alors qu'une puissante ligne oscillatrice dessine une large aura circulaire de Goa, de trance. Stockman troque ses habits de moine électronique passif pour ceux d'un DJ qui fait sautiller sa foule jusqu'à épuisement. Les approches sont toujours aussi minimalistes et les ambiances restent toujours aussi cosmiques, sauf que Godfried Stockmans s'ingénie à y greffer des éléments parallèles qui conquerront autant votre goût de vous garocher que d'écouter. Au début mes oreilles étaient assez frileuses, on est assez loin du Berlin School ou de la musique de méditation, sauf que le beat principal, très entraînant, et les lignes de rythmes, toujours assez variables, font qu'on fini par aimer. Et pas juste un peu. Le phénomène s'applique aussi au puissant, mais moins lourd, The Factory Never Sleeps qui me rappelle la musique des trance psychédélique des années 90. Et que dire de Brains in Overdrive? Son introduction est tout simplement savoureuse. Des touches séquencées sautillent dans un effet de cascade pour tambouriner comme des touches de piano dans les cliquetis de claquettes. Le mouvement reste ambiant et sautille (hoquète) constamment sous un ciel sonique bariolé de milles plaintes, comme de mille bruits d'une cité futuriste sur le point de s'endormir. Sauf qu'on ne dort pas! Des gargouillis cybernétiques s'invitent à la danse statique. Ils excitent les nuances passives et guident Brains in Overdrive vers une lourde structure oscillatrice qui ondule vicieusement sous un brillant amalgame de percussions et de séquences basses. On craquera pour In Time Delivery, un vrai titre genre FM. L'intro est très éthérée. Et veut, veut pas, ces lignes de synthés aux chants séraphiques picotent le cerveau. Et puis le rythme tombe. Oscillant sur des séquences aux zigzags verticaux, hésitant sur percussions volages et claquantes, il se mouille pour un suave down-tempo aux allures de lent drum'n'bass où roucoulent des solos et mijotent une ambiance cabalistique. On accroche dès la première écoute. Et il y a du Jarre plein les percussions! Pulsations lourdes, percussions volantes (et claquantes), séquences sphéroïdales, dialogues robotisées et des oscillations qui roulent comme de lentes vagues soniques; No Supplies Left mélange tous ces ingrédients afin d'offrir un bon techno vibrant avec de bonnes petites phases ambiantes et des harmonies cybernétiques qui donnent une approche futuriste à une musique qui ne nous est pas inconnue. Son deep-mix mélange ambiances cosmiques à un mouvement de trance graduel, mais non total, qui brûle les rapides et nerveuses pulsations, ainsi que ces riffs flottants qui bercent des divagantes harmonies synthétisées.

La force de Stockman est de bien mélangé une approche ambiante et cosmique à des rythmes qui sont plus humains. Les boum-boum et les tsitt-tsitt sont bien dosés, les dialogues cybernétiques ne sont pas trop exagérés et les percussions claquent juste assez pour ne pas avoir envie de fermer le son. La portion mélodieuse, ainsi que les phases ambiantes, sont magnifiquement couchées par des bons solos de synthé qui rappellent les sonorités harmonieuses du Dream, période analogue. En fait, PART OF THE INDUSTRY consolide les approches de Kraftwerk, Element 4, Tangerine Dream et Jean-Michel Jarre dans une enveloppe de trance plus contemporaine. Un beau buffet qui nourrit bien les oreilles sans trop demander des efforts aux pieds.

Sylvain Lupari (25 Octobre 2014) ***½**

Disponible au SynGate Bandcamp

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