Sylvain Lupari
Surface 10 A Stray Ending (2023) (FR)
“C'est du pur art pour oreilles dans une tapisserie sonore généré par un esprit très créatif”

1 Neverheart 6:00
2 DT5 United 5:14
3 Pre-realm 11:17
4 Mac Took Air 8:47
5 You Died Before Time 7:35
6 Azz 9:46
7 Dorothy Spearhead 4:36
8 Non Fi 9:33
9 Universal Winter (Rework) 7:42
(CD/DDL 70:46)
(Psybient, Electronica, IDM)
Des clapotis de vagues qui applaudissent! Ça existe? En tout cas, ça illustre fort bien les dimensions sonores de ce dernier album à sortir sur le label Anglais DiN. Il y a longtemps que Surface 10 ait produit un album. Dean De Benedictis? L'homme derrière le projet Surface 10 est aussi plutôt tranquille. Son dernier album, Salvaging the Present, remonte à la fin 2016. Il a fait sentir sa présence dans le très étonnant Hemispherica Portalis (Portal Of 1000 Years). Un album tribal et psybient fait avec Deborah Martin sous le nom du groupe Desensitized en 2020. Il paraît qu'il est beaucoup plus impliqué dernièrement dans le 7ième art. Et ça s'entend à travers les 9 chapitres musicaux de A STRAY ENDING qui est son 3ième opus sur DiN. Les 2 autres, que je n'ai jamais entendu, étant In Vitro Tide (DiN8 2000) et Surface Tensions (DiN24 2006). Et comme dans Salvaging the Present, A STRAY ENDING est une œuvre musicale difficilement accessible où il faut persévérer afin d'en découvrir toute la richesse et surtout sa profondeur. Nous sommes dans les territoires du néo-psybient avec des effets de glitch, de rythmes et de non-rythmes suspendus et/ou entrecoupés dans des ambiances où le surréalisme sonore devient des paysages impressionnistes. La palette des styles exploités dans cet album rencontre les ambitions créatives de son auteur qui aime flirter avec les essence de l'Électronica, de l'IDM et du Indie rock avec sa dose psychédélique électronique dans des textures tonales hautement cinématographiques et dont les horizons flirtent avec un irréalisme idéal pour des visions dystopiques. Le tout est enveloppé dans les immenses capacités créatives de la musique électronique (MÉ) où toutes sources de sons sont exploitées dans un contexte qui transcende ses usuelles frontières.
Les vagues d'applaudissements de Neverheart se transforment en une chorale de spectres qui fredonnent sur les lentes et amples ondulations d'une ligne de basse mortelle pour les émotions. Son mouvement sculpte un rythme ambiant langoureusement entraînant, comme une valse éthérée. Divers picots sonores stigmatisent des résonnances de tintements percussifs, entrainant l'oreille dans cet univers où les battements et les séquences de rythmes intermittents deviennent des éléments incitatifs à la découverte de cet album. Le décor sonore n'a rien à envier aux froides ambiances des groupes phares dans le domaine du psybient alternatif tel que Carbon Based Lifeforms ou Solar Fields. Sinon plus près de DiN, Lyonel Bauchet et Nigel Mullaney. Sauf pour Universal Winter (Rework), les titres de A STRAY ENDING évolue pour migrer vers des structures de rythmes plus soutenues, enflammant encore plus le décor sonore de chaque titre, comme dans ce Neverheart. Dean De Benedictis flirte aussi avec le style Berlin School plus accessible avec un titre comme DT5 United qui sonne comme une trame sonore de Tangerine Dream, notamment avec le séquenceur qui est en mode Chris Franke. Le titre démarre dans des ambiances exploitées par Beck dans son Mellow Gold pour se mettre à virevolter, à battre dans un bon Indie rock électronique. Le rythme est fluide et épouse un mouvement circulaire qui s'appuie sur un bon maillage du séquenceur, qui fait dribbler et trébucher ses accords rythmiques, avec des percussions électroniques et d'autres éléments de percussions qui sonnent comme des attraits sonores pour un jeu vidéo. Les synthés divisent leurs personnalités entre des ombres chtoniennes qui sillonnent le parcourt évolutif du rythme et des nappes atmosphériques remplies d'une fumée dérivée de la morphine. Plus long titre de cet album d'une durée de 70:46, Pre-realm exploite les structures plus conventionnelles de la MÉ contemporaine avec une ouverture ambiante d'où émergent des claquements de sabots et sa structure de rythme suspendue dans des nappes de synthé anesthésiantes. Un grondement industriel se fait entendre au tournant de la 2ième minute. Il s'agit d'une ouverture pour un très lent rythme qui s'immisce dans une flore d'éléments de percussions et d'effets sonores tellement diversifiés que ça devient impossible à décrire, à catégoriser. Le rythme apparait par phases, certaines étant plus vives que d'autres, atteignant un moment d'intensité émotive vers la 8ième minute, avant que Pre-realm retourne à ses origines. Mac Took Air dessine une structure atmosphérique avec de courtes phases de rythme, et de leur contraire, continuellement interrompus. Le titre est riche de ses éclats percussifs qui tintent et résonnent dans les mailles d'orchestrations électroniques et de leurs jets de staccatos brumeux qui me rappellent certaines ambiances de Vangelis dans son album Soil Festivities.