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  • Writer's pictureSylvain Lupari

TABO TAGO: Kymatica (2018) (FR)

“Voici une belle découverte qui nous ramène à cette époque où le rock électronique cosmique et flottant a propulsé le style Berlin School”

1 Blue Tang 6:53 2 Conductivity 11:32 3 Antares 10:16 4 Satyr 10:22 5 Kymatica 8:49 6 Vespertine 4:19 Iapetus Music

(DDL 52:12) (Krautrock & Berlin School)

Voilà une excellente trouvaille. Ordinairement, le nom de Bernhard Wöstheinrich est synonyme de MÉ qui flirte avec le Jazz et la musique expérimentale pour ne pas dire abstraite, surtout lorsqu'il fait équipe avec son fidèle complice Markus Reuter dans le projet Centrozoon. Mais on oublie aussi qu'il a fait de très bons albums du style Berlin School planant, comme avec le très bon Live in Düsseldorf en 2006. Cette fois-ci, Bernhard fait équipe avec Andreas Von Garnier et le guitariste Leander Reininghaus afin de former le trio TaboTago. Les fruits de leurs travaux résultent en KYMATICA. Un premier opus délicieux et prometteur qui nous ramène à cette belle époque où le rock électronique cosmique et planant propulsait le style Berlin School.

Des bruits électroniques qui s'étirent comme les réverbérations d'un long tire-bouchon peinant à tirer son liège ouvrent les premières secondes de Blue Tang. Une série de pulsations hésitante fait battre ces ambiances en même temps que des nappes de synthé anesthésiantes se fondent à l'effet stéréo des réverbérations. En étirant leurs parfums analgésiques qui étiolent la fragilité de certaines lignes entremêlées dans ce bassin ondoyant, les nappes dominantes font très Klaus Schulze. Ces nappes et leurs différences tonales nourriront d'ailleurs les différents panoramas soniques de KYMATICA. Les pulsations qui s'étaient égaré dans cette masse reviennent dans un pattern plus accentué un peu avant la deuxième minute, donnant un élan très Berliner au rythme de Blue Tang. Ce débit continu et minimaliste est le scénario parfait pour qu'une flopée d'effets et de bruits iconoclastes qui volent et flottent entre les courants de ces nappes anesthésiantes. Le rythme est doux, planant et linéaire. Conductivity est un très bon titre nous plonge dans un Berlin School des années analogues. Un titre qui fait ce joint entre les expérimentations sonores de Tangerine Dream des années Electronic Meditation aux modèles séquencés des années Virgin. Mais auparavant, il faut se farcir plus de 6 minutes d'une introduction qui plaira assurément aux fans de la période Zeit. La texture sonore, notamment ces nappes flottantes gorgées d'éther, est riche de ses tons bigarrés qui font sourciller nos oreilles toujours en mode; mais qu'est-ce que c'est? La deuxième phase est du pur Tangerine Dream des années Franke-Froese-Baumann avec un séquenceur qui tricote un rythme évolutif et dont les zigzags artistiques servent d'appui à des textures sonores riches qui ramènent l'ingéniosité de Conrad Schnitzler en avant-plan. Délicieux. Antares est un titre ambiant qui nous fait planer dans un décor toujours aussi hallucinogène et qui progresse avec une belle intensité, fournie par les lamentations tricotées de distorsions de la six-cordes de Leander Reininghaus. Ça fait très Pink Floyd par moments, surtout dans les deuxième partie avec des solos flottants qui nous chatouillent le poil des bras. Après une intro en rythme aussi fluide que la structure Berlin School de Conductivity, Satyr plonge dans une phase purement expérimentale, genre cosmico-ambiant-sonique. Je pense un peu à Tomita, Snowflakes are Dancing, ici. La pièce-titre est celle qui accroche le plus vite à nos oreilles avec un Berlin School à la TD, les séquenceurs de Bernhard Wöstheinrich et Andreas Von Garnier sont jouissifs pour les oreilles, agrémenté d'une vision Ashra pour les boucles de riffs à la guitare, où on entend même la mélodie de Phaedra flotter dans le décor. Si Kymatica est facile d'approche, Vespertine n'est pas en reste avec une autre structure séquencée fluide et continue. Des nappes anesthésiantes, tant de synthés que de guitares, et des fragments de mélodies éparpillées dans le cosmos ornent un décor panoramique moins abrasif à l'oreille mais toujours riche de ses intentions. De la belle musique qui couronne les 52 minutes de KYMATICA. Une excellente surprise d'un trio qui, j'espère, pourrait nous réserver des surprises tant les orientations des 6 titres présentées laissent entrevoir des horizons encore dix fois plus séduisants. TaboTago! Retenez ce nom!

Sylvain Lupari (02/07/18) ****½*

Disponible au Iapetus Bandcamp

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