top of page
  • Writer's pictureSylvain Lupari

TANGERINE DREAM: Poland (1984) (FR)

Updated: Mar 15, 2022

Un concert exceptionnel qui est considéré comme le sommet de la carrière de TD

1 Poland 22.00

2 Tangent 19.52

3 Barbakane 13.49

4 Horizon 20.49

Relativity 88561-8045-2

(CD 77:06) (V.F.)

(New Berlin School)

Ah POLAND! Combien de fois vous ai-je parlé de POLAND Et combien de fois ai-je entendu POLAND? Sérieusement! Plus de 10 000 fois…minimum 😊. J'ai ri, pleuré, pensé et rêvé sur POLAND, tant la musique et son histoire sont mythiques. Tant les atmosphères sont variantes; de l'ambiant méditatif émouvant à des salves des séquenceurs effrénées qui sont enveloppées de nappes et couches de synthé aux parfums de métal froid. Des moments uniques qui ont investi bon nombres de jeunes artistes et ingénieurs de son. Une histoire qui grossit encore la légende de Tangerine Dream. Un rendez-vous avec le temps. Un rendez-vous culturel historique, car POLAND a changé le cours de la MÉ. En 1983 Tangerine Dream endisque l'étonnant Hyperborea. Innovateurs, les membres du groupe avec Franke en tête, mettent au point des échantillonnages de différentes percussions et créent des nouvelles structures rythmiques qui se fondent sur des harmonies, quand elles ne sont pas utilisées elles-mêmes comme harmonies. Nouveautés qui allaient se faire les dents en concert au Japon et en Grèce à l'été 83. Et finalement à Warsaw, en Pologne le 10 Décembre 1983. Un froid glacial y sévit. Tangerine Dream se prépare à donner 2 concerts, un en après-midi et l'autre en soirée, au Ice Stadium de Warsaw en Pologne. Les éléments naturels étaient ligués contre TD avec un froid intense et une neige abondante qui allait faire effondrer une partie du toit. Pour ne pas déplaire aux nombreux fans, TD donne tout de même les concerts dans des conditions arctiques. Imaginez, il y avait des chaudières d'eau bouillante pour réchauffer les mains de Franke, Froese et Schmoelling lors de leurs prestations. À travers des coupures de courant et cette atmosphère glaciale, le trio Berlinois sera incroyablement inspiré et donnera toute une prestation. Les Polonais assisteront à un concert magique dont naîtra un superbe album; POLAND – The Warsaw Concert!

On sent cette atmosphère glaciale dès qu'une lourde note, un peu comme l'ouverture de Sphinx Lightning sur Hyperborea, sonne le début de la pièce-titre. Mais dans les faits, Poland est une interprétation assez juste de Sphinx Lightning, excepté pour sa splendide introduction. Un lent beat hypnotique se fait entendre et trace la ligne pour 22 minutes de pure magie. Des percussions lentes, nappées d'un synthé dont les brumeuses réverbérations croisent de belles couches mélodieuses, forment une structure saccadée où des stries et chœurs fantomatiques survolent une panoplie de percussions qui s'entrechoquent, comme des milliers de boules magnétiques qui se frappent, et convergent en une harmonieuse corrida rythmique truffée de percussions qui rebondissent dans une douce anarchie sonore. Un moment magique et unique en MÉ qui servira de modèle pour plusieurs artistes dans le domaine. Cette cacophonie percutante donne naissance à un rythme mouvant qui danse sur un séquenceur et une guitare devenu plus agressifs. Mourante, la six-cordes à Edgar s'écrase sur un passage ambiant où l'on retrouve une première quiétude. Et même dans ses moments de tranquillité, le trio allemand retient notre attention. Ce passage ambiant laisse entendre les vents discrets des synthés, et le beat mue sur des pulsations qui augmentent une cadence avec des percussions éparses. Le crescendo se dresse sur des effets sonores géniaux et un soyeux synthé aux lueurs flûtées. Un festin pour les oreilles, Poland se termine comme Sphinx Lightning, soit avec puissance et fracas, avec force et fureur.

Tangent débute sur un alliage de lignes de synthé mélodieuses. Lentement un nuage vaporeux jette ses exhalations et un bon jeu de percussion trace la ligne d'un tempo langoureusement sensuel que les mellotrons embaument d'airs flûtées et de voix fort suggestives. Un rythme organique installe sa base de charmes avec un effet caoutchouteux dans ses pulsations. Le mouvement est sournois, et un étrange ballet moderne se forme dans notre tête. Parlant de ballet, une vidéo de cette portion de Tangent circulait il y a un temps sur Internet. Mais il a été enlevé depuis. Ce ballet donc est entouré de lignes de synthé aux crissements vaporeux et d'effets sonores d'un univers vivant sous les caniveaux des villes. Ce hip-hop jouant dans une mare gélatineuse se termine sur un refrain qui colle aux tympans et un roulement de percussions infernales aux couleurs de Logos. Barbakane laisse échapper une légère flûte sur un nuage vaporeux. Cette douce complainte s'anime de plus en plus sur un jet du séquenceur. Des effets sonores et des percussions s'unissent pour former un rythme statique entouré d'objets sonores non identifiés qui se perdent dans un court silence atmosphérique. Il faut saisir ce moment pour fixer le néant et se laisser emporter par les vagues de la finale de Barbakane. Car c'est ici que se cache l'un des beaux joyaux harmonieux de Tangerine Dream; Warsaw in the Sun. Disponible également en maxi single, Warsaw in the Sun, ou Rare Bird, est un hymne à la liberté, à la fraternité et à l'amour. Une mélodie extrêmement forte qui souffle notre colonne et inonde notre corps de mille et un frissons. Les frissons de l'incrédulité devant une telle mélodie qui nous pourchasse sans arrêt et qui, 30 ans plus tard, provoque le même effet sur moi. Toujours et toujours! Horizon clôture ce spectacle avec une introduction d'ambiances. Le souffle des synthés croise des notes discordantes qui cherchent à provoquer une harmonie. Une harmonie froide qui se calque sur une ligne plus chaleureuse, guidée par des percussions séquencées et des nappes de synthé. Des gémissements frigorifiés survolent un néant intersidéral. Fans de TD, nous savons! Nous savons comment notre trio termine ses concerts. Nous savons qu'il inondera nos oreilles, mais jamais nous nous attendions à une telle finale! Le séquenceur à fond sur des percussions qui roulent et se bousculent. Une discorde totale qui gagne en rythme sur les assauts de la six-cordes à Froese et les charges séquentielles de Franke. Stoïque, Schmoelling tient le fort avec un synthé tout aussi dominant et harmonieux. La finale de Poland demeure encore à ce jour un des hauts faits d'arme dans l'étonnante carrière de Tangerine Dream.

Avec POLAND, Tangerine Dream a insufflé un renouveau dans la MÉ. Aujourd'hui, il n'est pas rare d'entendre ici et là, des lignes de séquenceur et de ses rythmes ultra syncopés qui sortent tout droit de la créativité de Chris Franke. Et cette imagination sans frontières que l'on retrouve un peu partout sur les quatre plages de ce double-album est la clé ce concert unique. Pour plusieurs, et surtout moi, POLAND est un classique de la Musique Électronique. Une œuvre majeure que tout amateur de MÉ se doit de posséder. En ce qui me concerne, il fait partie de mon top 5 à vie. Une place et une opinion partagées par bien des amateurs de MÉ, progressive et expérimentale.

Sylvain Lupari (22/05/06) *****

620 views0 comments

Recent Posts

See All
bottom of page