“White Eagle est un opus exceptionnel où TD explore de nouvelles technologies pour proposer un album aussi éclectique que mélodique”
1 Mojave Plan 19:55 2 Midnight in Tula 3:52 3 Convention of the 24 9:27 4 White Eagle 4:30
VIRGIN: CD 839 444-2
(CD 37:44)
(Berlin School New Berlin School)
Avec cet album, nous entrons dans ma phase préférée de Tangerine Dream. En réalité c'est avec WHITE EAGLE plus particulièrement que je suis retombé dans la marmite de la MÉ autour des années 86. Et cette fois, c'était pour de bon. Bien sûr, je connaissais Phaedra l'onirique, le somptueux Ricochet. Stratosfear et Encore avec Edgar tout furieux à la guitare! WHITE REAGLE est apparu dans mon époque hard rock, et nous devons admettre que cette nouvelle orientation de Tangerine Dream a bouleversé les structures de l'EM à partir de là. Certes le son à changé! Il est plus froid, métallique même. Logos avait tout de même servi un avertissement aux nostalgiques de l'époque Baumann; Froese, Franke et Schmoelling étaient en quête de révolution sonore. Le nouveau trio voulait repousser encore plus loin les limites de la MÉ en composant des symphonies avec des dénouements parfois étourdissants et toujours surprenant. Pour plusieurs fans, les années Schmoelling allaient devenir l'apothéose de la carrière de Tangerine Dream. Ça se poursuivait avec ce WITHE EAGLE.
Un coup de sabot éclate et diffuse ses échos qui perturbent la tranquillité d'un étrange oiseau synthétisé qui fait entendre ses cris dans une ambiance métallique plus qu'irréel. Les clés de séquenceur tombent et tentent de percer un mur d'ambiance où les tams-tams, les lamentations éclectiques et les effets sonores sont omniprésents. Cette intro de Mojave Plan est à la fois onirique et d'une froideur à faire figer un Eskimo. Métalliques, les tons flottent dans un univers électronique insensé. Et sur un gros son, le rythme s'anime avec un puissant séquenceur, des chœurs évasifs et des strates de synthé argenté qui multiplient les sons sur des échos étonnants et contrôlés. Irrégulier, Mojave Plan est un pur bijou d'imagination. Le rythme change constamment sur un ingénieux séquenceur à partir duquel les touches claquantes renversent le tempo. Un tempo qui tourne sur lui-même avec ses allées rotatives oblongues, tout en étant enveloppé par des couches captivantes de synthés dont les hurlements sont l'équivalent des oiseaux de proie dans un désert de métal bleu. Le rythme qui entre dans nos oreilles est hyper harmonieux et enroule l'imagination sans limite de Franke sur les percussions. Le synthé est juteux et propose de beaux solos qui amplifient une ambiance boostée et soufflent une approche mélodieuse contrastante dans un univers aussi abstrait. Le rythme est soutenu par une superbe ligne de basse et un séquenceur incroyable. Vers la 10e minute, nous saisissons la grandeur du brillant Franke. Entre 2 mouvements, le séquenceur claque ses percussions métalliques qui accélèrent le rythme sur un mouvement désordonné par une série d'écho pour aboutir à une cacophonie harmonieusement percutante. Le mouvement se déchaîne, comme un grand rock symphonique avec une rythmique énergique qui jaillit sur des synthés remplis de lignes mélodieuses et de solos. Et tandis que nous pensons que Mojave Plan est en train de s'achever, il rebondit avec de superbes effets sonores, un séquenceur agressif qui claque toujours les touches avec une violence ambiophonique et des synthés enveloppants qui étouffent une finale époustouflante avec des strates orchestrales complètement sublimes. C'est un titre très progressif et artistique, qui a fait les délices de l'orchestre symphonique de Berlin. C'est un pur classique de Tangerine Dream!
Comme le Dream depuis Exit (ou avec sa bande son), la deuxième partie de WITHE EAGLE est constitué de morceaux plus courts et plus accessibles, comme Midnight in Thula qui propose une course rythmique déchaînée où percussions, séquences, effets d'écho, une ligne de basse et des synthés au sifflement métallique échangent une structure qui nous fait taper du pied. Encore ici, le séquenceur est étonnamment percutant. Convention of the 24 offre une structure plus complexe. C'est un titre qui flotte entre 2 mouvements. Pas trop ambiant ni trop rythmé, il progresse sur une structure ambivalente où le tempo trébuche et craque sous d'autres superbes percussions et des séquences brillantes dont les frappes se succèdent à la vitesse d'une imagination sans faiblesses du trio allemand. Les ambiances qui entourent ces rythmes mixés sont autant aériennes que métalliques, témoins du changement d'orientation du Dream, tandis que le synthé, toujours aussi rempli d'harmonies dans le bleu, affiche toutes ses phases d'un territoire aussi improbable que Mojave Plan. C’est une superbe piste électronique progressive qui semble avoir été oubliée entre Midnight in Thula et la piste titre qui est une superbe ballade électronique comme seule Tangerine Dream était capable de composer. Nostalgique, magique et intensément mélancolique, White Eagle forge un ver auriculaire qui se colle encore et encore, même après plus de 25 ans.
WITHE EAGLE est du génie condensé. Un excellent opus où Tangerine Dream explore toutes les facettes de ses nouvelles technologies pour offrir un album aussi éclectique que mélodique. C'est un tour de force où l'irréel se mêle à la romance et à la poésie des tons argentés des nouveaux synthés et séquenceurs. C'est aussi un opus trop court compte tenu de la quantité de musique nouvelle jouée au cours de cette tournée 82 et d’un coup de génie que personne n'a encore égalé, tant les structures mélodieuses hésitent harmonieusement dans un univers de MÉ progressif simplement brillant. Totalement brillant! Chapeau à vous tous; Franke, Froese et Schmoelling pour cet album que je place aussi haut que le Sgt Peppers of EM contemporain.
Sylvain Lupari (17/09/07) *****
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