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Writer's pictureSylvain Lupari

UWE RECKZEH: Surreal Dreams (2018) (FR)

“C'est un superbe album chargé de rythmes électroniques berlinois et de grands hymnes mélodiques qui vous éblouiront”

1 Surreal Dreams Part I (Science) 8:14 2 Surreal Dreams Part II (Visions) 8:14 3 Surreal Dreams Part III (3 Spheres) 16:50 4 Hydrothermal Springs Part I to III 15:58 5 The Real 9 11 (Alternate Rules) 8:39 6 Surreal Dreams Part IV (The End) 8:30 7 Surreal Dreams Part V 9:25 MellowJet Records |cdr-ur1801

(CD-r/DDL 75:50) (E-Rock & Berlin School)

Uwe Reckzeh fait partie de cette catégorie d’artistes discrets qui vont et viennent, tout en laissant derrière des œuvres qui nous font regretter les trop grands écarts entre chaque album. Sauf que parfois l’attente vaut la peine! Quelque 3 ans après la parution de Perfection Mode, Uwe Reckzeh sort de son mutisme afin de nous lancer un autre album percutant. Sur des rythmes solides et en mode évolutif ainsi que dans des arrangements toujours très stylisés, SURREAL DREAMS reprend là où Perfection Mode avait stigmatisé ses empreintes entre nos oreilles. Soit avec un album genre concept où les phases de rock électronique et de Berlin School inspirés par les années 80 et 90 de Tangerine Dream affluent avec une approche toujours mélodieuse du musicien de Nordrhein-Westfalen. Un superbe album où la guitare et le synthé trônent dans un univers électronique au dimension de ses possibilités.

Les bruits viennent de loin. On dirait un amas de chaînes en train de briser des derniers os dans un brouhaha de clameurs. Une basse pulsation redirige notre attention en structurant un rythme bondissant et vivant auquel s'ajoutent des percussions qui sont toujours aussi efficaces que le séquences de rythmes dans l'univers d'Uwe Reckzeh. Des riffs de synthé étendent la prémices d'une approche mélodieuse encore naissante, alors que d'autres riffs d'une guitare électronique réaffirment les influences du Dream le territoire de SURREAL DREAMS. Des lignes de synthé font chanter ces oiseaux électroniques dont les chants roucoulent sur une structure alourdie par des riffs de guitare toujours un peu plus puissants. Et derrière toutes ces clameurs, ces bruits initiaux et ces éléments structurels en place, Surreal Dreams Part I (Science) décolle dans la peau d'un rock électronique qui profite des brefs moments d'hésitation entre les phases de son développement pour opposer de bons solos d'une six-cordes vociférant de ses riffs lourds et pesants à des séquences déguisées en clochettes et dont les tintements de glace désarçonnent autant qu'enchantent. Avec cette tendance d'ajouter constamment des éléments de surprises dans ses structures, Uwe Reckzeh enivre nos oreilles d'une corne d'abondance sonique qui séduira dans plusieurs endroits de son dernier album. Dans son habit de mid-tempo assaisonné de tonalités cristallines, Surreal Dreams Part II (Visions) propose une approche plus tempérée. Le décor est quasi surréaliste avec ces accords d'une guitare aussi limpides que des gouttes d'eau figée dans l'azote qui tintent comme s'ils étaient amadoués par un effet de xylophone élégiaque. De bons arrangements électroniques et des nappes de voix absentent donnent une profondeur sans écueil à un rythme bondissant qui accueille cette mélodie givrée. Un rythme forgé sur cette fusion séquenceur et de boite à rythmes électronique auquel de nombreux filaments de séquences poussent et rampent dans une structure qui propose une finale plus près des usuels terres du rock électronique trempé dans un Berlin School revampé. Surreal Dreams Part III (3 Spheres) suit avec une fascinante introduction qui nous propulse dans le temps des night-club où les chanteuses vendaient aussi des cigares. La structure devient plus enlevante lorsque soutenue par un maillage de séquences, axées sur de basses pulsations, et de percussions sobres qui accueille une belle autre approche mélodieuse sculptée par un synthé qui rêve aux Ondes Martenot. Ce synthé, et ses ondes zigzagantes, et les arrangements me font penser d'ailleurs à du bon Edgar Froese période Stuntman. Le rythme avance, il s'arrête! Il repart? Il s'arrête à nouveau. Et chaque fois il alimente le bassin de ses ambiances avec de bons arrangements et des riffs qui nous bourrent les tympans, les frontières de ses harmonies avec de bons solos de synthé aux arômes vampiriques et la profondeur de son rythme avec plus de séquences qui, jumelés aux riffs, donnent un lustre plus rock électronique à ce titre à la recherche de ses mutations.

Construit en 3 étapes, Hydrothermal Springs Part I to III est un superbe titre. C'est la pierre angulaire de SURREAL DREAMS avec une première phase très rock, une deuxième en mode Berlin School, dans ce qui est de plus noble, et finalement avec un mid-rock/mid-Berliner. Ces phases de rythmes, agréablement construites sur de brillantes visions des séquenceurs, transitent entre de brefs passages d’ambiances avant de revenir sous une autre forme. Les arrangements et le décor électronique est dense et splendidement recouvert des filets harmoniques qui survolent cet album avec des airs de guitare et de synthé qui parfois sifflent des solos accrocheurs. Du gros rock électronique avec une bonne dose théâtrale, The Real 9 11 (Alternate Rules) se détache du lot avec son empreinte bien personnelle. Le synthé lance des arias dont les mélodies chantées flirtent avec des parfums Arabes, en plus de nourrir nos oreilles de bons solos très acrobatiques. Le rythme est toujours en mode évolutif, il y a même des phases plus baroques, avec des effets de réverbérations et d'échos dans son ouverture avant de tomber dans un bon rock électronique. Les percussions sont déchaînées sur ce titre alors que le séquenceur, très nerveux et fébrile, fait osciller ses ions vifs et affamés dans un décor de jeu vidéo aquatique. Surreal Dreams Part IV (The End) propose une douce introduction marquée par la présence d’un piano qui trace un schéma mélodique plus acoustique. Le rythme est de nature stationnaire avec un séquenceur en mode pilonnage à un ion compulsif alors que les percussions matraquent des ambiances calfeutrées de tendresse. Plus mélodieux que mélancolique, le piano disperse ses notes dans les caresses d’un synthé et de ses solos aux tonalités aussi spectrales que les ondes Martenot. La pulsation continue du séquenceur et les solos déguisés font émaner des souvenirs d'un Vangelis en grande forme dans sa période Antartica. Ces solos saisissent les ambiances de SURREAL DREAMS depuis Surreal Dreams Part I (Science). Donc rien de plus normal qu'ils envahissent les territoires de Surreal Dreams Part V qui termine ce dernier opus d'Uwe Reckzeh avec élégance et sans complexité dans les carrefours des textures de mélodies et d'ambiances, alors que le rythme reste stoïque dans son enveloppe électronique sculptée sur un séquenceur aussi sobre que les percussions. Parfois, les résultats justifient les attentes. C'est exactement le cas de ce SURREAL DREAMS d'Uwe Reckzeh. Un grand album sans bavures qui étonne continuellement au fil de sa découverte.

Sylvain Lupari (28/06/18) ****½* SynthSequences.com Disponible au MellowJet Records

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