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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Common Eider, King Eider Yearn (2022) (FR)

Nous sommes ici au royaume d'une musique dark ambient aux ambiances mêlées d'effroi et d'enchantement

1 I 5:11

2 II 8:56

3 III 6:25

4 IV 9:36

5 V 10:12

(Vinyl/CD/DDL 40:25)

(Dark Ritual Ambient)

Quelquefois, je reçois des œuvres qui dépassent le cadre du blog. Comme ce YEARN d'un groupe de bardes américains, de la région de San Francisco, qui sont des adeptes d'une musique d'ambiances ténébreuses à la dimension électro-acoustique. Rob Fisk, Andee Connors, Andrew Weathers et Blaan Tod sont les illusionnistes sonores qui composent ce fascinant groupe nommé Common Eider, King Eider. C'est leur 13ième album. Et selon le guide presse de Cyclic Law, c'est le second album du groupe à paraitre sur le label de France, la musique de cet album est guidée par des instruments conventionnels comme la voix, l'alto et les percussions. Mais il y a aussi des instruments pour le moins cabalistiques comme des os et des bois que les membres frottent afin de donner cette texture de paranormale aux ambiances de leur musique. Le synthé? Le quatuor exploite plus les effets de drones. Les séquences? Oubliez ça, il n'y en n'a pas! Sa texture de Dark Ambient hautement cinématographique a sa place ici autant que certaines œuvres de Forrest Fang ou encore de Shane Morris & Frore. Nous sommes ici au royaume d'une musique noire, quasiment secrète, aux ambiances métissées entre l'effroi et l'enchantement qu'on imagine aisément entendre lors d'une séance de spiritisme. Et le titre YEARN est très approprié puisque les 5 mouvements qui composent l'album se développent dans une lenteur qui se donne le temps d'inviter les spectres de vos demeures dans ses ambiances mystiques.

Yearn I invite nos oreilles à cette fascinante ode électro-acoustique avec les cordes d'un alto qui étirent ses âpres lamentations. La nappe qui en sort crache une bruine sonore érodée par l'adynamie du lent mouvement d'une main lourde. Ce qui sonne comme un violon métallique s'invite dans les lourdeurs velléitaires du mouvement, créant un improbable duo qui fredonne, pleure et gémit jusqu'à ce que le silence en tue l'amertume. C'est pourtant de ce même silence que les cordes ajustent leur tristesse dans l'ouverture de Yearn II. Déjà, la tonalité est moins obscure avec une lueur sibylline qui fait rayonner une pâleur occulte. Des battements de percussions sculptent une procession arythmique, créant l'ambiance adéquate à un chant sombre qui contrebalance la faible nitescence du murmure métallisé des cordes qui semblent être caressées avec une étrange passion. Le murmure des voix étend un air obituaire sur ce rythme qui se destine à être sans vie jusqu'à ce que les percussions bousculent les ambiances, poussant Yearn II dans des frontières d'un punk-rock satanique. Les cymbales donnent du venin à ce crescendo assourdissant alors que les percussions martèlent un rythme lent qui croule sous le poids des arrangements. Et ces arrangements d'ailleurs hurlent à m'en faire perdre la raison dans une infernale descente aussi lente que tintamarresque, m'obligeant à diminuer le son. Voilà une intense phase infernale qui m'a plombé les tympans sur une distance de quelques 150 secondes. Yearn III nous entraîne dans une phase atmosphérique méphistophélique. Le mouvement est noir et apathique avec des ondes de bourdonnements et de ronflements industriels d'où surgissent des barrissements lucifériens. Est-ce le chant dysphonique d'une chorale de spectres aux voix caramélisées par le miel de l'effroi? Par moment, ça sonne comme tel et c'est comme errer dans un long couloir de la mort imaginé dans une musique aux dimensions surnaturelles.

Il y a une surprenante douceur éthérée en ouverture de Yearn IV. Des ondes de synthé et de voix tissent une mélodie aérienne, quasiment élégiaque, qu'un violon vient caressé d'un air à la fois sinistre et larmoyant. Son lent mouvement de va et vient insiste sur nos émotions, laissant une strate de lyrisme dans nos oreilles. Des drones cuivrés s'invitent à cette cérémonie pour âmes solitaires, amplifiant encore plus le niveau de mélancolie qui déborde de notre sensibilité déjà mise à l'épreuve dans ce YEARN. Faut dire que les délicates et oniriques textures de voix qui fredonnent, ainsi que ces murmures d'une âme de femme égarée dans les limbes, ont de quoi attiser le seuil de ces émotions. L'intensité se développe en un noir crescendo et entraine Yearn IV vers une seconde partie aussi tonitruante que les derniers moments de Yearn II. Même si la musique de YEARN pointe vers une noirceur abyssale, le côté sinistre de ces ambiances à été rarement débattu dans l'album jusqu'à Yearn V fasse entendre le larmoiement métallique de ses cordes dont l'érosion s'émiette sur le trot d'un cheval portant un mort sur sa carcasse. Une voix de femme chuchote, en français, dans ce décor surnaturel qui me fait penser au film gothique de Tim Burton, Sleepy Hollow. Si les premières minutes, quasiment 5, de Yearn V se passent dans une structure sans vie rythmique, c'est tout le contraire lorsque les percussions jaillissent avec fracas autour de la 5ième minute. Le mouvement se fait violence, une violence latente, dans ces fracas de percussions qui martèlent la cadence d'un illuminé tournant en rond jusqu'à perdre la raison. Soit quelques secondes après la 7ième minute. Des ondes de synthé poussées mollement s'unissent à des lueurs de voix pas tout à faites définies dans une douce finale qui compense pour la violence de ces deux finales qui ont eues ce don de remettre en question la nécessité de poursuivre ma découverte de YEARN. Et une chance que je ne me suis pas écouté, car j'aurais manqué la découverte d'un album dont le mysticisme a une fascinante odeur de poésie noire.

Sylvain Lupari (13/12 /22) *****

Disponible au Cyclic Law Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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