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Writer's pictureSylvain Lupari

EFSS: Night On Ouddorp (2014) FR

“Night in Ouddorp est une surprise totalement inattendue à ranger à côté de Node 2 et Umbra d'Arc parmi les meilleurs albums de 2014”

1 Gate 5:03 2 Oblivion 6:30 3 Haunted 8:15 4 Circling 6:00 5 Ritual 9:38 6 Trails 5:05 7 Dissolution 7:40 CD ER03 (CD-r 48:11) (V.F.) (Analog Berlin School)

Deux têtes valent mieux qu'une! Alors que se passe-t-il lorsqu'il y a en quatre? Les synthétiseurs modulaires sont des instruments qui génèrent une créativité musicale infinie. Imaginez maintenant lorsque 4 musiciens, tous adeptes des synthés modulaires, fusionnent inventivité et audace! Eh bien, cela donne un album aux séduisants rythmes en parallèles et entrecroisés qui se taille une place fort enviable dans les territoires sombres et intrigants d'une MÉ aux fascinants parfums analogues. Jörg Erren, Bert Fleißig, Jochen Schöttler & Christian Steffen sont quatre amis-musiciens qui partagent leur passion pour la MÉ de type analogue depuis 2010. Régulièrement ils se rencontrent et challengent leurs aptitudes sur un impressionnant éventail d'équipements modulaires. Le résultat de ces sessions s'est retrouvé sur deux compilations; Ouddorp Tapes en 2011 et Ouddorp Takes en 2012. NIGHT IN OUDDORP réunit le fruit de sessions improvisées en début 2014 et dévoile à nos oreilles un impressionnant album qui se place avantageusement dans la même lignée que Node 2 et Umbra d'Arc, soit un des albums des plus imaginatifs de 2014.

Gate nous plonge dans la magie de NIGHT IN OUDDORP avec une toute petite mélodie animée par une ritournelle de limpides séquences aux tintements circulaires. Vous vous rappelez Edgar Froese et Stuntman? C'est le meilleur parallèle à faire afin de mieux décrire ce style de rythme giratoire qui rencontre une autre ligne de rythme, cette fois-ci avec des séquences plus noires et imbibées de tonalités organiques. D'autres séquences, en mode percussions, tambourinent une structure de rythme plus léger et sobre que celui des séquences lumineuses. Une autre figure de rythme vient foutre le bordel dans cette amalgame de rythmes séquencés qui palpitent autant qu'ils sérénadent dans un délicieux tohu-bohu rythmique où 4 phases de rythmes s'entrecroisent et où on est libre de choisir lequel fera danser le mieux notre imagination. Un des nombreux charmes de cet album est cette sensation de tension, de mysticisme qui ceinture ses quelques 50 minutes. Ici, il y a une subtile mélodie spectrale qui erre à travers ce séduisant pattern de rythmes entremêlées qui semblent s'inspirer des influences de Tangerine Dream et principalement Edgar Froese. L'autre charme est ces rythmes qui bondissent avec une nuée de séquences aux tonalités aussi différentes et divergentes que leurs directions. Comme dans Oblivion où nos pieds tapent à la place de nos doigts lorsque le rythme s'arrime aux basses pulsations technoïdes qui martèlent une structure de rythme verticale où danse une flopée d'ions rebelles. Lourd et mystérieux Haunted fait rugir ses machines industrielles sur un rythme pesant. Un rythme qui fait trottiner ses ions dans les pénombres des industries à orques qui rougissent les enfers des forêts décimés et calcinés de Bilbon Sacquet. Encore là, ce rythme est enseveli par des lignes de séquences qui soient palpitent, respirent et dansent dans un intense magma statique. C'est à la croisée de ['ramp] et Redshift. Totalement infernal! La structure de rythme sur Circling rend hommage à son titre avec des lignes de séquences qui zigzaguent et se rejoignent pour marteler un rythme qui pétille de ses accords finement saccadés dans de beaux voiles de Mellotron qui remplissent les ambiances de caresses éthérées. Nos doigts dansent avec notre imagination. J'aime les ambiances sur fond sordide où erre une mélodie fantomale.

Et Ritual, la sublime des sublimes, nourrit mes passions avec une superbe musique digne des meilleurs films de peur. Un chant spectral rôde au-dessus d'un nid de ronflements d'une bête à mille fils et boutons. L'air est aussi envoûtant qu'effrayant avec des fredonnements diaboliques qui réveille une ligne de séquences dont les pas secs entraînent d'autres pulsations tout autant hachurées. Un tendre Mellotron réconforte notre anxiété et suit les soubresauts des séquences délicatement saccadés. Et on entend toujours les murmures de la bête et la mélodie spectrale qui tourne et tourne. Les oreilles rivées aux haut-parleurs on remarque à peine une autre ligne de séquences, aux tonalités de métal léger, et une autre, aux gazouillis mélodieux, donner plus de relief à un titre qui étend son emprise satanique jusqu'à ses derniers ronflements. Trails suit de très près la finale de Ritual, on y entend même les sourdes pulsations organiques palpiter, en offrant une structure de rythme bondissante. Les séquences sautillent et sautassent dans une anarchie contrôlée où flottent des nuages éthérés et dont la douceur surveille un troupeau d'ions qui menace à tout instant de déborder dans une phase rythmique et harmonique qui se rapproche de celle de Gate. Dissolution nous entraîne dans les territoires de musique sombre et ambiante de EFSS. C'est un titre noir avec des ondes qui rampent de leurs lentes oscillations et bourdonnent de leurs réverbérations linéaires avec une mélodie fantomatique qui soupire en arrière-scène. On a l'impression d'être à mille lieues sous terre, ou sous mer avec des bruits de sous-marins, ou encore seul dans le cosmos tant la sensation de solitude assaille nos oreilles.

NIGHT IN OUDDORP est une surprise totalement inattendue. Le genre de truc qui se produit que trop rarement et qui redonne à la MÉ ses lettres de noblesse. C'est à ranger à côté de Node 2 et Umbra pour le meilleur album Berlin School de 2014. Chapeau Jörg Erren, Bert Fleißig, Jochen Schöttler & Christian Steffen!

Sylvain Lupari (11/09/14) *****

Disponible au EFSS Bandcamp

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