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  • Writer's pictureSylvain Lupari

EFSS: Tidal Shift (2018) FR

“Un peu difficile à apprivoiser, Tidal Shift mérite bien ces écoutes supplémentaires que vous allez lui donner ... et ensuite, ce sera une histoire d'amour musical”

1 Flood 8:16 2 Fate 7:09 3 Movement 10:12 4 Transit 7:04 5 Tunnel 7:59 6 Macroscopic 5:35 7 Axis 8:06 EFSS Music

(CD & DDL 54:23)

(Berlin School with a bit of extravaganzas)

Toujours très originale, la musique du quatuor Allemand Erren, Fleißig, Schöttler & Steffen transcende le genre Berlin School tout en s'en inspirant librement. Ces 4 musiciens-amis se rencontrent occasionnellement dans la petite municipalité néerlandaise Ouddorp sise sur l'île de Goeree-Overflakkee. Un endroit idyllique qui est propice à des jams sessions qui nous ont donné les fabuleux 3 premiers CD de EFSS. La dernière rencontre du quatuor a eu lieu en Janvier 2018 et les résultats, sans presqu'aucun maquillage sonique, se retrouvent sur ce TIDAL SHIFT qui est quelque peu différent. En fait, la séduction auditive se fait désirer après la 1ière écoute. Si Tunnel, et possiblement Flood, séduit tout de go, le reste est une tout autre histoire. Sauf que ces 4 amis adeptes des synthés modulaires sont toujours aussi intuitifs et réussissent à attirer nos oreilles avec une palette de couleurs audacieuses pour leurs rythmes, leurs tons et leurs ambiances toujours au sommet de la créativité.

Flood instaure déjà le nouveau climat de EFSS avec un maillage de percussions qui pétillent sur une bonne ligne de basse. Le rythme affiche la régularité d'un métronome auquel on aurait rajouté un collage de cliquetis et d'éléments percussifs qui battent dans une même mesure hypnotique, mais avec des décalages dans les coups. Donc, ça bat constamment comme un concerto de percussionnistes sur des chaudières et chaudrons. Cette structure accueille des murmures de machines et, un peu plus loin, des lamentations de synthés alors que le rythme devient plus pulsatoire et l'effet des voix plus dérangeant si on verse un peu dans une forme de paranoïa. Les percussions et les croassements de la basse sont des éléments de charmes ici. Fate est un peu plus sombre avec une vision plus cinématographique. Les larves de synthé coulent avec un mélange de tonalités, si bien qu'il est difficile de séparer la couleur des ombres, jetant une aura de fascination que l'on percevra seulement après quelques écoutes. Et ce côté insidieux de TIDAL SHIFT fera son effet assez rapidement, soyez-en assuré. Il y a autant de beaux gémissements des synthés que leurs effets sonores qui éclatent ici et là, alors que le tic-tac incessant du rythme étend une structure ambiante qui ondule et sautille sous les effets des percussions-séquences-pulsations-cliquetis-effets percussifs. Le rythme fluide, toujours conçu dans une étoffe de complexité harmonique, de Movement est le premier élément de cet album qui nous rapproche des premiers E.P. des 4 amis et leurs Modulaires. Fluide et attrayant, on n'y danse toujours pas quoiqu'avec de l'imagination…, il roule avec ses petits cahots sous de belles nappes morphiques qui sont des fidèles reflets de la vieille Berlin School. Encore ici, des effets de voix d'une tribu d’extra-terrestres sont perçus et marmonnent sur une structure dominant plus légèrement dans sa forme de transe ambiante.

Des effets de voix que l'on retrouve aussi sur l'introduction toute en ambiances morphiques de Transit. Des cliquetis dansent la claquette et semblent énerver une ligne de basse pulsations dont les coups résonnent dans un autre élan de métronome. Un synthé répond à ce rythme en coulant une ligne mélodieuse aussi fluide mais plus agréable à l'oreille. Peu à peu, d'autres effets des synthés s'invitent, dont des beaux clins d'œil à la période Exit de Tangerine Dream, et ornent cette structure passive que l'on appréciera toujours un peu plus au fil de son exploration. J'en parlais en ouverture, Tunnel est tout simplement magique. Son approche simple et sa mélodie qui mange vos neurones déstabilisent avec une énorme dose de magnificence. C'est le genre de mélodie qui ne vous quitte pas pendant des heures, alors que le mouvement saccadé du séquenceur et le rythme robotique des percussions, sans oublier les effets percussifs, sont autant d'éléments que l'on veut réentendre encore et encore. Mais c'est aussi autant de raisons qui rend Macroscopic peu attrayant. Pourtant ses ambiances se prêtent à merveille à un film lugubre dont l'intensité donne des sueurs au spectateur. Du Dark ambiant industriel qui déborde même au-delà de l'introduction de Axis qui, après quelques 3 minutes d'ambiances sombres et peu invitantes pour une soirée où on veut charmer son potentiel cupidon, éclot avec une structure de rythme aux fluides ondulations morphiques.

On ne dit pas WoW à la première écoute de TIDAL SHIFT, à moins d'avoir nos neurones et les bases de nos deux hémisphères bien éveillées. La complexité, notamment au niveau de la conception des rythmes et des effets de synthé qui moulent ces murmures d'un autre monde, des structures rivalise avec cette idée que la beauté se trouve dans un premier regard. C'est tout le contraire ici! TIDAL SHIFT est comme cette expérience très particulière où l'on trouve un élément très attirant au premier regard et qui nous donne cette envie de regarder encore et encore. Ce n'est peut-être pas ce coup de foudre, mais quand on accroche, on accroche sérieusement! Je dois dire au gros bravo à Erren, Fleißig, Schöttler & Steffen pour une audace qui au final est payante pour eux comme pour nous…

Sylvain Lupari (16/05/18) *****

Disponible au EFFS Bandcamp

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