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  • Writer's pictureSylvain Lupari

FARBFELDE: Eins (2015) (FR)

“Poussé aux frontières des rythmes doux basés sur des séquenceurs, cet Eins est un incontournable pour tous les passionnés de vintage EM”

1 Magnetophon 8:22

2 Seltsam 8:32

3 Unter Wasser 19:47

(DDL 36:41)

(Berlin School)

Dans ce vaste océan de sons et de musique vendue par masse, il faut avoir l'oreille attentive afin de bien capter tout ce qui rôde autour. Et j'en échappe! Comme ce premier album de Farbfelde. Composé et enregistré au Black Magnet Studio au printemps 2013, EINS est distribué par le label Deep Distance. Disponible en 300 exemplaires vinyle de couleur orange, il est aussi offert sur le site Bandcamp de l'artiste Viennois. Mais c'est pour qui? C'est un album qui s'adresse avant tout aux fans finis de la période Ohr de la MÉ. Et je dois admettre qu'au final, j'ai fait la découverte d'un très bel album riche d'une couleur tonale qui séduit encore plus dans un univers tracé par ces mouvements minimalistes et hypnotiques des rythmes de la Berlin School rétro.

Ambiosphérique l'introduction de Magnetophon nous enferme dans une grotte où suintent et flottent des filaments de bave tonale. Une vie organique pétille sous ces coulées de tons exotiques alors qu'une flûte extirpée d'un Mellotron vacille de ses chants comme une flamme sans oxygène. Un mouvement du séquenceur émerge de ce magma en vie même pas 90 secondes plus loin. Le mouvement est fluide, comme ces courses de trains fantômes qui irradiaient les rythmes électroniques dans les années analogues. Alourdissant sa présence et accentuant sa vélocité, ce rythme grimpe constamment sous les charmes d'un synthé qui a volé les chants de flûte afin d'imposer sa présence avec une très séduisante tonalité. Moi je suis sous le charme de ce pur Berlin School vintage lorsque Farbfelde injecte un effet de ralentit à la course de Magnetophon qui collecte toutes les données de son introduction afin de les éparpiller adroitement dans une séduisante deuxième partie où le rythme joue constamment sur les vitesses de sa cadence. Audacieux et délicieux! Et le son du synthé…merveilleux! Seltsam est aussi imbibée de ces textures de la vieille époque. La musique est plus en mode ambiante avec des riffs de claviers, sonnant comme une six-cordes électriques, qui roulent en boucle et des nappes d'orgue dont les vacillantes vapeurs sont comme de l'encens sonore et nous ramènent dans le temps du Flower-Power électronique.

Unter Wasser occupe la Face B et débute avec ces ondes stellaires qui balaient un horizon dévasté par des implosions dont les fantômes sont imprégnés dans les sons. Le synthé étend des nappes servies avec une tonalité d'un orgue mal ajusté, donnant une vision lugubre à une introduction sculptée dans le côté sombre de la MÉ. Une structure de rythme similaire à celle de Magnetophon s'extirpe des haut-parleurs un peu avant les 3 minutes afin d'arpenter les murs de mon salon. Je note la présence de carillons, très discrets, dans une structure vivifiée par le pas assuré du séquenceur et dont l'écho s'évapore dans de juteuses résonances. Des jets de vapeurs vacillantes accompagnent cette procession linéaire très Berliner, de même que des riffs qui rappellent les influences de Tangerine Dream dans les textures de Farbfelde. Une onde parfumée de patchouli se dégage et jette une brume anesthésiante dans les corridors de Unter Wasser, ralentissant graduellement sa cadence pour l'accompagner dans une phase d'éléments ambiosphériques autour de la 9ième minute. Des éléments psychédéliques se joignent à mes oreilles pour plus ou moins 120 secondes, moment où Unter Wasser explose par un séquenceur en mode court après moi. Un rythme encore plus assoiffé dessine une série de boucles oscillatrices vivifiées de fureur que même les multiples injections de nappes anesthésiques n'arrivent à dompter et même ralentir. Cette course effrénée restaure aussi tous ces éléments soniques qui ont rendues mes oreilles dépendantes d'un album plus séduisant qu'inattendu alors qu'une imposante nappe d'éther conduit Unter Wasser vers son ultime final. Pas trop long dans sa structure de 37 minutes, EINS est un incontournable pour tout aficionado de MÉ vintage. Une superbe découverte comme j'aime les faire!

Sylvain Lupari (31/08/18) ****½* SynthSequences.com Disponible au Farbfelde Bandcamp

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