“Sebastian im Traum est une merveilleuse aventure musicale. Un classique de la MÉ contemporaine!”
1 Traum 1
(Traumhaft klingt die Nacht) 9:11 2 Traum 2
(Helle Töne in dünnen Lüften) 3:18 3 Traum 3
(Unter Sternen) 9:24 4 Traum 4 (Wanderer im schwarzen Wald) 6:38 5 Traum 5 (Die steinernen Stufen des Mönchsbergs) 4:34 6 Traum 6
(Der blaue Quell im Grund) 10:48 7 Traum 7 (Schon winkt zur Sternenreise die Nacht) 13:50
8 Traum 8 (Erwachen im kindlichen Garten) 12:11 Syngate CD-R 2083-2008
(CD-r/DDL 69:54) (V.F.)
(New Berlin School)
Que voilà un autre superbe album du mouvement de la New Berlin School. Inspiré par un poème de Georg Trakl sur les 8 étapes des rêves de Sébastien, Frank Specht (l'autre moitié de Rainbow Serpent, l'autre étant Gerd Wienekamp) a concocté un magnifique album musical où les mélodies tisseuses de vers d'oreilles s'arriment à des rythmes soyeux et oniriques. Frank Specht réussit un impressionnant défi en mettant en musique un recueil de poème qui représente avec exactitude les méandres des rêves et de ses extravagantes ramifications. Dans les faits, les rythmes imprévisibles et indomptables ainsi que les mélodies enchevêtrées dans des brouillards oniriques qui bercent la poésie musicale de SEBASTIAN IM TRAUM n'ont d'apanage que le caractère immensément poétique qui encercle cette sublime œuvre musicale de Frank Specht. C'est un autre album discontinué que le label SynGate a réédité dans un très beau remix où la sonorité est plus limpide que jamais.
Des petits carillons tintent alors qu'un immense tonnerre déchire l'onirique intro de Traum 1 (Traumhaft klingt die Nacht) et dès lors c'est un merveilleux monde sonore qui s'ouvre à nos oreilles. Pour la prochaine heure, nos oreilles seront enchantées par une riche faune musicale très diversifiée où des couches de synthés polyformes inonderont des rythmes nourris par des séquences aux juxtapositions entrecroisées. Des ondes de synthé flottent et recouvrent ce nid d'arpèges carillonnés qui tintent dans un fin tourbillon de romance lorsqu'une superbe ligne de synthé siffle une magnifique mélodie qui nous écorche l'âme. Une fine pulsation l'effraie, laissant entrevoir la nuée d'ondes cosmiques qui flottent dans un savoureux moment d'inertie. Des cymbales résonnent. Elles tintent dans une sphère étouffée d’ondes de synthé qui ondoient avec une lenteur éthérée. Et le rythme s'emballe doucement. S'agrippant à cette fusion de pulsations et cymbales, il épouse les courbes oscillatoires de son évolution romanesque, traînant ses souffles et ses harmonies qui hanteront encore nos oreilles bien des heures plus tard. On n'a pas fini de rêver que le superbe piano de Traum 2 (Helle Töne in dünnen Lüften) vient bercer nos oreilles d'une magnifique berceuse de nuit. Les arrangements sont poignants et dénotent une influence de Vangelis dans l'approche cinématographique de Frank Specht. C'est tout simplement splendide. Tous les titres s'entrelacent en un long voyage musical empli de mélancolie et de romance. Traum 3 (Unter Sternen) nous entraîne dans un univers morphique avec des souffles de synthé qui roulent en boucle sur des brises réverbérantes. Des chœurs errent sur cette structure abstraite qui voit un crescendo s’installer à mesure que les boucles défilent. Une pulsation légèrement hâtive, comme un riff indécis, s’accroche pour sautiller d’un galop dans un endroit où les rêves persistent; dans une nappe de brume où seuls les chœurs fredonnent un air distrait alors que le tempo gave son intensité de séquences palpitantes pour gambader dans une brume incandescente qui recèle une fine enveloppe harmonieuse. Traum 4 (Wanderer im schwarzen Wald) poursuit l'envoûtement avec des pépiements suspendus dans un univers halieutique. L'intro stagne dans une coquille ambiante où les gazouillis se perdent dans l'écho des cloches résonnantes. Une séquence indécise émerge. Elle prend la forme de percussions qui tambourinent sous un ciel empli de stries menaçantes et de strates flûtées. Des flûtes qui chantent avec acuité au-dessus d'un rythme hypnotique qui s'adjoint des séquences pianotées pour sautiller ardemment sous de suaves solos de synthé.
Les flûtes enchanteresses de Traum 5 (Die steinernen Stufen des Mönchsbergs) éveillent des percussions tribales qui battent un solide tempo clanique enveloppé de sombres couches de synthé qui flottent d’une approche menaçante avec les souffles rauques du Didgeridoo. Superbe le synthé subdivise ses lignes, entremêlant ses harmonies avec des flûtes aiguës qui chantent sur un tonnerre de tam-tams de guerre. Ce rythme enveloppant s'écrase sur les écueils de cloches abandonnées, déviant vers une approche Grégorienne qui n'arrive pas à annihiler ce rythme croissant, ni ses flûtes aborigènes. Un rythme qui s'arrête net pour s'imbiber d'eau et émigrer vers les songes de Traum 6 (Der blaue Quell im Grund) et de son rythme statique qui scintille en compagnie de percussions tambourinées. Sur un stupéfiant canevas de séquences qui palpitent et pétillent dans une étonnante symbiose rythmique, Traum 6 est aussi hypnotique et attrayant que Traum 3 mais offre un rythme qui ondule d'une étonnante façon. Un peu comme un ruisseau de séquences qui clapotent dans un mouvement statique mais dont les gouttelettes sont aspirées vers le haut. Une discrète mélodie perce ce voile séquencé. On dirait un mélange de guitare et piano qui s'infiltre pour mouler une attraction auditive et serpente tout autour des tam-tams aux frappes intemporelles. Des sonorités cosmiques qui s'accouplent à des chœurs soumis flottant parmi des cerceaux échoïques initient Traum 7 (Schon winkt zur Sternenreise die Nacht). Le plus long titre de SEBASTIAN IM TRAUM offre une intro aussi ambiante que romantique qui voit sa quiétude perturbée par de lointains tam-tams. Le mouvement s'amplifie avec lenteur, inondé qu'il est par ces chœurs errants qui hument dans la foulée de denses couches de synthé alors que de nulle part surgit un train qui renverse Traum 7 vers un onirique passage cosmique. Là où des séquences palpitent dans des lignes entrecroisées sous de superbes souffles de synthé philharmonique. Ce rythme statique tournoie sous une nuée de chœurs célestes, conduisant cette 7ième partie vers une poignante finale harmonique. Des couches de synthé hésitantes flottent dans un écho cosmique à la Jean-Michel Jarre, poussant Traum 8 (Erwachen im kindlichen Garten) et ses séquences ondulantes ainsi que ses percussions de bois vers des cymbales cliquetantes. Lentement le rythme s’installe sous un lit de séquences polyrythmiques. Des séquences qui bouillonnent un rythme statique alors que d’autres tracent une oscillante ligne mélodieuse pour finalement former une symbiose cadencée sous des lignes de synthé aux souffles d'argile.
SEBASTIAN IM TRAUM est une merveilleuse aventure musicale où les rythmes et mélodies forgées à même la sensibilité lyrique de Frank Specht infiltrent nos tympans pour créer un fascinant voyage introspectif qui moulera nos rêves et ses fantaisies. C’est aussi un impressionnant tissage de couches de synthés qui forment des ambiances et des rythmes mais aussi de très belles mélodies dont les airs angéliques font la cour à des rythmes tissés dans un impressionnant canevas de séquences aux frappes et tonalités aussi variées qu’harmoniques. Bref un superbe album qui m’attire toujours et encore, signe d’une œuvre intemporelle digne des grandes œuvres musicales de Vangelis et Mike Oldfield, mais avec un fond de Berlin School.
Sylvain Lupari (10/05/12) *****
Disponible chez SynGate
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