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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Ian Boddy: Sepulchre (2013) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

Sepulchre est un monument d'ambiances sombres où les ombres vivent et flottent entre les clés et les boutons des claviers et synthés

1 Forbidden 7:11

2 Vault 9:46

3 Remembrance 9:33

4 Monument 16:03

5 Forgotten 9:27

6 Rest 11:58

(DDL 64:02)

(Dark ambient EM)

Quel titre! Un titre qui dépeint l'univers lugubre d'un intense album noir que Ian Boddy sculptait lors de sa 6ième tournée Nord-Américaine effectuée à l’automne 2012. Joué dans les studios de la station radiophonique WXPN, aux aurores du 14 Octobre, SEPULCHRE porte à merveille les sens de son appellation. C'est un monument d'ambiances où les ombres se promènent par les touches des claviers, troublant la quiétude nocturne par des chants sinistres, des ululements vampiriques et des souffles épidémiques qui tissent les racines de l'angoisse. Sorcier des nuits de méditations noires, Ian Boddy étend les grandes toiles d'un univers musical perturbant où la vie bat à coup de soupirs d'un Mellotron et de ses alliés. SEPULCHRE est un grand linceul de poésie noire où Ian Boddy est l'architecte d'une nuit musicale inoubliable qui atteint son paroxysme dans l'incroyable danse des goblins séquencés de Monument, un titre qui devrait devenir une pièce d'anthologie sur l'art de concevoir les rythmes au travers un mappage de séquences.

Une lente coulée lavique d'ondes noires et de souffles piailleurs ouvrent la sombre nuit onirique de SEPULCHRE. Cosmique, car tout ce qui vit autour de Forbidden sonne comme un voyage intergalactique sans habit d'astronaute. On se croirait dans un corridor sans parois, dans un immense trou noir où persiflent, jacassent et ricanent des tonalités cosmiques et des vents organiques prisonniers dans un enchevêtrement de lignes aux lamentations de métal tordu. Atonal, le mouvement de Forbidden est délicatement poussé par de sourdes implosions et de lentes modulations qui tracent des mouvements noirs. Des mouvements discordants aux contours abrasifs qui meuvent dans un vide absolu, comme des rêves trappés dans les sépulcres de la nuit. Et c'est dans cette opposition des phases que Forbidden tend ses sonorités passives à Vault et ses brises valsiques qui continue l’exploration des sombres territoires d’une nuit sans lendemain. Des murmures de baleines nocturnes envahissent nos tympans, valsant dans les bras de Morphée qui étend ses tentacules métalliques comme des soupirs d'aciérie. Les premières impulsions rythmiques se font entendre sur Vault avec des ombres glacées qui flottent comme des lamentations menaçantes dans cette quiétude astrale qui tranquillement se transforme en une nuit d'angoisse pour les vierges diurnes. Ian Boddy tisse les toiles de son monde abyssal avec une multitude de couches dont les formes implosives dansent paresseusement dans des murmures de tôle organique, créant un étrange climat de folie obsessionnelle qui éclate dans une tempête électronique. Remembrance est intense et angoissant mais aussi étrangement musical avec ces synthés et Mellotrons aux tonalités larmoyantes qui crissent et ondulent dans un étrange ballet harmonique, défiant ainsi les lois de la cacophonie avec une approche étonnamment poétique pour un titre aussi passif.

Monument est …monumental! Nous pénétrons dans l'antre des tourments cauchemardesques de SEPULCHRE avec un étonnant canevas rythmique. Des vibrations aux tonalités organiques sautillent furieusement entre des lignes invisibles, dessinant des papillons aux voltiges acrobatiques qui oscillent fiévreusement autour des pulsations d'une ligne de basse. Des couches de synthé caressent ce rythme linéaire qui claque et fait crépiter ses ions aux tonalités gélatineuses dans les sillons d'un intense mouvement de rythmes qui ondulent agressivement dans les caprices des brumes mellotronnées et des solos de synthé qui nous rappellent une certaine époque. Cette ossature rythmique fait pousser ses os avec d'autres pulsations résonnantes et des séquences qui entrecroisent ses ions sauteurs dans un rythme de plomb qui tempête dans les berçantes nappes d'un synthé morphique. Les solos de synthé y tournoient, étreignant de leurs boucles hypnotiques un titre qui échappe par moments son emprise démoniaque avant de rendre l'âme dans ses dernières palpitations rythmiques où crissent ces larmes d'acier et meurent graduellement ce ballet de trépignements glauques. Forgotten nous ramène aux phases ambiantes et noires de SEPULCHRE avec des délicats arpèges carillonnées qui dessinent les vestiges d'une mélodie occise par les ténèbres. Rest continue l'exploration des corridors étroits où respire l'angoisse. Les lignes de synthé s'agglutinent, formant un intense canevas d'émotions avec des tonalités hybrides qui valsent avec lassitude dans les souffles de baleines nocturnes. Le Mellotron est intense. Il dessine des caresses morphiques qui valsent avec la nuit et virevoltent avec passion dans les implosions de pulsations sourdes. Les complaintes sont aussi attendrissantes que dérangeantes. Elles moulent des souffles de vie dont les opposés mordent pour leurs survies. Et c'est dans ce long ballet morphique où pleurent les esprits torturés que SEPULCHRE termine sa descente dans les dernières lueurs de la nuit, fascinant l'auditeur qui lui voudrait bien retourner dans les obscurs labyrinthes de sa nuit magique.

Sylvain Lupari (28/02/13) ****½*

Disponible au DiN Bandcamp

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