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  • Writer's pictureSylvain Lupari

LINGUA LUSTRA: Omni (2020) (FR)

Un album de Berlin School qui s'allie à la poésie de la Pacifique School et à l'audace de la Belgian School

1 Rain 5:27

2 Tide 25:23

3 Rasa 13:57

4 Omni 9:18

5 Glory 14:35

(DDL 68:41)

(Berlin School)

Fascinant album est le dernier de Lingua Lustra! Fascinant, puisqu'on y entend des rythmes. De vrais rythmes spasmodiques identifiés au style Berlin School, auquel s'accroche toujours les parfums océaniques de Michael Stearns, comme dans Rain qui nous met tout de suite en confort avec une douce musique propulsée par des impulsions de synthétiseur. Ces élans saccadés structurent ces rythmes fantômes qui vivent en arrière-plan d'une toile musicale portée par une masse de vents circulaires qui sont remplies de wooshh, de wiishh et de murmures de sirènes océaniques. Des moments intenses où M'Ocean est juste à portée d'oreilles. Tide est un monument! Ce très long titre débute avec un doux mouvement concentré sur des éléments d'ambiances capturés dans une bulle qui va et vient, qui roule en boucles et en harmonie avec ce rythme magnétisant battant en sourdine dans un décor rempli des gazouillements de parasites interstellaires. Il n'y a pas 3 minutes au compteur que déjà Albert Borkent tisse un énorme parallèle avec des passages de l'album M'Ocean. Surtout un niveau de l'intensité qui augmentera subtilement jusqu'à son point de rupture autour des 10 minutes, propulsant Tide dans un long parcours rempli de ces pointes et de ces moments linéaires qui sont plus en mode méditation. Cette intensité mortuaire vient d'une ligne de basse qui se dissocie en deux éléments. Celle qui rampe donne vie à une structure rampante, alors que celle qui se dissout afin de devenir une toile d'ambiances augmente sa pression pour atteindre ces sommets d'intensité qui activent sa longue procession entre l'opacité de ses vents et la luminosité de ses éléments radioactifs. Au final, Tide nous laisse juge de décider de son sort. C'est effectivement un très beau titre méditatif. Mais pas pour y faire dodo puisque les pointes d'intensité qui, refont surface de façon assez régulière, attisent notre attention, de sorte que notre conjointe fasse des grimaces derrière ses yeux clos. Mais quel titre mes amis!

Et c'est avec plaisir que l'on constate que Rasa est mijoté dans le même bol! C'est autre titre intense vit par son cœur aquatique qui bat d'une vie sédentaire. L'intensité est linéaire et reste plaquée dans cette zone musicale active qui reçoit des averses d'éléments cosmiques sous forme de bruine interstellaire. Encore plus musical que Tide, je compare Rasa à cette grosse bulle remplie d'eau qui se déplace comme une grosse rivière dans une sphère copiée sur le modèle de l'Amazonie. Une Amazonie électronique avec sa flore cybernétique et ses éléments oniriques qui facilitent notre quête pour y dormir. Sauf que la pièce-titre ne l'entend pas de la même façon que nous. Omni est un pur Berlin School dans la même veine que les paisibles structures rythmiques de Steve Roach dans Now/Traveller. Le rythme coule en tournoyant avec un débit spasmodique et des phases plus fortes, plus intenses au niveau du martèlement des arpèges séquencés. Sa descente est comme un glissement musical sur des pentes aux reliefs abrupts, d'où cet effet de saccades qui s'estompe dans le derniers droit de Omni. Glory termine OMNI avec une série de battements assourdis qui défilent en ruades symétriques sous une ligne de wooshh et de waashh. Ces deux corridors bien distincts sont investis par une ligne de rythme dont les saccades embrument ces ambiances qui finissent par reléguer ces battements comme accessoires utiles mais pas nécessaires. Sauf que ces éléments rythmiques ont laissé une empreinte tonale bien visible dans ce titre qui est devenu une tempête d'éléments atmosphériques dont la survie dépend de notre imagination. En ce qui me concerne, j'entends une fascinante chorale se dissoudre comme je constate de subtiles changements dans l'axe rythmique du titre. Ces changements injectent une vivacité provisoire alors que la bassin de sons et d'éléments d'ambiances étouffent à nouveau ce rythme qui survivra ainsi jusqu'à ce que Glory s'immerge de ces ambiances aquatiques autour des 11 minutes.

Quel bel album que ce OMNI! Sa masse sonore, qui constitue ces multiples paliers d'ambiances, est aussi impressionnante que luxuriante avec des niveaux d'intensité qui remplissent nos oreilles de nectar émotif. Il y a dans cet album un haut niveau de poussières tonales qui étouffent partiellement ces différentes routes rythmiques. Des axes de rythme qui persistent à survire et à nous entrainer dans le Berlin School ambiant qui allie la poésie de la Pacific School à l’audace de la Belgian School. Bref, un album de Lingua Lustra fait pour toutes les oreilles!

Sylvain Lupari (08/09/20) ****¼*

Disponible au Exosphere's Bandcamp

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