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  • Writer's pictureSylvain Lupari

MÄLÄSKÄ: First Day of Spring (2020) (FR)

C'est un album que l'on apprivoise piste par piste avec un noyau dont la richesse a un fort penchant pour une vision psychédélique moderne

1 First Day of Spring 7:59

2 Dialogue Between Birches and Oaks 7:27

3 Song for the World 7:00

4 Die Morgenlandfahrt 11:17

5 Green Glasses Don't Make the World Green 6:17

6 Crisis? What Crisis? 8:50

7 Dawn for the Pollution Eating Elves 8:41

8 In Loving Memory 14:10

(Percussion – Bas Broekhuis)

(CD/DDL 71:42)

(Experimental Ambient)

Des effets de distorsions, des chutes de sons, des stries illuminées et des tweet-tweet électroniques sont le berceau de First Day of Spring qui se voit encercler d'ondes saccadées. C'est le printemps dans les studios de Mäläskä! Des effets réverbérant s'ajoutent à cette rosée musicale qui ne finit plus de recevoir des strates émaciées venant des corridors asymétriques des multiples panoramas de FIRST DAY IN SPRING. Des nappes de mellotron du début des années 70 étendent un plancher flottant où les lames tremblotent devant tant de radiations soniques. Il y a bel et bien des percussions qui ruent dans ces ambiances. Mais ce rythme absent et assourdi a autant d'impact que les broches flirtant sur les cymbales. Non! Ce qui est roi ici, sont ces strates qui s'émiettent en tombant, les larmes de mellotron et ces étranges dialogues aviaires qui remplissent un panorama d'ambiances dans sa philosophie de psychédélisme des temps modernes. Ainsi est fait First Day of Spring, ainsi est fait FIRST DAY IN SPRING. Aussi percutant était Uncle Jim's Cidney Factory, réalisé en 2016, aussi dérangeant est ce deuxième album de Petter Janse et Remy Stroomer. Ne chercher pas de rythme ici, il n'y en a pas. En contrepartie, il y a des ambiances. Beaucoup de ces phases d'ambiances où le duo Mäläskä inondent nos oreilles d'un festin sonore qui demande beaucoup d'attention et une certaine ouverture d'esprit d'un auditeur qui peut afficher sa frustration en allant directement à In Loving Memory, à cause de la présence de Bas Broekhuis, après avoir baisser les bras avec Dialogue Between Birches and Oaks. Mais attention, une écoute attentive révèle beaucoup de choses.

Cette chronique ne sera pas biaisée du simple fait que j'ai une bonne relation avec Remy Stroomer, en plus d'admirer ses divers projets artistiques. Les faits! Je me rattache aux faits et à mes impressions. Dialogue Between Birches and Oaks couche son armada d'effets réverbérant de la guitare de Petter Janse, tandis qu'une onde se lève à l'horizon. Cette onde se fond en suaire flottant avec de lents mouvements armés d'une voix séraphique alors qu'une permutation entre guitare et synthé s'est effectué sans trop le sentir. Et lorsqu'on y pense, ces deux instruments sont bouleaux et chênes dans un dialogue aux dimensions surréelles. On peut entendre, vers la fin, un élan trotter dans ces bois. Seulement si, et seulement si on laisse notre imagination suivre le parcours de la musique. J'admets qu'après ce titre, je commence à m'inquiéter…Des wooshh et des waashh entraînent des carillons dans leurs vents. Cette petite décoration introductive de Song for the World laisse entrer un piano et ses notes pesant le poids de l'humanité sur le bout des doigts de son pianiste. Grave et solitaire, je vois même Remy songeur et tranquille derrière son clavier. Et cette sensation de promiscuité entre mes écouteurs et les notes de cette musique, tant que je peux voir et sentir les expressions faciales des deux musiciens dans plusieurs endroits de cet album. Ici, le piano étiole son parcours dans les effets psychédéliques, fuzz-wah-wah et paroles d’une six-cordes qui arrive à rejoindre (les deux musiciens improvisent en ce moment) les émotions de la six-cordes. Un titre intense qui me donne l’essence nécessaire pour poursuivre ma découverte de FIRST DAY IN SPRING. Die Morgenlandfahrt est le contraire du duel piano et effets de guitare de Song for the World. Comme le piano, les notes de la guitare acoustique résonnent avec un impact qui rejoint notre ouïe en même temps que le vide les aspirent. La musique est intimiste et minimaliste de son duel guitare acoustique et effets de synthé. Remy délaisse sa sobriété pour amener les ambiances dans des corridors tortueux où les airs métallique-électronique ont moins de mordant que les impulsions des spectres de son arsenal d'effets sonores. J'entends les souffles des musiciens et la poussière sur les cordes trembler et tomber sous les morsures des doigts de Petter Janse tant je me assis quelque part dans le studio.

Green Glasses Don't Make the World Green fait penser à du Eno/Fripp, la danse des arpèges à la Philip Glass est très belle ici, alors que le sauvage Crisis? What Crisis? détonne dans ce décor de sérénité. Pas que la musique bouillonne de rythme, mais plutôt que les ambiances sont soutirées d'une discorde entre les tonalités métalliques et les bruits-blancs criards dans un drame musical intitulé musique pour âmes torturées. Nous sommes dans l'antre de l'anti-musique de cet album avec ce titre qui s'en va sombrement vers les bourdonnements de Dawn for the Pollution Eating Elves qui porte la vision de son titre d'une à merveille. Tellement que ces ronronnements de machinerie sont au cœur de ce ballet industriel où les vibrations amplifiées de ces bourdonnements, sans inclure la vélocité, gâchent un peu l'intérêt de ce tiraillement afin d'atteindre le point optimal de mon ouverture d'esprit. Lorsque la musique ambiante et d'ambiances devient une arme contre la méditation et/ou le sommeil, est-ce qu'on appelle ça du New Age Industriel? Toujours est-il que mes oreilles ont saignées ici. Si les baleines étaient en pièces de métal, elles auraient ce chant qui ouvre In Loving Memory. Ces strates mélancoliques flottent avec cet état d'apesanteur qui rend une oscillation si délicieusement imparfaite. Des bruits, comme des mugissements aquatiques, forment un décor à l'illusion si parfaite. C'est un moment de musique ambiante ténébreuse où l'ajout d'éléments sonores variés le distance des sombres Immersion de Steve Roach. Les percussions de Bas Broekhuis sont des membranophones qui tintent et résonnent afin d’accompagner ce silence bourdonnant qui entoure le piano. Un piano s'invite avec les jérémiades des strates flottantes d'une guitare conçue et imaginée dans les usines à ambiances ectoplasmiques, conduisant la douce ballade nébuleuse de In Loving Memory jusqu'où se terminent les frontières d'un album qui se déguste avec un petit goût pour une autre extraordinaire aventure dans les univers de la MÉ contemporaine.

Offert en CD manufacturé et en téléchargement H-Q, FIRST DAY IN SPRING est un album qui s'apprivoise pièce par pièce. Son cœur est sa plus belle richesse qui demande seulement d'aimer la musique. Mais un final, ça reste un album d'ambiances avec un fort penchant pour une vision psychédélique moderne qui dissimule néanmoins des petits trésors rendant ainsi le polissage requit pour d'autres titres un peu plus facile…

Sylvain Lupari (18/05/20) *****

Disponible chez Deserted Island Music

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