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  • Writer's pictureSylvain Lupari

MATTHEW STRINGER: Changing Landscapes (2018) (FR)

“Un album splendide où la Berlin School va de pair avec la touche très harmonique de Matthew Stringer et où nous avons le meilleur de ses deux univers”

CD1 (63:56) 1 A Man with a Van 2:04 2 Sundrip 7:09 3 Ten Thousand Days 5:55 4 I Feel Laserium 14:38 5 Crystal 3:45 6 Zed Won 6:05 7 Little Novas 3:31 8 Retrospect 7:50 9 Albedo: Zero Point One Five 4:34 10 Mars 8:26

CD2 (54:10) 1 Mesentoa 8:22 2 Hypatia 11:09

3 Out of the Woodwork 14:16 4 Haumea 10:22 Perge Music

(CD/DDL 118:06) (V.F.) (Berlin School & Harmonic E-Rock)

Est-ce la fin Perge? Il y a des rumeurs ...Mais avec ce dernier album solo de Matthew Stringer, où la signature de Graham Getty est présente à quelques endroits, on peut dire que la succession du mythique duo est entre bonne main dans cette période où Perge est justement en pause. Et c'est voulant faire une compilation du groupe que le musicien Anglais constate qu'il existe encore du bon matériel original de Perge, en plus de trouver bonne quantité de ses propres compositions qu'il a composé au travers les sessions du duo. Peu à peu, CHANGING LANDSCAPES prenait forme. D'abord considéré comme un album simple, Matthew Stringer voit la possibilité d'ajouter de sa musique pour un deuxième album sur lequel paraîtrait aussi quelques titres d'un Perge totalement nouveau qui se détache des griffes de Tangerine Dream. Il en résulte en un album extrêmement séduisant et complet avec de courts titres et d'autres plus longs dans une forme de ces monuments du Berlin School ainsi que des titres d'ambiances. Et toujours la signature harmonique, tantôt mélancolique et parfois joyeuse, de Matthew Stringer qui a révélé ses capacités dans le très beau The Second Sun, paru en 2015. La recette parfaite pour donner un grand album de MÉ.

A Man with a Van rentre dans nos oreilles sans subtilités. C'est direct et musical avec des nappes de synthé qui poussent des chants dans une ambiance de cathédrale. Les arrangements semblent être un genre de clin d'œil à l'ouverture de l'album Turn of the Tides, dans une version moins classique par contre. Sundrip change la donne avec un rythme léger et une belle structure de mélodie qui ne peut renier les influences du Dream sur la musique de Matthew Stringer, période Logos. Si le séquenceur est aussi entraînant que musical avec sa fluidité amovible, le synthé n'est pas en reste avec de beaux solos enchanteurs. C'est un titre qui fait très Johannes Schmoelling. Que feriez-vous avec Ten Thousand Days à vivre? C'est un peu le questionnement, et l'écho de ses songes, d'une voix synthétisée. Le rythme qui suit est semi lent avec un beau Mellotron chantant sous des prismes étoilés. L'intensité progresse avec finesse. Le Mellotron devient synthé, les séquences plus accentuées et certaines jouent en symbiose avec la projection harmonique dans une structure très Peter Baumann, période Romance 76. I Feel Laserium est un titre écrit par Graham Getty et performé par Perge. Et c'est sans doute le titre le plus original du groupe, en ce sens que l'on sent à peine les influences du Dream. C'est un bon Berlin School avec une structure rythmique soutenue par un tandem séquences et percussions et qui prend des petits virages inattendus sous une pluie de riffs de synthés. Les synthés sont en mode mélodie avec de beaux solos et juste ce qu'il faut comme lit d'effets sonores. Un très bon titre! Crystal est très représentatif de son titre avec une symphonie pour carillons forgés dans la glace. Le débit est fluide avec une belle approche harmonieuse qui se perd dans une finale très mouvementée. Zed Won est une ballade ambiante modelée dans les sessions de Turn of the Tides ou Tyranny of Beauty. Les orchestrations sont denses et la mélodie aussi inspirée que très inspirante. Little Novas est un court titre animé par un mouvement vif du séquenceur que Matthew Stringer décore avec des effets et des arpèges aussi cristallins que les solos. Retrospect est cette superbe ballade mélodieuse électronique qui était le titre en prime de The Second Sun, alors qu'Albedo: Zero Point One Five est la vision de Matthew de cette composition de Vangelis. Mars termine ce premier CD de CHANGING LANDSCAPES un peu sur le même ton que A Man with a Van mais en moins cérémonial. C'est un titre d'ambiances très musicales avec de grosses strates de synthé criantes qui s'amoncellent dans un ciel sonique sombre. Un ciel qui s'éclaircit par l'insistance d'une belle mélodie pianotée qui éclot avec panache dans de belles orchestrations. Les influences de Schmoelling sont aussi très présentes dans ce titre.

Le CD2 contient 4 longs titres qui sont tous liés au style Berlin School. Après une ouverture remplie de strates de synthés qui entrelacent leurs visions d'ambiances et défusionnent leurs chants bourrés de trompettes angéliques, Mesentoa explose avec un rythme infernal. Un rythme ostinato aussi vif que fluide et bien appuyé par des percussions tout autant nerveuses. Ici, la programmation du séquenceur, idem pour Out of the Woodwork, est l'affaire de Graham Getty. Les ambiances sont effectivement très TD pour les synthés et les solos harmonique. La structure par contre est tout à fait personnelle, comme dans I Feel Laserium. Orné de splendides solos, le rythme entêté s'essouffle peu à peu, attirant Mesentoa dans une finale aussi très TD qu'éthérée avec des beaux solos qui chantent sur des séquences encore toutes chaudes et toutes prêtes à exploser. Hypatia est plus ambiant et naît des mystères et nébulosités sonores de la MÉ. Des graffitis de synthé ornent une brume d'acrylique où rôdent des fragments de mélodies très évasives et une basse pulsation sans ambition. Un clavier tisse des notes qui s'attachent en sautillant afin de construire une ouverture plus mélodique lorsqu'un séquenceur émerge de ce brouillard sonique afin de sculpter les vifs bondissements d'un rythme stationnaire. Les percussions qui s'ajoutent apportent plus de vigueur à Hypatia, rejoignant ainsi la portion harmonieuse du titre. Mais c'est trop peu trop tard, puisque le rythme redevient cocon et les harmonies se fondent dans un décor maintenant plus riche de ses ambiances émotives et de ses solos plus émotifs que musicaux. Out of the Woodwork est mon titre préféré du second CD, et possiblement de CHANGING LANDSCAPES. Ici, Perge, comme sur I Feel Laserium et Mesentoa, se surpasse avec une enveloppe, une empreinte musicale qui lui est propre. Cela fait des rythmes vifs et entraînants pour les neurones et les envies d'un fan de Berlin School. Et le séquenceur ici est en mode court après moi que je te fasse damner. Deux lignes de séquences rythmiques, et une plus harmonique, ainsi que des percussions électroniques laissent une empreinte vivante qui supporte à merveille le poids de narrations égarées dans sa structure. La nature des tonalités varie avec quelques pointes organiques et des billes plus limpides qui s'ajoutent nerveusement sur un convoyeur rythmique. Les solos sont tout simplement splendides et volent comme des spectres de mélodies qui charment dans ces 15 minutes tout simplement majestueuses. Composé par Matthew Stringer, la structure de Haumea démontre que ce dernier est aussi à l'aise derrière un séquenceur que son piano ou ses synthés. Émergeant doucement de ses ambiances, le titre s'accroche à un bon rock électronique et son tempo qui nous fait taper aisément du pied et où niche une belle mélodie dans un style très TD des années Virgin. Les vives oscillations d'un séquenceur poussent Haumea vers un rythme plus furieux, mettant ainsi la table à Graham Charman pour de lourds et incisifs solos de guitare qui font très Frank Dorittke, sinon Zlatko Perica. La violence de Haumea fond dans une finale imprégnée de brume et d'une ambiance morphique, un peu comme si la musique se couchait pour bien profiter à nouveau de son changement de paysages soniques.

Cet excellent album vient avec un 3ième CD si on achète l'album en format téléchargement. Il y a près de 40 minutes supplémentaires sur ce CD qui cache 5 titres allant de 3 à 13 minutes. La musique est bonne avec plus de moments d'ambiances. Bip est un bon rock électronique très accrocheur avec un bon solo de guitare synthétisé. The Fluidity of Memory est un titre d'ambiances assez méditatives avec une belle pointe d'émotivité qui atteint sa limite avec l'apparition d'une belle guitare acoustique assez rêveuse. Emodius est un long titre d'ambiances parsemé d'échantillonnages de la nature et qui se termine par un piano en mode nostalgie. L'intensité du brouillard d'ambiances enterre par contre la présence du piano. Tock est une splendide ballade qui fait très New Age. Et Makemake vibre trop dans mes haut-parleurs avec sa structure ambiance aussi lourde et intense que dans Emodius. À moins de vouloir absolument danser sur Bip, ce 3ième CD n'est pas un indispensable. C'est du matériel en boni qui n'altère en rien la richesse et la profondeur de ce très bel album de Matthew Stringer. Au final, CHANGING LANDSCAPES un impressionnant tour-de-force d'une profondeur inouïe et qui me fait dire du bout des lèvres, Perge est mort, vive Matthew Stringer! Mais je ne veux pas. On peut aisément vivre avec les 2 et je m'ennuie de Perge. Surtout si ses orientations sont redéfinies par les titres présents dans CHANGING LANDSCAPES où nous avons le meilleur des deux univers de Perge.

Sylvain Lupari (18/06/18) ****½*

Disponible au Perge Bandcamp

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