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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Pabellón Sintético Mies van der Rohe's dreams (2023) (FR)

Un solide album qui s'inscrit dans les très belles œuvres du label Argentin

1 Barcelona Pavilion 8:04

2 Farnsworth house 5:47

3 Modern architecture 7:52

4 Bauhaus 8:05

5 Less is more 1:28

6 Open spaces 6:48

7 Villa Tugendhat 6:02

8 Lightness and brightness 8:58

(DDL/CD-(r) 53:09)

(New Berlin School E-Rock)

Une nappe ondoyante ronfle en ouverture de Barcelona Pavilion. On y entend des grattements de percussions, des bruits électroniques qui nous rapproche des étoiles, de même qu'un synthé élaborant un genre de chant triste. Un chant qui devient plus musical, électronique avec des airs qui rappellent un peu le répertoire de Jean-Michel Jarre, sinon de feu Michael Garrison. Le séquenceur commence à faire danser une ligne de rythme après la 80ième seconde. D'abord discrète, elle va et vient avec plus de vivacité autour des amplifications de cette nappe de bourdonnements. Un filet mélodieux se greffe à cette séquence et moi aussi, je pense à Logos de Tangerine Dream. Des basses pulsations, ou des percussions électroniques, donnent de l'aplomb au rythme avec des cognements symétriques où se greffent aussi de petits cliquetis percussifs. Tranquillement, le rythme prend une forme circulaire dont les oblongues élancées créent un effet stroboscopique. Si le rythme étale sa richesse, l'aspect mélodieux n'est pas en reste avec un Pablo Bilbao qui enchante nos oreilles avec de superbes solos de synthé, dont les tonalités hybrides, genre trompette apocalyptique, ainsi que les solos de mellotron expliquent comment les profondeurs de la musique électronique la rendent si attrayante. Barcelona Pavilion donne le ton au second album de Pabellón Sintético qui est nettement supérieur à Instructions for Building an Orange, un album séduisant qui manquait par contre d'homogénéité. Ici, tout s'enchaine avec des hymnes de rythmes électroniques qui se ressemblent un peu dans une musicalité inspirée par l'architecte Allemand Ludwig Mies van der Rohe. Le musicien-synthésiste Argentin laisse de côté la complexité, et non la créativité, dans ses compositions pour offrir 7 solides titres construit sur les mêmes préceptes que Barcelona Pavilion. Et au final, MIES VAN DER ROHE'S DREAMS est un très bon album de New Berlin School entraînant et mélodieux.

Un peu comme Farnsworth house qui suit avec des séquences grasses et juteuses. Elles sautillent et se piétinent dans leurs ombres, créant un de ces rythmes électroniques qui finit par servir de décor au rythme principal. Le clavier laisse tomber des accords sans conséquences, masquant un peu cette ligne de rythme à la Jarre qui éclot en arrière-scène. Des cliquetis percussifs compétitionnent avec les multiples effets torsadés du synthé afin d'approfondir le champs d'intérêt de nos oreilles qui s'ouvrent encore plus grandes avec l'arrivée de ces solos mélodieux, de synthé et de mellotron, qui survolent les dimensions de MIES VAN DER ROHE'S DREAMS. Soyeuses comme de la soie à faire dormir, les orchestrations viennent étendre de belles nappes endormitoires sur ce rythme où se greffent de discrètes percussions un peu après la 3ième minute. Modern architecture est plus dans le genre atmosphérique avec des nappes dorées qui glissent entre nos oreilles sur sa distance de 8 minutes. Le synthé subdivise les tonalités de ces nappes en soufflant quelques-unes qui sont plus mélodieuses et d'autres qui dérivent avec un bel accent orchestral de filé entre les voiles. Des tonalités électroniques d'usage et des ornements de percussions ornent cette intro endormitoire qu'une ligne de basses séquences éveille avec un rythme pulsatoire après la 2ième minute. Cette ligne modifie son enveloppe tonale et son niveau d'intensité, ajoutant une profondeur dramatique qui déteint sur les orchestrations. Le clavier laisse tomber des arpèges, donnant une touche de Pink Floyd à ces ambiances chaleureuses et méditatives qui nous incitent à rêver les yeux contemplatifs. Tout ceci nous mène à l'excellent Bauhaus et sa double structure de rythme qui débloque sur un très solide rock électronique autour de sa 5ième minute. Une séquence répétitive se met à sauter sur place dès la 40ième seconde. L'intro est décorée des artifices usuels à la MÉ. Le rythme estampille de plus en plus nos oreilles, sautillant vivement sous des accords résonnants de menace. Une autre structure de rythme émerge, zigzagant entre le pilonnage symétrique de la première. Le séquenceur active un très bel effet de cliquet, vous savez ces séquences qui dribblent, un peu après la 3ième minute. La structure devient ainsi plus fluide et aussi plus musicale pour finalement exploser dans un bon rock électronique mélodieusement vêtu par un clavier inspiré. Pabellón Sintético apporte de belles nuances tout en jouant sur les modulations harmoniques de la musique, faisant de Bauhaus le titre le plus accrocheur de MIES VAN DER ROHE'S DREAMS.

Le court Less is more est un genre de réflexion du musicien Argentin sur un séquenceur en tandem avec le synthé, ses accords et ses réverbérations métallisées par un bleu granit. Après une ouverture typique au genre cosmique, quoique des fredonnements chtoniens peuvent être entendus, Open spaces attaque nos oreilles avec deux lignes du séquenceur qui convergent vers un rythme électronique entrainant. Si une ligne est répétitive, l'autre est axée sur une intonation plus basse. Elle devient le guide rythmique d'un clavier inspirant avec sa belle ligne de mélodie qui grimpe dans des nues astrales dominées par des voix elfiques. Alors que le synthé lance des beaux solos flûtés, Open spaces se dirige vers un solide rock électronique qui nous fait taper du pied avec des percussions qui claquent. La ligne de basse est aussi entraînante que séduisante tout en étant aussi efficace que ce maillage du séquenceur, basses séquences et percussions robotiques. La musique, le rythme et la mélodie ont cette essence des rock électroniques fait en France dans les années 70. Bauhaus et Open spaces signent les meilleurs moments de ce second album de Pabellón Sintético. On entend déjà le séquenceur murmurer son rythme à venir dans les souffles endormitoires qui introduisent Villa Tugendhat. On peut aussi entendre des pépiements d'oiseaux, des battements aléatoires excités mais retenus, ainsi que des vagues remous d'une nappe de basse qui s'agitent avec ses impacts fantômes. Villa Tugendhat aura beau être violent dans son enveloppe stationnaire, les orchestrations qui s'en dégagent sont de nature à nous attendrir. Le titre se met donc en marche avec les multiples ondulations et acrobaties d'une ligne d'arpèges séquencée. Autant rythmique, avec ces séquences moirés entassées en file indienne et sautillant dans une vive alternance, que mélodique, cette ligne de rythme ondule et serpente les dunes et zones ondulatoires avec l'appui des percussions, sobres mais tenaces, alors que le synthé multiplie ses solos chaleureux qui nous font rêver autant que les douceurs morphiques des orchestrations. Lightness and brightness est aussi un titre en mode stationnaire avec des séquences dont les tonalités caoutchouteuses bondissent dans un cercle restreint. Encore ici, le séquenceur propose de délicieux effets de cliquet sur ces nappes de synthé auréolées d'une texture à la fois séraphique et son contraire, sibylline. Les modulations de la basse, on croirait entendre du Solar Fields, nous enfonce dans notre sofa. Il y a une effervescence émotive dans ce titre qui est liée à l'intensité des ondes de synthé qui filtrent ses teintes azurés sifflant dans un ciel où le soleil reflète le froid ardent des banquises de glace. Ces nappes et l'exquisité de la nappe de basse nous donnent ces frissons de contemplativité uniques à ces grands moments de musique créée pour que nos oreilles soient le moteur de notre imagination. Un solide album de Pabellón Sintético qui s'inscrit dans les très belles œuvres du label Argentin Cyclical Dreams.

Sylvain Lupari (01/09/23) ****½*

Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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