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  • Writer's pictureSylvain Lupari

PETE FARN: Sweet Metal (2020) (FR)

C'est un album d'ambiances moins tapageur que la signature de Pete Farn, mais qui parvient tout de même à nous mettre mal à l'aise

1 MoonHill 4:14

2 Die Welle 5:10

3 Klangkeks 5:12

4 Granularkeks 7:43

5 Traumkeks 6:12

6 Kandinsky 7:12

7 LovingAI 6:24

8 Der Kontakt 8:39

9 Konkret 7:16

10 Noizeman 4:11

11 Plants and Arts 10:45

(CD-r/DDL 73:01)

(Abstract EM, Modular Synth)

Après un déclic électrique industriel, MoonHill propose un assortiment de nappes hybrides qui coulent avec une certaine sérénité et avec une vision prismatique vers sa finale. Ce qui n'empêche pas sa faune tonale d'expurger de beaux éléments qui ne font pas fuir mes oreilles. Je considère même que c'est un beau départ pour amadouer une œuvre de Pete Farn. À chaque fois que je reçois un de ses albums, je me pose la question; est-ce que ça me tente vraiment? Est-ce que ça me tente de me taper plus de 70 minutes où la musique respire de son arthrite? Qu'elle souffre au point de faire saigner mes oreilles? Et pourquoi pas! Surtout que Peter Schaefer a lancé son propre canal Bandcamp. Il y a donc des amateurs. Il a ses fans qui en demandent encore et encore. Et à l'heure où l'art de des synthés modulaires fascine un nombre de plus en plus grandissant de curieux et d'aficionados, je crois qu'il est grand temps de reconnaitre le travail de ce pionnier qui a tant fait pour démocratiser l'art depuis MC Square en 2006.

Die Welle continue dans cette vison de musique abstraite méditative. Oui, oui! Les nappes de synthé étreignent plusieurs teintes qui recouvrent une activité assourdie par la force éolienne de ses brises. Si les effets sonores attisent toujours notre curiosité, ils n'amoindrissent pas les torsions méditatives d'une douleur tonale pressentie à fleur de peau. Tintements de cloches égarés, lentes stridulations d'insectes affamées, piano en décomposition et bien d'autres élucubrations bruiteuses de Pete Farn; Klangkeks reste toujours dans ce territoire de l'acceptable. Les sons ici mélangent nos émotions qui vont de la curiosité à une certaine frayeur, si écouté dans le contexte idéal, de par ces tonalités organiques. Depuis l'ouverture de SWEET METAL que je perçois une fantaisie du musicien Allemand pour exploiter les axes de la peur. Et bien que des titres ne collent pas toujours à cette vision, Granularkeks, qui tourne à peu près autour du même biscuit, est cimenté dans cette approche sibylline qui est exploitée majoritairement par des tonalités de géants insectes carnivores. Traumkeks présente un mouvement linéaire dont l'attache ambiante devient écorchée par des complaintes humanisées dans les lentes caresses, métal contre métal, de sécateurs mangeant la chair lentement.

Certains titres aiment opposer leurs formes distinctives par l'entremise de frottements dans une zone autant terrestre, que cosmique et même aquatique. Je pense Traumkeks qui flirte avec ces envies et à Kandinsky qui en est carrément prisonnier. Du moins jusqu'à ce que des petits pas vacillants tentent une opération de sauvetage. On peut interpréter la couleur et la douleur des sons de bien des façons. Et j'en suis un excellent témoin. Une forte dose d'anti-douleurs peut changer mes perceptions. Je peux aisément interpréter cette ode amoureuse à l'Intelligence Artificielle, LovingAI comme deux entités séparées par un champs magnétique tentant d'allonger leurs formes pour un premier baiser. Un titre froid, même avec ses ondes spectrales qui se meurent dans une superbe vision d'ondes Théramin. Impossible et impassible, Pete Farn fait actuellement parler ces deux entités abstraites. Ahurissant! Horrifique et plaintif, Der Kontakt nous plonge, l'espace de quelques moments, dans les phases tonitruantes de Peter Schaefer et de sa vision de musique cinématographique digne de David Cronenberg, genre Metal ou eXistenZ, tandis que Konkret m'a littéralement fait saigner des tympans. Noizeman n'est pas aussi bruyant que son titre ne le laisse sous-entendre, alors que Plants and Arts est un titre qui siérait très bien à de nouvelles ambiances pour un film du genre The Grudge tant ces sons de peignes que l'on fait frotter à l'ultra-ralenti les dents sur du métal est efficace. Autant que ces boules bondissantes que l'on échappent dans le American Horror Story: Murder House.

Tant de façons d'aborder les sons! C'est par la richesse de notre subconscient que l'art abstrait survie. Bien que chaque titre soit séparé et que ces titres n'ont aucun lien avec des ambiances de frayeur, SWEET METAL est un album qui comporte trop de ces clichés auditifs pour films d'horreur, que ça m'a été impossible de passer à côté. C'est un album d'ambiances qui est moins tapageur que sa marque de commerce, mais qui réussit toujours à nous rendre inconfortable. Cette fois, j'ai été agréablement surpris par ce nouvel album de Pete Farn.

Sylvain Lupari (05/02/21) *****

Disponible au SynGate Luna Bandcamp

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