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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT SCHROEDER: Dream Access (2015) (FR)

C'est incontestablement un des meilleurs albums de Robert Schroeder depuis longtemps. Et quand on pense à ce qu'il a fait, ça veut tout dire!

1 Dream Access 5:47 2 Space Port 8:36 3 Brain Drain 7:36 4 Imagination 4:08 5 Friction of Time 10:11 6 Solar Streams 8:15 7 Time Axis 6:17 8 Floating in Dreams 6:50 Spheric Music ‎| SMCD-2034

(CD 57:40) (Modern Berlin School, psybient vibes)

L'univers de Robert Schroeder est en constant ébullition et l'artiste d'Aachen n'a jamais fait et ne fait encore aucun compromis. Il avait dérouté quelque peu ses fans au milieu des années 80 en donnant plus de rythmes à sa musique. En 1994, le synthésiste et ingénieur en son s'éclipse pour une période de plus de 10 ans. Il effectuera son retour sur Spheric Music en 2005 avec l'album Brain Chips. Dix ans plus tard et 20 albums plus loin sur le label de Lambert Ringlage, il affiche la même constance; déstabiliser, surprendre et toujours séduire ses fans et l'univers de la MÉ. Et ce peu importe les visages qu'il donne à sa musique. À deux albums par année, l'ami Robert a toute la latitude pour exploiter ses diverses avenues musicales. Dans une pochette qui s'approche en toute subtilité à BackSpace, DREAM ACCESS est le Ying de ce Yang.

La pièce-titre ouvre avec une croissante onde de synthé qui déploie un arsenal sonore bourré de woosh, de grésillements et d'effets de réverbérations. On entend une voix? Possible. Tout est possible dans l'univers sonore de Robert Schroeder! Cette onde se métamorphose en douce torsade éthérée où flâne ces accords si uniques au musicien d'Aachen et qui pépient comme des oiseaux électroniques. Mais ce ne sont pas les seuls accords. Sous une enveloppe synthétisée des années 70 naît une faune d'accords aux tonalités aussi contrastantes que musicales, dont une série de pulsations basses. C'est de cette ligne assez discrète que se dessine la structure rythmique de Dream Access. Doux, il progresse comme ceux de l'époque analogue avant de se fondre dans une structure plus animée où sifflent et planent ces doux solos à la tonalité si unique au répertoire Schroeder. Et comme ce dernier aime souvent les changements de direction, cette brève période de rythme se réfugie dans une riche phase ambiosonique qui nous conduit à Space Port et ses étranges sabots électroniques qui cliquent au travers d'un épais rideau de pluie. Ces sabots se transforment en une structure de rythme pleine de trous. C'est plutôt la ligne de basse, et ses amples boucles lascives, qui nourrit la cadence alors que le synthé, et ses parfums de trompettiste de Jazz, lance des filets d'harmonies très nostalgiques qui s'accouplent à des nappes de voix à la tonalité grave et évasive. Des éclats de percussions pétaradent une structure qui peu à peu ajuste sa cadence sur une ligne de séquences et ses ions aux couleurs divisées qui montent et descendent en symbiose avec la ligne de basse et ces sabots qui claquent comme des pas perdus dans un étroit corridor cosmique. C'est une bonne structure de rythme montée avec intelligence qui émiettera ses derniers effets dans une longue finale de 3 minutes remplie de fumée ambiosonique. Brain Drain respecte cette posologie d'introduction d'ambiances qui affuble la majorité des titres du catalogue Schroeder. C'est là que Robert Schroeder est le plus créatif. Un genre d'halètement continu force une fine membrane rythmique légèrement saccadée qui hoquète sous les effets d'un dense magma de sons et de brume bourrée de particules tonales. Des arpèges et des tintements forcent un genre de fusion entre un Groove et un Chill Out ambiant qui reste enseveli sous une large lande brumeuse. C'est du Schroeder très contemporain! Tout le contraire avec le très bon Imagination et sa structure de rythme où différents éléments sautillent en symbiose avec les harmonies. L'effet de voix féminine, les larges nappes brumeuses et ces doux solos de synthé nous ramènent à l'ère Die Story der Final Legacy et Space Detective. Si vos oreilles sont à la recherche d'un esthétisme sonore aussi original qu'audacieux, elles sont à la bonne adresse avec la musique de Robert Schroeder.

Avec sa lente intro remplie d'effets réverbérants, de lames incisives, de woosh bipolaires, de nappes cosmiques et d'effets de percussions statiques Friction of Time sera le premier titre à vraiment les farcir; du pavillon au nerf auditif. C'est plus de 105 secondes à explorer les vastitudes soniques du maître des tonalités d'Aachen. Si les lentes nappes cosmiques respirent les charmes de la méditation, les claquements de sabots électroniques (on dirait un nouveau concept de séquences ici) entraîne les ruades vers un bon up-tempo piégé dans des très bons solos de synthé très harmonique. Et lorsque les ambiances deviennent des phases cosmiques, les solos planent et les séquences frétillent comme des dentiers mécaniques dans les woosh de longues nappes d'un synthé aromatisé d'encens anciens. La deuxième partie offre plus de lustre avec des voix du cosmos qui rappellent les années IC sur une structure de rythme qui est très près du rock cosmique paillettes des années 90. Solar Streams est un autre splendide titre, mon préféré, avec une structure de rythme ambiant qui boitille dans une tonne de parfums analogues et des nappes de synthé qui jette autant d'effets que de très bons solos. Nous sommes dans les années Floating Music ici. Splendide! Et Robert Schroeder continu de jouer avec les réglages du temps. De son temps avec cette brochette de titres qui revisite ses meilleurs éléments, toutes décennies confondues. Time Axis est près de la musique de danse, mais reste ancré à cette recette des années 90 où Schroeder tergiversait sur son orientation. Le rythme est soutenu et appuyé sur de sobres percussions alors que les séquences l'attaque de tout côté, créant un micmac rythmique qui restera toujours sur le bord de l'ébullition alors que les synthés multiplient effets et harmonies dans une vision qui repousse toujours les limites de la création des sons. Floating in Dreams termine cette 34ième aventure sonique de Robert Schroeder avec une structure semi douce. Un down-tempo qui monte et descend au gré du roulements des percussions et des séquences, forgeant une lascive danse sous les étoiles où voix cosmiques et nappes séraphiques cajolent une très belle mélodie ambiante.

DREAM ACCESS est sans contredit un des meilleurs albums que Robert Schroeder a fait depuis longtemps. L'album n'a aucune faille et transporte ses 8 titres ainsi que ses 58 minutes dans un univers sonore toujours en quête de renouvellement. Tous les ingrédients de la MÉ du genre Berlin School (les woosh, les lentes et oisives nappes planantes, les effets réverbérants et cosmiques de même que les solos et les harmonies des synthés, les brumes astrales, les séquences, etc...) revêtent des couleurs différentes qui s'agencent à merveille avec l'exploration constante des machines à sons que Robert Schroeder aime réinventer. Si les hymnes à la danse sont toujours présents, ils sont délicieusement tempérés par un clavier toujours aussi harmonieux, des percussions qui restent toujours aussi collées à des structures ambivalentes et un brillant jeu des séquences qui est absolument essentiel à entendre. Du très grand Robert Schroeder!

Sylvain Lupari (20/07/16) ****¾*

Disponible chez Spheric Music et chez CDBaby

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