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Writer's pictureSylvain Lupari

RON BOOTS: See Beyond Times And Look Beyond Words (2008) (FR)

C'est le genre d'album où la diversité fait son charme tout en affichant les immenses possibilités de la MÉ

1 Hour of the Wolf 15:52

2 A Walk In The Rain 13:31

3 Boellistian 12:08

4 Storms Over IO 12:25

5 Harbours 2:27

6 Radar 8:24

7 We Are Off 5:44

(CD/DDL 70:56)

(Berlin & Netherlands Schools)

Des boucles minimalismes obscures tanguent dans les corridors brumeux d'une hypnose onirique. Inondées de vagues cosmiques, ces cercles deviennent plus aérés divaguant sous une simple pulsation qui erre parmi d'onctueuses couches de synthé empruntant le parfum d'une douce brise vocale. Quittant ces ambiances très Klaus Schulze, Hour of the Wolf s'éveille avec un rythme furieux bien installé sur son maillage de percussions vives et de séquences houleuses. Les solos qui y courent et dansent appartiennent aux doigts de Gert Emmens dont les tonalités ne sont plus à expliquer, juste à apprécier. La 12ième minute voit apparaitre une ligne de séquences plus scintillantes, divisant les charmes de Hour of the Wolf entre l'adresse aux séquenceurs, ainsi qu’au synthé de Ron Boots et la grande adresse de Emmens sur les solos de synthé. Un gros titre qui voit son rythme diminuer progressivement et qui est un fabuleux préambule d'un artiste qui exploite une MÉ aussi harmonieuse que progressive, par moments audacieuses.

Amateur de science-fiction et prolifique compositeur, Ron Boots est aussi fondateur de l'étiquette Groove. À ce titre il s'implique à fond dans les productions de son label en y produisant la majorité des albums, avec la même ardeur et la même passion que ses œuvres originales. SEE BEYOND TIMES & LOOK BEYOND WORLD est un album de qualité avec énormément de recherche musicale, comme on en découvre plusieurs albums du genre chez Groove, que des artistes du label Néerlandais, et amis du Boss, sont venus étaler leur savoir en participant à la composition d'une MÉ vivante et dynamique qui explore autant le Berlin School rétro que la nouvelle phase. Parmi les artistes invités, nous retrouvons les noms de Harold Van Der Heijden et Henri Peeters qui ont participé à l'éclosion de A Walk in the Rain. Après une introduction très électronique, le rythme épouse une démarche spasmodique créant une structure hésitante qui se laisse emporter dans une longue phase débridée, à cause des percussions de HVD Heijden qui battent une mesure de plus en plus rapide. En fait, l'escalade rythmique est plutôt un défi pour Boots et Peeters afin qu'ils déploient solos de synthé et de guitare, furieuse ici, tout en obligeant Ron Boots à jouer du séquenceur afin de challenger aussi les bras de pieuvre de Van Der Heijden. Un gros titre pour ceux qui aiment un rock électronique décapant! Avec son intro spatiale aux bourdonnements lourds et les effets de tape-delay, Boellistian, qui appartient à Ron et Paul Ellis, est dans la belle tradition d’un Berlin School à la sauce Ashra. La structure est minimaliste et très nerveuse, pour ne pas dire saccadée, et sert de base à d'innombrables solos de synthé et de guitare, alors que l'impression d'entendre Harold Van Der Heijden à la batterie est plus que probable, mais pas mentionnée. Paul Ellis est très bon à la guitare. Ses solos sont vertigineux alors que ses effets de talk-box nous ramène au cœur des années 80 avec Talking Head en tête.

Storms over Io passe du calme galactique à la frénésie électronique par une intro teintée d'une grisaille cosmique à la Klaus Schulze. Une ligne de basse nerveuse active le rythme qui s'égare sous une chorale chtonienne du mellotron entouré de cymbales voltigeant d'une énergie électrique. Le rythme roule et oscille en cascade, multipliant sa vitesse avec des percussions agressives et un clavier audacieux qui propulse d'innombrables solos aux arcs sonores à la fois complexes et musicales. Un sourd vrombissement industriel entoure les ambiances cosmiques, et océaniques, de Harbours qui est une courte introduction au très progressif Radar. Titre décousu dans un space rock progressif, son piano y court dans une vision déphasée par rapport au rythme. Idem pour la guitare! Les solos de synthé sont langoureusement lents sur une structure qui me fait penser aux meilleurs moments de K-Prism, ce disque audacieux fait par Richard Pinhas et Georges Grumblatt. Je vous le dis, c'est le genre de titre qui charmera pour des semaines! Ron Boots est accompagné par Frank Van Bogaert, Harold Van Der Heijden et Henri Peeters sur ce titre totalement déjanté. We are Off conclut avec une approche plus légère. Du beau synth pop aux arrangements futuristes et à la mélodie accrocheuse par un clavier séquencé en accord legato et de bons solos de guitares, ou de ce qui lui ressemble.

BEYOND TIMES & LOOK BEYOND WORLD est ce genre d'album où la diversité, on pourrait même dire son manque d'homogénéité, fait son charme tout en étalant les immenses possibilités de la musique assistée par ordinateurs. Une appellation de snobs pour décrire la MÉ. Un très bel album de Ron Boots qui transcende le genre dans un cadre créatif sans frontières.

Sylvain Lupari (18/10/08) ****½*

Disponible chez Groove NL

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