top of page
  • Writer's pictureSylvain Lupari

RON BOOTS: When it gets dark (2021) (FR)

C'est l'enregistrement du très bon concert de Ron au Byss Studio à la fin 2020

1 7:08 (28:51)

2 36:55 (22:43)

3 59:59 (28:00)

(CD/DDL 79:34)

(Berlin School, Dark Ambient)

La période de confinement a obliger le milieu artistique à réinventer les règles pour sa survie. Ça pris une certaine période de temps pour finalement voir l'apparition de spectacles sur des plateformes internet. Au niveau de la MÉ de style Berlin School, la palme revient à Bas Broekhuis et son studio Byss StudioREMY et Däcker, la vidéo est toujours disponible, Skoulaman et Ron Boots, entre autres, ont donné des performance intimistes tout à fait gratuitement qui ont été retransmises sur Facebook. La performance de Ron Boots a eue lieu le 28 Novembre 2020. Encouragé par ses fans et son entourage, le boss de Groove s'est penché sur la possibilité d'en faire un album. Pas entièrement satisfait du résultat, notre ami Ron s'est mis à ajouter des accords et des effets lorsque requit. À sa façon, il a Tangeniser les endroits nécessaires. En contrepartie, cette activité se déroulait lorsqu'il était seul et dans les pénombres de son studio, d'où le titre WHEN IT GETS DARK et les ambiances entourant la progression rythmique de sa très bonne prestation à la fin Novembre 2020.

Une ligne réverbérante se transforme en un épais nuage de radioactivités sonores qui balaie les horizons avec une approche aussi prismatique que le titre de ce dernier album de Ron Boots. La masse radioactive se déplaçant lentement, nos oreilles sont les témoins de ces stries irisées qui en percent la carapace. Une voix dans un vocodeur marmonne des phrases dont l'incompréhension est encore plus brouillée par une avalanche de pads et de nappes de synthé ainsi que de légers airs flûtés qui perçoivent cette possibilité d'assainir les ambiances. C'est plutôt une structure de rythme ambiant qui en émerge autour des 6 minutes. Hésitant, ce rythme reste bien en retrait accueillant une ribambelle d'arpèges aux coloris différents et nuancés dont la chorégraphie plastifiée stigmatise en une danse sphéroïdale suspendue. Les ambiances sont toujours aussi obscures avec un arsenal de jets gazeux et de bruine en poudre alors que le synthé émet une suite de gémissements pour définir 7:08 dans son rôle de musique d'ambiances chtoniennes contemporaines. Tassées en une masse stationnaire, ces oscillations forment le berceau d'un rythme roulant constamment sur ses élans et ses va-et-vient, créant l'illusion d'un passage imaginaire. Roi de son domaine en suspension, Ron Boots fait éclore ses solos qui survolent ce rythme figé dans une ambiance méphistophélique. Ces solos hurlent tout en dessinant des arabesques lumineux au-dessus d'une structure qui peu à peu voit ses richesses disparaitre dans une longue finale agonisante. Les oscillations deviennent des pétillements statiques et les solos invitent les artisons musicaux à la retraite. Il y a de la vie dans cette finale qui dérive vers les sombres ambiances de 36:55. En fait, depuis l'ouverture de WHEN IT GETS DARK, les ambiances restent au diapason de son titre, comme celui de la pochette assez révélatrice de l'état d'esprit de Ron Boots lors de la tangénisation de son album.

Trois minute plus tard, le rythme dissipe les éléments obscures de l'ouverture en proposant une démarche à la Pyramid Peak dans un décor qui nous rappelle le Tangerine Dream des années Franke-Froese-Schmoelling. Minimaliste et magnétisant, cette ossature rythmique est aussi légèrement entraînante que mélodieuse. Des arpèges éclatant y dansent alors que des accords plus austères jettent cette ombre neurasthénique qui respire dans tous les recoins de WHEN IT GETS DARK. Nous sommes aux frontières de la 8ième minute lorsque le rythme s'enrichit avec la présence de percussions et de basses pulsations qui dansent avec cette séquence de rythme paisible et morphique. 36:55 devient plus lourd et plus menaçant. Un très beau rythme électronique envahissant pour nos neurones avec de superbes nuances dans son essor, suscitant admiration et curiosité pour la suite des choses. Nous sommes dans les terres du vrai Berlin School, de Klaus Schulze contemporain avec ces séquences tournoyantes qui tracent une ligne subtillement ascendant où Ron dépose de beaux solos. Si les solos s'estompent, leurs lointaines lueurs sonores tissent des ambiances riches sous ce rythme marchant plus vivement, comme un conquérant près de son but. D'autres solos s'échappent pour concurrencer ces accords graves et leurs venins d'intimidation. En contrepartie, leurs airs s'embaument de cette vision funeste qui peu à peu s'empare de la finale chtonienne avec ses bruits murmurant, ses lignes de trompettes à la Tangerine Dream des années 70, ses rotations de lignes de synthé comme l'œil d'un phare la nuit sur un village déserté, ses effets de brume et ses voix de vocodeur. Ces ambiances nous amène à 59:59 qui a besoin d'un bon 6 minutes d'oisiveté ambiante avec des nappes et des pads de brumes ondoyant comme des corps célestes à la dérive. Si l'image est astrale, c'est tout le contraire pour ces ambiances qui sont tout de même plus translucides, contrairement à 7:08 dont les principaux éléments sont à la source de 59:59 qui, après plus de 6 minutes de vapeurs d'éther et de voix à la Neuronium, laisse partir une timide structure de rythme basée sur des boucles oscillantes. L'éclat de ces boucles, la structure furtive de la basse-séquence et les éléments percussifs sont la base d'un rythme dont les essences proviennent de 7:08. Les tssitt-tssitt des cymbales ajoutent une certaine fluidité aux spasmes rotatoires des oscillations, dressant plus fermement cette route minimaliste où les solos ont une teinte plus obscure, mais demeure exquis de par leur présence musicale. Maitre de sa technique, Ron Boots nous épate ici avec cette solide structure de rythme minimaliste qui commence à perdre ses pions quelques 4 minutes avant la finale. Et encore là, la ligne de basse reste présente pour nous faire groover les pieds suspendus dans le vide.

Je m'étais ennuyé de Ron Boots! Si on fait le calcul, plus de 2 ans nous sépare de Once the Dust Settles, un autre album imaginé dans les abysses. Un excellent Ron Boots, avec quelques défauts techniques que l’on pardonne, tant l'enveloppe de WHEN IT GETS DARK frise le génie!

Sylvain Lupari (23/01/21) *****

129 views0 comments

Recent Posts

See All
bottom of page