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Writer's pictureSylvain Lupari

S1GNS OF L1FE: The Age of Cymatics (2021) (FR)

Updated: Mar 25, 2021

Une nouvelle MÉ qui modifie progressivement l’axe du genre Electronica en l’unissant aux rythmes du style Berlin School

1 The Age of Cymatics 7:22

2 Dimensional Shift 7:34

3 Astral Alignment 8:46

4 Genetic Memory 7:50

5 Particle Complex 7:48

6 Synesthetic State 7:36

7 The Cosmic Ocean 7:50

8 Collective Awakening 8:20

(DDL 63:06)

(Électronica, Berlin School)

J'attendais ce prochain album de S1gns Of L1fe après avoir chroniqué l'excellent Celestial du duo Starterra. Chris Bryant m'ayant envoyé un courriel à cet effet. Et ainsi était fait ce Celestial et ainsi est fait THE AGE OF CYMATICS! Nous sommes dans un univers où le psybient est à peine perceptible devant ces séries de rythmes séquencés qui flirtent entre les différentes odeurs de l'Électronica. En fait, on met les dernières œuvres de Martin Stützer et le dernier Stefan Erbe côte-à côte et nous avons cette dernière œuvre de Chris Bryant dans une vision moins sombre. Selon moi, jamais le Berlin School n'aura été autant si près, le catalyseur même, de cet univers de danses morphiques, où le travail des séquences et des effets percussifs, sans oublier ces nappes de synthés chloroformées par des êtres célestes, que sur ce dernier album de S1gns Of L1fe.

Après une ouverture atmosphérique, The Age of Cymatics se démène avec un vif mouvement zigzagant du séquenceur. Des percussions et une ligne de basse-pulsations stabilisent le rythme dans une vision dub électronica alors que les lignes de rythmes, gavées de séquences palpitantes, s'entrecroisent, vont et viennent jusqu'à l’embouchure d'une phase ambiante autour de la 3ième minute. On sent l'épaisseur de la brume euthanasiante par les tintements étouffés d'arpèges isolés et par cette sourde basse-pulsation qui recrinque le rythme et ses filaments stroboscopiques sous l'emprise d'une ligne de basse rampante. Arqué sur de sobres percussions et dynamisé par des lignes de rythmes circulaires, Dimensional Shift est un titre plus statique. Un genre de dub cosmique avec des mouvements circulaires et minimalistes du séquenceur sur un lit d'effets percussifs assez jouissif. Les phases d'ambiances sont saisies par de bons effets drones qui bourdonnent sur des séquences spastiques sautant ardemment sur place. La ligne de basse est encore plus asservissante que les bruits percussifs en coulant dans nos oreilles avec des étreintes lascives. La seconde partie du titre est nettement mieux nourrie, notamment avec un très bel effet fronde (sling shot) du séquenceur. Astral Alignment est un très beau titre évolutif qui fleurit dans une dense faune tonale constituée de wiishh granuleux et sifflants, d'arpèges suspendus, de séquences évanescentes, d'une très belle nappe de synthé très émouvante et une ombre de basse rampante. Il y a des moments qui donnent des frissons dans ces 120 premières secondes. Ces éléments s'accrochent à des percussions d'un genre dub ambiant pour un beau down-tempo où les nappes de synthé ont ce délicieux parfums d'harmonica. Les frissons courent sur mes bras! La 4ième minute appelle un autre changement de direction alors que Astral Alignment se fait harponner par un séquenceur et ses ions sautillants tout en zigzagant comme des éléments stroboscopiques dont la mission est de nous rendre encore plus asservi à l'évolution de cet excellent titre. Les introductions ont beau se ressembler autant que les structures primaires de rythmes, chaque titre dans THE AGE OF CYMATICS éclate de son propre esthétisme musical. Genetic Memory propose une ossature rythmique agitée de percussions aux frappes sèches et roulantes. Un tapis magnétique pour entendre les serpentins du synthé dérouler leurs fantaisies au-dessus des arpèges qui y dansent et scintillent avec des éléments du séquenceur qui étirent au maximum l'illusion rythmique de Genetic Memory qui devient aussi plus énergique après sa phase d'ambiances futuriste.

Il y a des ouvertures plus réussies que d'autres. Celle de Particle Complex est aussi poignante que Astral Alignment. Le rythme qui est sort est le plus violent de l'album. La danse du séquenceur s'exécute après 140 secondes de méditation astrale. Son mouvement est spasmodique et fait pour la danse de dislocation des principaux joints osseux d'un corps mou comme un pantin désarticulé. Ce mouvement convulsif reçoit l'appui d'un armada de percussions dont le débit surréaliste est aussi séduisant que sa faune percussive. C'est aussi exigeant pour les pieds, qui sont appelés à exécuter un break-dancing chorégraphique hors-normes, que les oreilles qui reçoivent les pétarades des mitrailles de percussions de bois sans répit. Disons que la petite pause atmosphérique est nécessaire ici. Malgré son enveloppe industrielle bruiteuse, Synesthetic State propose un bon rythme Électronica enveloppé par des nappes de synthé nimbées de voix astrales pourvoyeuses de frissons. Ces nappes sont légions dans THE AGE OF CYMATICS et sont les réponses essentielles à cette collection de rythmes assortis qui flirtent avec la frénésie collective qui se pointe ici et là dans l'album. Hormis ces nappes, le synthé tisse des serpentins musicaux qui ondulent avec leurs assortiments de couleurs. Ils chantent du Soul futuriste sur un champ de bataille que l'on peut même comparer à un Particle Complex décimé. Tant les spectres sonores tentent de se reformer. Les séquences prennent action assez tôt dans l'ouverture de The Cosmic Ocean. Leurs séries de sauts circulaires, légèrement inclinés en format stroboscopique, compétitionnent avec les ondes de synthé ardentes dans un univers où les cigales bourdonnent de leurs chants cuivrés. Délicieusement spasmodique, le rythme est poussé par une série de basse-pulsations qui lui donnent une forme de Techno lunaire. Les synthés pépient, les percussions ont leurs tonalités d'arbalètes et les lames de synthé sont enveloppantes! Tout ce cocktail nous amène à la phase ambiante qui devient un feu d'artifices pour lignes de synthés, dessinant des arches et des boucles dans un univers en suspension qui semble appartenir à une colonie de cigales géantes. Le deuxième partie est aussi délicieuse que la première et c'est la même chose dans les 8 titres de cet album qui se termine par Collective Awakening. Un titre aussi solide que les 7 autres et qui vit de leurs esthétismes, tant musicaux que sonores.

Il se fait une connexion naturelle entre les séquences, les percussions et les effets percussifs sur THE AGE OF CYMATICS, qui est un solide album d'une MÉ. Une nouvelle MÉ qui modifie graduellement l'axe du genre Électronica en unissant les rythmes des séquenceurs au style de la Berlin School. Les rythmes, quoique très ingénieux par moments, ne sont pas la seule force de cet album. Le synthé et les nappes très Berlin School interviennent dans chaque milieu de chaque titre, liant encore un peu plus l'univers de Synphaera à celui du Berlin School. Un très gros album mes amis…

Sylvain Lupari (12/02/21) ****½*

Disponible chez Synphaera Bandcamp

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