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  • Writer's pictureSylvain Lupari

SCANNER: An Ascent (2020) (FR)

An Ascentvit par une vision de musique industrielle cherchant sa survie dans une usine désaffectée ou tout est possible

1 The Ascent 6:57

2 The Fall of Gray 5:55

3 Daylit Daylight 6:05

4 Stranice 4:22

5 If I Lose my way I will Shut my Eyes and turn my Head 4:44

6 Earwicker 5:00

7 Auftakt 4:18

8 Your Eyes are the Eyes of the People 2:44

9 Counterpointe 9:37

DiN63 (CD/DDL 49:37)

(Experiment Modular Synth Music)

Je dois admettre que celui-ci a mijoté longtemps dans mes écouteurs avant de pondre cette chronique. Ian Boddy s'implique de plus en plus dans des grandes productions musicales axées sur la modernisation de la MÉ en parallèle avec l'explosion de ces artistes qui tricotent de la MÉ à partir de synthés modulaires. La dernière acquisition du label Anglais est Scanner. Robin Rimbaud est l'architecte de Scanner et le musicien Anglais a plus de 70 albums et cassettes derrière la cravate tout en ayant travaillé avec des artistes phares tel que Annie Hogan, Bryan Ferry, Michael Nyman et Laurie Anderson. Il a aussi touché à bien des domaines connexes à la musique comme l'art sonique (la haute-fidélité), le travail de studio et sessions d'enregistrements, en plus d'avoir composé des partitions de danse. Toujours très créatif, il a répondu présent lorsque la Covid-19 a confiné près de la moitié de la planète et cancellé des centaines de spectacles avec la conception d'évènements en direct sur différentes plateformes, dont un imposant spectacle improvisé de près de 45 minutes le 21 Mars dernier; Live from The Factory. Le boss de DiN, Ian Boddy était rivé à YouTube lors de cet évènement. Il a contacté Robin Rimbaud pour l'inviter à faire un album sur son label. Ce dernier a composé près de 90 minutes de MÉ axée sur son spectacle. C'est à partir de ces minutes que Robin Rimbaud et Ian Boddy ont fait un travail de studio afin de produire un album d'une cinquantaine de minutes d'une MÉ qui nous sort de nos oreilles. Il en résulte un album qui demande quelques écoutes…et encore. AN ASCENT vit par une vision de musique industrielle cherchant sa survie dans une usine désaffectée ou tout se peut avec l'art et les immenses possibilités des synthé modulaires.

The Ascent débute avec un effet de contrebasse qui étire ses accords dans des vagues de sons où des voix se disputaient dans le décor. Le mouvement est lent, comme un jazzman rêveur caressant et pinçant ses cordes sous une pluie qui crépite sur ces vagues ourlant l'écume morose d'une mer à l'eau métallisée. Et lorsqu'on entend cette contrebasse, qui n'en est pas une, on comprend tout l'étendue de la dextérité de Scanner. The Fall of Gray prépare l'invasion rythmique de l'album avec ces même cordes de contrebasse qui structurent un rythme sautillant comme le tic-tac d’'une pendule mécanique. Les bruit-blancs et les érosions de statique recouvrent cette fascinante chorégraphie de saute-mouton à trois pattes dans un décor de psybeat où les vagues de The Ascent sont devenues des masses linéaires solides. J'ai assez d’imagination lorsque vient le temps de décrire une structure! Je cherche encore mes mots pour celle de Daylit Daylight qui propose un rythme industriel tapageur dont la vitesse est amplifiée par de sobres percussions entraînantes. Le mouvement est linéaire et sonne un peu comme ces portes de sécurité dans les centres-d'achats qui s'ouvriraient en continue dans un enregistrement avec une vitesse accentuée. Un autre actif rythmique est cette impression de métal qui chevrote, donnant une impression de saccade dans un univers où le métal en feuille sert de percussions. Hormis ces percussions qui sont dans le ton, la faune sonore qui entoure le vif débit des froissements mécaniques saccadés regorge de bons effets percussifs et de crépitements statiques d'une dose de radiation ectoplasmique dans cette usine délabrée et habitée par ceux qui y sont morts. C'est un titre assez impressionnant qui demande un ajustement de volume, car très bruyant. Stranice nous amène vers une phase ambiante plus ésotérique avec une belle mélodie fantomatique, sise sur 2 accords et leurs ombres qui errent sur les sourds martèlements des percussions. Des souffles et des meuglements industriels ornent cette lente procession qui se perd dans l'insistance d'un parolier revendicateur.

If I Lose my way I will Shut my Eyes and turn my Head est son frère, mais avec une vision plus musicale. Ce petit intermède ambiant est un présage à une autre structure de rythme alambiquée. Avec d'incessant battements saccadés en arrière-plan, Earwicker propose une texture mélodique chantant comme un chanteur cyborg dont la voix est remplacée par des bips. Certains sont mélodieux et d'autres les sont moins. Mais ce n'est pas le principal attrait de ce titre. Les percussions et les effets percussifs étonnent et déroutent en créant l'illusion d'un rythme quasiment tribal Africain se déhanchant vivement sur un plancher de danse des années 2,222. Un très bon titre qui est suivi d'une structure de rythme aussi invraisemblable que celle de Daylit Daylight. Sauf qu'avec Auftakt, nous sommes en mesure de saisir le flux rythmique des palpitations névrosées qui se succèdent dans un décor bien moins tapageur. Your Eyes are the Eyes of the People est un autre long titre écrit pour expliquer une courte ambiance atmosphérique, plus musicale ici, qui sera suivi d'un autre titre ambiant avec Counterpointe qui étire ses 9 minutes par une intensité émotive rarement sentie dans l'univers de la MÉ sculptée dans l'art du modulaire.

J'ai du écouter THE ASCENT plus d'une demi-douzaine de fois avant d'écrire cette chronique. Si au début l'univers de Scanner me fusillait les tympans de salves radioactives, ces même tympans entendaient toujours un truc qui demandait un approfondissement du sujet. Le visionnement de Live from The Factory aidant, que je trouve plus musicale que la musique de THE ASCENT, je me suis habitué aux phases de tintamarres qui projetaient par moment une vision de musique abstraite. À l'écriture de cette chronique, mes yeux plissaient toujours, un peu moins cependant, en écoutant Daylit Daylight. Le reste de l'album? C'est de la pure magie!

Sylvain Lupari (08/07/20) ****¼*

Disponible au DiN Bandcamp

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